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4 janvier 2007

Poème du jour : 4 janvier 2008 - Le petit bois - Jules Supervielle


livre_lac_endormi_Supervielle
Voici le poème de Jules Supervielle (1884-1960) que Daniel Prévost a offert ce matin du 4 janvier 2008 (oui, 2008, ce message est déclassé en 2007 pour le rangement) aux auditeurs de l'émission "Le fou du roi", sur France-Inter.
Pour l'écouter, téléchargez (podcast) ICI l'émission sur le site de Radio France (c'est possible pendant 7 jours).

On retrouvera ce texte dans la recueil "1939-1945", paru en 1945 dans la collection Blanche de Gallimard, et en 1996 dans les "Oeuvres Poétiques complètes (La Pléiade). Plus simplement dans  "Le lac endormi et autres poèmes" de  Jules Supervielle,  illustré par Charlotte Labaronne (Gallimard jeunesse / Enfance en poésie). 6,30 € en librairie

Le petit bois

J’étais un petit bois de France
Avec douze rouges furets,

Mais je n’ai jamais eu de chance
Ah ! que m’est-il donc arrivé ?

Je crains fort de n’être plus rien
Qu’un souvenir, une peinture
Ou le restant d’une aventure,
Un parfum, je ne sais pas bien.

Ne suis-je plus qu’en la mémoire
De quelque folle ou bien d’enfants,
Ils vous diraient mieux mon histoire
Que je ne fais en ce moment.

Mais où sont-ils donc sur la terre
Pour que vous les interrogiez,
Eux qui savent que je dis vrai
Et jamais je ne désespère.

Mon Dieu comme c’est difficile
D’être un petit bois disparu
Quand on avait tant de racines. (1)
Comment faire pour n’être plus ?

Jules Supervielle ("1939-1945" - Collection Blanche, éditions Gallimard, 1945)  (1) En l'absence de ponctuation à la fin de ce vers, un point  a été ajouté par le blog. C'est évidemment discutable !


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14 février 2008

Poème du jour : 27 février 2008 - Messaour Boulanouar : Préface

arbre_de_f_vrier< Vexin - février 2007 (photo lieucommun)
Messaour Boulanouar est un poète algérien de langue française né en 1933. On le retrouvera sur ce blog avec d'autres poètes algériens dans la catégorie mise à jour PRINT POÈTES 2008 : L'AUTRE (Monde).

et c'est, pour le mois de février, ce poème qui fermera l'hiver, puisqu'il "donne la lumière" :

" J'écris pour tous ceux qui ont pu sauver
de l'ombre et du commun naufrage
un coin secret pour leur étoile " ...

Préface (extrait)

J'écris pour que la vie soit respectée par tous
je donne ma lumière à ceux que l'ombre étouffe
ceux qui vaincront la honte et la vermine
j'écris pour l'homme en peine l'homme aveugle
l'homme fermé par la tristesse
l'homme fermé à la splendeur du jour
J'écris pour vous ouvrir à la douceur de vivre
J'écris pour tous ceux qui ont pu sauver
de l'ombre et du commun naufrage
un coin secret pour leur étoile ...
J'écris pour apaiser mon sang
mon sang violent et dur et lourd de siècles tristes
J'écris pour partager ma joie
avec ceux qui m'écoutent
J'écris pour être heureux pour être libre ...
J'écris pour qu'on respecte
l'arbre qui monte
le blé qui pousse
l'herbe au désert
l'espoir des hommes ...

Messaour Boulanouar ("La Meilleure force" - Éditions du Scorpion, 1963)


4 mars 2007

Poésies et chansons de printemps ........................

arbre_printemps_champ_Droc
Premier sourire du printemps dans le Vexin en fin d'après-midi. Photo Lieucommun.

Voici le printemps, pour les poètes, c'est-à-dire pour tout le monde.
On peut déjà commencer avec un Premier sourire, de Théophile Gautier :

... " Mars qui rit malgré les averses
Prépare en secret le printemps " ...

---------------  SOMMAIRE PRINTEMPS (cliquer sur le n° de page) -----------------
les textes figurent sous le SOMMAIRE,  en plusieurs pages

page 1 (vous y êtes, déroulez la page)

  • Marc Alyn : Un printemps tout neuf
  • Auguste Angellier : Le printemps
  • Albert Arzenwiler : Petit printemps
  • Jean-Antoine de Baïf : Du printemps
  • Théodore de Banville : Le Printemps
  • Rémy Belleau : Avril
  • Paul Bergèse : À l’aube du printemps
  • Luc Bérimont : La nuit d'aube

page 2 (cliquer pour accès direct)

  • Aloysius Bertrand : Encore un printemps
  • Jacques Brenner : Chanson
  • Jean-Claude Brinette : La noce des oiseaux
  • René-Guy Cadou : Avant-printemps
  • Robert Calmels : Avril - Le papillon
  • Francis Carco : Printemps
  • Maurice Carême : Mars - Avril - Le printemps reviendra - À la rencontre du printemps - Le muguet
  • Anne-Marie Chapouton : Printemps
  • François-René de Chateaubriand : Nuit de printemps
  • Anne-Marie Chapouton : Printemps
  • André Chénier : Épigramme

page 3 (cliquer)

  • Charles Cros : Les quatre saisons, le printemps
  • Lucie Delarue-Mardrus : Joie du printemps
  • Philippe Desportes : Le printemps gracieux
  • Mohammed Dib : Printemps
  • Paul Éluard : Printemps
  • Maurice Fombeure : C'est le joli printemps
  • Théophile Gautier : Premier sourire du printemps - Au printemps
  • Paul Géraldy : Bonjour
  • Émile Goudeau : Pour hâter le retour du Printemps
  • Victor Hugo : Printemps - Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame - Spectacle rassurant - L'hirondelle au printemps 

page 4 (cliquer)

  • Alphonse de Lamartine : Le moulin au printemps
  • Philéas Lebesgue : Pâquerette
  • Pierre Menanteau : Renouveau
  • Gérard de Nerval : Avril
  • Charles d'Orléans : Le Printemps - Montrez bien, Printemps gracieux - Ballade du premier jour de mai
  • Henri Pourrat : Au royaume du vert
  • Jacques Prévert : Grand bal du printemps
  • Pierre Reverdy  : Sur un petit air
  • Raymond Richard  : Printemps -  Giboulées
  • Pierre de Ronsard  : Le printemps

page 5 (cliquer)

  • Jean-Antoine Roucher : Mars
  • Claude Roy : Le Printemps
  • Albert Samain : La dame de printemps
  • Georges Schehadé : Le jardin se chausse de persil
  • René-François Sully Prudhomme : Printemps oublié
  • Émile Verhaeren : Charmant printemps - Le printemps jeune et bénévole
  • Paul Verlaine : Green - Impression de printemps

chansons

  • Jacques Brel : Au printemps
  • Jean Ferrat  : Au printemps de quoi rêvais-tu ?
  • Léo Ferré : C'est l'printemps

page 6 (cliquer)

  • IAM : Revoir un printemps
  • Félix Leclerc : L'hymne au printemps

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13 février 2008

Poème du jour : 13 février 2008 - Syracuse (Bernard Dimey)

Dimey_silhouetteRevoici donc  Bernard Dimey (biographie et textes dans la catégorie à gauche sur ce blog). On en parle aujourd'hui à la radio, malgré la grève, et son nom apparaîtra (peut-être) demain dans les journaux.
Si on mentionne ici ou là Bernard Dimey  c'est indirectement, bien entendu, avec la disparition d'Henri Salvador, interprète de Syracuse. Henri Salvador à qui on attribue parfois la paternité des paroles de la chanson, lui qui a seulement, mais joliment mis ce texte en musique, en 1962.

Syracuse ouvre le recueil "Le milieu de la nuit" (éditions Christian Pirot, 1991), 15 €.
Qu'est-ce que vous attendez pour rencontrer Bernard Dimey ,
avant qu'il ne reparte dans les archives ?

Syracuse

J'aimerais tant voir Syracuse
L'île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s'amusent
À glisser l'aile sous le vent.

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du Grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji-Yama.

Voir le pays du matin calme,
Aller pêcher le cormoran
Et m'enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent ...

Avant que ma jeunesse s'use
Et que mes printemps soient partis
J'aimerais tant voir Syracuse
Pour m'en souvenir à Paris.

Bernard Dimey ("Le milieu de la nuit" - Éditions Christian Pirot, 1991)

La ponctuation du recueil, utilisée ici, est différente de celle qu'on peut trouver pour le texte de la chanson
texte rangé également dans la catégorie BERNARD DIMEY - poète, et pourquoi pas ?



1 mai 2007

"L'autre" - Pierre Albert-Birot

Pierre Albert-Birot (1876-1967), est un écrivain, metteur en scène et dramaturge de théâtre, et poète. Sculpteur aussi avec "La veuve", oeuvre monumentale commandée par l'état.
livre_GrabinoulorIl a côtoyé, dans la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs et Formes) dont il est le fondateur, Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, Max Jacob, Pierre Reverdy, Philippe Soupault, Tristan Tzara ... Proche des surréalistes, sans vraiment appartenir à ce mouvement, il joue avec les mots, les sons et les graphies.
Il écrit le premier livre Grabinoulor, son œuvre majeure, en 1921, et en poursuivra  la construction jusqu'à sa disparition en 1967. Les Six Livres de Grabinoulor, paru aux éditions jean-michel place en 1991, constituent une épopée inclassable : Grabinoulor, héros imaginatif et utopiste, traverse époques, espaces et situations sans jamais vieillir. Ce roman-poésie fleuve d'un millier de pages (ci-dessous un passage) est écrit sans aucune ponctuation, car, dit l'auteur :
"Un bon coeur bat de la naissance à la mort, un coeur qui a des points est un coeur malade".

Admiration

J'ai été devant les maisons de la ville
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant les roues et les machines
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les monts immobiles
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant les mers bleues les mers vertes
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant les arbres des forêts
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les grosses bêtes
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les petites bêtes
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les femmes
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les hommes
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant l'ombre

Et j'ai dit C'est admirable
Et devant la lumière
Et j'ai dit C'est admirable

Parce que j'ai regardé

Pierre Albert-Birot ("Grabinoulor - réédité aux éditions jean-michel place, 2007) - absence de ponctuation respectée


Grabinoulor est actuellement joué en spectacle théâtral ou proposé en lecture publique. On trouve un poème "à crier et à danser", du même auteur, qui clôt le spectacle, présenté ici : http://theatre.cinemaniacs.be

Poème à crier et à danser

êêêê    èèè     éé
a   ouou        a   ouou        êê
(1) Bing - - - - - - - - - bing - - - - - - - -
(1) brrrrrrr  - - - - brrrrrrrr         tzinnn
(1) ô - - - - ô - - - - ôôô
a  iii     a  iii     a  iii        i   i   i
âo     âo     âo     âo     âo     âo      tzinnn
âo     âo     âo     âo     âo     âo      tzinnn
rrrrrrrrr          rrrrrrrrr
rrrrrrrr
(2) ououououououououououou
(3) uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
i

notes de l'auteur : (1) prolonger le son - (2) mettre la main en soupape sur la bouche - (3) mettre la main en porte-voix
Pierre Albert-Birot ("Poème à crier et à danser" - chant 3 - ces poèmes sont parus en 1917 dans la revue SIC).


Pour revenir à "l'éloge de l'autre", et parce que Pierre Albert-Birot ne se réduit pas à Grabinoulor, voici un autre texte :

Soyez bons

Soyez bons pour les passéistes
Ils sont si doux ces innocents
Quand ils nous traitent de fumistes
Avec des airs si bien pensants

S’ils sont parfois d’humeur béchante*
Soyez bons et indulgents
Elle est plus bête que méchante
La bêche de ces pauvres gens
Ils sont déjà bien trop à plaindre
D’avoir pareille infirmité
Qu’ils n’aient au moins plus rien à craindre
De notre supériorité
Soyez bons pour les passéistes
Donnez un sourire en passant
Quand ils vous traitent de fumistes
Ils sont si doux ces innocents

* c'est le mot
Pierre Albert-Birot  ("La Lune ou le Livre des poèmes",1926 - réédité avec présentation et notes d’Arlette Albert-Birot aux éditions Rougerie, 1992)


Chatterie

Chat chat chatte
Noir et blanc
Jour couchant
Prends ma patte
Dans ta main
Trop humain
Trop humain
Trop félin
Trop félin
Ton nez rose
Me repose
Des maisons
Des raisons
Mes prisons
Tu t'en fiches
Tu te niches
Sur mon cou
Ton miaou
Me câline
Dodeline
Ton ronron
Me fait rond
Le coeur blond
Amoureuse
Et frileuse
Tu me dis
Mon ami
L'heure sonne
Mais personne
Que nous deux
Poil soyeux
Qui se joue
Sur ma joue
L'allumeur
Le bruit meurt
Chatte et homme
Font un somme
Plus un bruit
C'est la nuit            

Pierre Albert-Birot ("Les amusements naturels" - éditions Rougerie, 1985)



 

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8 janvier 2007

Poème du jour : 8 janvier 2008 - Mario Benedetti - Défense de la joie

livre_cotidianas

Rappel : On trouvera dans cette catégorie  les coups de cœur du blog, en relation ou non avec l'actualité. Le texte restera en page d'accueil, puis sera remplacé par un autre, etc (par changement de la date de post). L'ensemble des textes reste accessible dans la catégorie Poème du jour (colonne de gauche).

Reçu avec les vœux de nouvel an (merci à ceux qui me l'ont transmis et qui se reconnaîtront), Défense de la joie, poème de Mario Benedetti
que je vous fais partager, en espagnol et en français. Beau programme :

"defender la alegría como un principio"
"défendre la joie comme un principe"
 

Mario Benedetti, né en 1920, est un écrivain uruguayen, romancier, dramaturge et poète. Universitaire et membre du Movimiento de Liberación Nacional - Tupamaros, la dictature militaire dans son pays l'a contraint à l'exil entre 1973 et 1983. Il a vécu ensuite en Espagne jusqu'en 2006, et réside aujourd'hui à nouveau à Montevideo, capitale de son pays natal.

Défense de la joie
                                     à Trini

Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et définitives

défendre la joie comme un principe
la défendre de la stupéfaction et des cauchemars
des neutres et des neutrons
des douces infamies
et des graves diagnostics

défendre la joie comme un drapeau
la défendre de la foudre et de la mélancolie
des naïfs et des canailles
de la rhétorique et des arrêts cardiaques
des endémies et des académies

défendre la joie comme un destin
la défendre du feu et des pompiers
des suicides et des homicides
des vacances et de l’accablement
de l’obligation d’être joyeux

défendre la joie comme une certitude
la défendre de l’oxyde et de la crasse
de la fameuse patine du temps
de la fraîcheur et de l’opportunisme
des proxénètes du rire

défendre la joie comme un droit
la défendre de dieu et de l’hiver
des majuscules et de la mort
des noms et des pitiés
du hasard
           et aussi de la joie.

Mario Benedetti
Dans "Botella al mar (1), Cotidianas", 1979 (Editorial Sudamericana, 2000) ; dans  "Antología poética" (Alianza Editorial, Madrid, 1999) ; et dans "Poèmes uruguayens" -  Mario Benedetti, (Temps des cerises, 2005, traduction de l'espagnol par Annie Morvan).
(1) "Botella al mar" : "une bouteille à la mer"

Texte original en espagnol :

Defensa de la alegría
                               a Trini

Defender la alegría como una trinchera
defenderla del escándalo y la rutina
de la miseria y los miserables
de las ausencias transitorias
y las definitivas

defender la alegría como un principio
defenderla del pasmo y las pesadillas
de los neutrales y de los neutrones
de las dulces infamias
y los graves diagnósticos

defenderla alegría como una bandera
defenderla del rayo y la melancolía
de los ingenuos y de los canallas
de la retórica y los paros cardiacos
de las endemias y las academias

defender la alegría como un destino
defenderla del fuego y de los bomberos
de los suicidas y los homicidas
de las vacaciones y del agobio
de la obligación de estar alegres

defender la alegría como una certeza
defenderla del óxido y la roña
de la famosa pátina del tiempo
del relente y del oportunismo
de los proxenetas de la risa

defender la alegría como un derecho
defenderla de dios y del invierno
de las mayúsculas y de la muerte
de los apellidos y las lástimas
del azar
           y también de la alegría.

Mario Benedetti


1 avril 2008

Luce Guilbaud

Luce Guilbaud , enseignante en arts plastiques, écrivain et poète, est née en 1941.
On trouvera d'autres textes pour la classe dans les catégories rangées par cycles.

Deux ouvrages parmi d'autres : Le dé bleu, ; La petite fille aux yeux bleus.

Pas de rire aux éclats, un sourire, de la gaieté, ou du moins la joie de vivre, dans ces poèmes, dont les titres sont suggérés par le blog.

On retrouvera avec d'autres auteures, les deux premiers textes sur le site du Printemps des poètes : http://www.printempsdespoetes.com/

Grand-mère

Grand-mère sur le seuil
avec son sourire
et autour un visage
bien ridé, déjà
(elle a quel âge ? on ne compte pas!)

Elle est là avec la maison
les chambres les fenêtres
les escaliers la cheminée
tout ça pêle-mêle
avec les valises les raquettes
les épuisettes

et la mer tout à côté
qui commence à chanter.

La maison du matin
habillée de rires
et d'odeurs de pain grillé
de confitures de coing
maison de carrelage frais lavé

c'est une maison qui va et vient
de la cave au jardin
en berçant ses grands pins
une maison avec des bras
si doux si près du rêve

c'est la maison de grand-mère
maison d'été maison d'hier
qui ferme ses volets l'hiver.

Luce Guilbaud

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Attendre

Attendre dans la paix
Tracer une ligne
joignant
main et main
pour serrer
très fort

Attendre dans la paix
Sonner les cloches
pour entendre

à l'horizon
l'heure
du silence

Attendre dans la paix
Règnera le vent
qui souffle
uniformément
du nord
au sud

Attendre dans la paix

Luce Guilbaud

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Dans ma boîte

J’aurai une grande boîte
pleine de soleil
pour les jours de pluie
pleine de sourires
pour les jours de grogne
pleine de courage
pour les jours de flemme.

Et dans ma boîte j’aurai aussi
plein de coquillages
pour écouter la mer.

Luce Guilbaud

fille_verte_cr_ation__PP10À la manière de "Dans ma boîte" ...

Voir ici des productions d'élèves :
en CE1 : http://ecoles18.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/rosieres/articles.php?lng=fr&pg=159si
et en CM2 ici, sous forme de petit livre à plier au format pdf :
http://petitslivres.free.fr/petitslivres/AUT/SEB0708002C.pdf

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Un déjeuner de fous

J’organise aujourd’hui
un déjeuner de fous
une chasse à l’herbe folle
un braconnage de fruits verts.
Nous boirons sous les pommiers
du cidre de la pleine lune,
nous ferons un jardin
des moissons d’amitié
de mots sans trèves
et de soleils givrés.
Et dans ce paysage
de rêveries bruissantes
nous danserons
sur l’ennui des dimanches.


Luce Guilbaud ("La petite feuille aux yeux bleus" - Éditions Le farfadet bleu/Le dé bleu, 1998)

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Le nuage

Un joli nuage blanc
arrive sur la ville
il joue
entre les toits
entre les tours
entre les flèches
il passe sur les ponts
et se voit gris
dans les reflets de l'eau
il se sent fatigué
il tousse un peu
il se regarde dans les vitrines
il se fait peur
il est devenu noir

le nuage s'en va
lâchant quelques larmes
quelques gouttes de pluie
il va se refaire une santé
à la campagne.

    Luce Guilbaud

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Une petite maison

Une petite maison de branches
Avec sa porte d’herbes
Et son lit de mousse
Une petite maison dans les bois
Pour cacher ses secrets
Pour inventer le monde.
Une petite maison
Une cabane
Pour être ici
Pour être ailleurs
Dans nos histoires.


Luce Guilbaud ("Une cigale dans la tête" - Éditions Le farfadet bleu/Le dé bleu, 1998)

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Le monstre de pierre

Le vent et la pluie me hantent
Le gel fait craquer mes grimaces
Le soleil me nargue et me brûle
Mais je lui tire la langue !


Je ricane et je vocifère
Je gronde et je balbutie
J’étonne et j’effraie
J’ai mille frères et mille soeurs
Avec des queues des cornes
Des griffes des écailles des hures
Des groins des serres
Des dents pointues
Des trognes ébouriffées
Des nez épatés des yeux exorbités


Armé de piques de fourches
Je harcèle, j’étrangle, j’étripe
J’ouvre les portes de l’enfer
Je suis griffon, cerbère, chimère
Je suis un monstre de pierre.

Luce Guilbaud ("Loup y es-tu ?" - éditions Enfance heureuse)

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Une image

Quel dommage,
Pensait une image
D’être attachée sur cette page !
Car la belle image
Rêvait de voyage
Et de vent du large
Elle en pleurait de rage
Mais un vieux sage
Conseilla l’image :
"Pour partir en voyage ?
Il suffit de tourner la page !"

Luce Guilbaud

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Le petit rêve

C’est un petit rêve léger
Un rêve bien plié sous mon oreiller
C’est un rêve doux et chaud
Qui va pieds nus dans l’herbe fraîche,
Un rêve transparent
Qui glisse entre les yeux
Et se blottit sous les paupières.
C’est un rêve coloré qui murmure
Encore en moi quand le soleil
Ouvre ma porte.
C’est un petit rêve léger
Qui accompagne ma journée.

Luce Guilbaud ("Les oiseaux sont pleins de nuages" - éditions Soc et Foc)

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Le vent

Je plains le vent
Le vent se plaint
le vent gémit
le vent souffre quand il souffle
le vent voudrait se reposer
déposer sa douleur
dans le creux d’un rocher
danser avec les mouettes
doucement tranquillement
les emporter sur un nuage
le vent rêve de tendresse
mais il est condamné à hurler
à déchirer les feuilles mortes
à griffer nos visages dans la pluie
ça le met en colère le vent
d’être si méchant !
Alors il s’emporte et devient fou
le vent tornade tempête
sa douleur n’a plus de bornes
il détruit tout sur son passage
puis il s’arrête essoufflé désespéré
dans un lointain désert
et là-bas il s’endort
en rêvant de caresses.
Je plains le vent.

Luce Guilbaud

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J’étais perdue

J’étais perdue dans la ville
Entre les façades noires
Et les boutiques bariolées
J’étais perdu parmi la foule
J’avais perdu mon nom
Et le chemin de ma maison.
C’est en suivant un pigeon
Puis un couple de pinsons*
Qu’au détour des violettes
Et du bleu des arbres
J’ai retrouvé mon nom
Et le chemin de ma maison.


Luce Guilbaud - * et pas "un couple de personnes", erreur signalée par une lectrice, merci !

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Je t'offre un soleil

Je t'offre un soleil
dans mes mains nues
quelques touches de brume
un dé de pluie
et la ligne bleue des collines

sans guirlande
sans papier cadeau
je t'offre un monde
avec mon coeur

Luce Guilbaud ("La petite feuille aux yeux bleus" - Éditions Le farfadet bleu/Le dé bleu, 1998)

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Je jouais

Je jouais à grimper à l'arc-en-ciel
comme à l'échelle
Sur le jaune
j'ai cueilli des boutons d'or
Sur l'orange
j'ai des clémentines
Sur le rouge
des framboises et des cerises
Plus haut, j'ai respiré les violettes
Dans le bleu
j'ai coupé une fenêtre de ciel
pour voir l'indigo
Et je suis tombé par la fenêtre
sur l'herbe verte.

Luce Guilbaud

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Année nouvelle

Année nouvelle
Donne moi les oiseaux
Qui possèdent les mots
Doux et tendres
Les mots du coeur
Du grand large
Et de l'évasion

Année nouvelle
Donne moi les fruits d'or
Dont chaque graine
Égrène les notes
Qui chantent la douceur
D'aimer en arpège
Jusqu'aux montagnes bleues
Derrière l'horizon.

Luce Guilbaud



1 mars 2008

Jean COCTEAU - le féminin en poésie

livre_Cocteau_folio

Jean Cocteau (1889-1963) auteur de théâtre,  poète et cinéaste français, était aussi sculpteur, céramiste, peintre, dessinateur...
Le théâtre lui doit en particulier La Machine infernale, Les Parents terribles, Antigone.

image : livre "Choix de poèmes" -  Gallimard, Folio junior poésie, 2004)

Le texte présentés ici n'est pas représentatif de l'oeuvre poétique de Cocteau, à découvrir. Ils estt une illustration du travail sur la phonétique et les jeux de mots dont on peut sinon s'inspirer, du moins s'amuser comme lui un peu ... au féminin

Odile               

Odile rêve au bord de l'île,
Lorsqu'un crocodile surgit;
Odile a peur du crocodile
Et, lui évitant un "ci-gît",
Le crocodile croque Odile.

Caï raconte ce roman,
Mais, sans doute, Caï l'invente
Odile alors serait vivante
Et, dans ce cas-là, Caï ment.

Un autre ami d'Odile, Alligue
Pour faire croire à cette mort
Se démène, paye et intrigue
D'aucuns disent qu'Alligue à tort.

Jean Cocteau ("Le Potomak", 1919, 1924 et réédition Passage du Marais, 1999)



1 avril 2008

Des femmes poètes

 sens_interdit_sourire_et_tristeLes textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
  Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait. 

bandeau_no_pub_ligne


bandeau_des_femmes_po_tes

On dit aussi "poétesse", mais la sonorité n'est pas vraiment heureuse, et puisque le mot "poète" porte déjà la marque du féminin, considérons ici qu'il désigne l'ensemble des auteur(e)s de poésie.
Dans cette catégorie, uniquement des textes de femmes poètes, tous thèmes confondus.

Les textes de femmes poètes et de poètes hommes d'autres cultures sur le thème du féminin (francophones ou traduits) se trouvent dans la catégorie (en construction) PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ DES AUTRES
Les textes d'hommes sur le thème du féminin en français sont ici : PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE
Les textes d'Andrée Chedid sont ici : PRINT POÈTES 2010 : ANDRÉE CHEDID

  On trouvera l'ensemble des idées proposées par le blog pour la création poétique ICI :
>> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

Les textes les plus abordables à l'école maternelle ou élémentaire sont SOULIGNÉS dans le sommaire ci-dessous (travail en cours)

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SOMMAIRE

par nom d'auteures, dernière mise à jour le 22 fév 2010, 22 h 30

vous êtes à la page 1   :

Comptines et auteurs A - B - C

  • COMPTINES - HAÏKUS - CHANSONS - Marie Tenaille / Anne Froissard / Françoise Naudin / Emmanuelle Parrenin
  • Joëlle Abed - Le chat
  • Etel Adnan - Je suis femme
  • Claudia Adrover - La Loire au plus près 
  • Corinne Albaut - Les trois classes / Sept jours sur sept [+ CRÉATION] / Avoir un dragon chez soi / Le jour et la nuit
  • Huguette Amundsen - J'ai vu ...
  • Marie-Claire Bancquart - Il pleut / Au début mars
  • Colette Bonin-Gevers - Cathédrale 
  • Marie Botturi - L'absence / Le rêve de la Lune
  • Joëlle Brière - La fille de l'épicier
  • Renée Brock - Îles de Lérins / Jamais ...
  • Claude de Burine - Je me transformerai
  • Marguerite Burnat-Provins - Le Livre pour toi, plusieurs passages
  • Hélène Cadou - Je sais ... / Plus d'avenir / Le temps réconcilié / L'arbre / La feuille blanche / Encore un dimanche à rêver ... / Il faut laver ce que tu dis ...
  • Odile Caradec - La capucine / Petits travaux / Capitale de sang / Les poèmes
  • Marie-Magdeleine Carbet - Le ruisseau / L'acacia
  • Rolande Causse - Un coin champêtre / Je vois ces rues
  • Pernette Chaponnière - La neige / Le sapin de Noël / Les feuilles mortes / L'hirondelle
  • Anne-Marie Chapouton : Tortue / Quand on est tortue / La pluie / Il pleut / Rêve 4
  • Andrée Chedid - les textes d'Andrée Chedid sont ici : PRINT POÈTES 2010 : ANDRÉE CHEDID
  • Marie Chevallier - Je verse quelques pauvres larmes ... / Insouciance
  • Andrée Clair - ABRACADABRA / Le hérisson et l'oursin / Le perce-oreilles / Le kangourou
  • Christine Clairmont - Le pays
  • Alice Cluchier - La bulle / Tristesse / Pluie printanière / Le petit monde des enfants
  • Chantal Couliou : Caresses / Crayons de couleur
  • Anne Creuchet - Depuis que la lumière ...
  • Jocelyne Curtil - Petites maisons basses  / Je me cache dans les bagages du soleil / Le jour de mon anniversaire

PAGE 2 (cliquez pour un accès direct)

D - E - F - G

  • Michelle Daufresne : Petites ombres
  • Lise Deharme : L'horloger / La poule noire / La plume / Curieuse / La cage vide / Le cochon blond / Les pâquerettes
  • Lucie Delarue-Mardrus : Mauvaise rencontre / Petites souris / Problème / Le chat noir / Les poissons rouges / Les vaches / Le cochon / Ballade des échecs
  • Marceline Desbordes-Valmore : Les séparés / Ma fille / À mes enfants / Au revoir / Un nouveau-né / Une lettre de femme / Les roses de Saadi / Qu'en avez-vous fait ?/ Jours d'été
  • Anne-Marie Désert : LES VACHES 
  • Lucienne Desnoues - Hiboux / Rimes riches pour mirliton / Mesures / Le face-à-face
  • Emily Dickinson - voir la future catégorie "PRINT POÈTES 2010 : AUTRES CULTURES AU FÉMININ"
  • Béatrice de Die - Grande peine m'est advenue
  • Hélène Dorion - On peut très bien vivre / La terre, l'univers
  • Denise Dubois-Jallais (Denise Jallais) - Le temps des mirages / Les rites / L'hiver est comme une orange ouverte ... / Assise sur la dune ...
  • Chantal Dupuy-Dunier - Les animaux ... / L’hiver baisse la garde ... / Saorge
  • Marie-Jeanne Durry - Chanson
  • Nouad Es-Saad - Je t'ai suivie
  • Marie de France - Le lai du chèvrefeuille / Le corbeau et le goupil
  • Anne Froissard : voir COMPTINES en haut de cette page 1
  • Rosemonde Gérard : Bonne année / L'année / L'éternelle chanson (Le dernier rendez-vous) / Le sommeil / Paysage / Une rose / Le dernier papillon / Le crapaud / Le jardin vivant / Sabine Sicaud
  • Marie Gevers - Chanson pour apprendre aux cinq sens à aimer la pluie / repas du matin
  • Claire Goll - Danse captive / Démunie
  • Luce Guilbaud : Grand-mère / Attendre /Dans ma boîte [+ CRÉATION] / Un déjeuner de fous / Le nuage / Une petite maison / Le monstre de pierre / Une image / Le petit rêve / Le vent / J'étais perdue / Je t'offre un soleil / Je jouais / Année nouvelle

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H - I - J - K - L - M

  • Anne Hébert - La page blanche / La neige / Il y a certainement quelqu'un ... / Rencontre
  • Jacqueline (et Claude) Held :  Acrobatie / Ballade pour un métro / Grillon de lune / Monsieur Pissenlit / Transformations
  • Gérard d'Houville (pseudonyme masculin) - Épitaphe / Les plus tristes amours du monde / Lorsque vous m'étendrez au bûcher de santal ...
  • Arlette Humbert-Laroche - On tue / Hier
  • Andrée Hyvernaud - Galette des rois / Les mots
  • Anne-Marie Kegels - Automne / La fenêtre
  • Vénus Khoury-Ghata - À Yasmine / La forêt a peur / La surface d'un automne / Ma mère au tronc creux / La voix lactée ... / À quoi sert l'école ? / À quoi sert un nuage ?
  • Anise Koltz - J'avance sans filet / Le mot change / Dans ce monde / Couchée dans le désert /J'écris les yeux grands ouverts / Le mur du son (quelques poèmes) / L'ailleurs des mots (quelques poèmes dont À ma mère)
  • Marie Krysinska - La gigue / Villanelle / Reprise / Devant le miroir / Le sabbat / Marion
  • Louise Labé - Je vis, je meurs ... / Luisant Soleil, que tu es bienheureux
  • Marie Laurencin - Le calmant / Le présent
  • Madeleine le Floch : Vers exclusif /Oiseau vert / Ver de mer / Vert de Lune / Haricot vert / Vertige [+ CRÉATION]
  • Madeleine Ley :  La girafe / En rêve j'ai trouvé [+ CRÉATION] / L'araignée / Grand-père
  • Claude Maillard - Calvaire
  • Gabrielle Marquet - Le sentier / Fantaisie / Les cailloux
  • Lise Mathieu - Matin de printemps / L'idée du bonheur
  • Jeanne Marvig - Le petit lapin / Le ruisseau
  • Louise Michel - Hirondelle / Chant de mort à mes frères / Chanson des prisons (La Commune) / Corrida de Muerte / Chant des captifs
  • Janine Mitaud - Voici les mots ... / L'avenir au bout de la plage
  • Jeanine Moulin - Dialogue / La poésie comme elle s'écrit ...

PAGE 4 (cliquez ICI pour un accès direct)

N - O - P

  • Françoise Naudin : voir HAÏKUS en haut de cette page 1
  • Marguerite de Navarre - J'aime une amie entièrement parfaite ... / Le temps est bref et ma volonté grande
  • Anna de Noailles : Chaleur / Le jardin et la maison / J'écris pour que le jour où je ne serai plus ... / Chatte persane / Il fera longtemps clair, ce soir ...
  • Marie Noël - Ronde / Chanson / Chant de rouge-gorge / L'île / Chant de nourrice / Connais-moi / Si j'étais plante ...
  • Marie-Claire d'Orbaix - Sirène / Touffe de mots / Les Aînées
  • Emmanuelle Parrenin : voir COMPTINES en haut de cette page 1
  • Louisa Paulin : Chant de neige / La cançon del silenci (La chanson du silence) / Fum (Fumée) / Chat / La nouvelle année / Chanson de mariage / L'Escalier de verre / Chanson pour rire  [+ CRÉATION]
  • Cécile Périn - La coupe
  • Christine de Pisan - Seulette suis et seulette veux être ... / Du mal d'amour soiez vous tourmentez / Qui que die le contraire / Cent balades ay cy esscriptes
  • Thérèse Plantier - Mon amour
  • Mathilde Pomès - Martinets
  • Anne Pougeoise - Automne / Une cloche a sonné ...
  • Catherine Pozzi - Ave / Vale / La déesse qui m'a donné une pomme que je ne méritais pas / Ô vous mes nuits / Il ressemblait à l'absolu
  • Gisèle Prassinos - Dans tes yeux il y a la mer / La neige / La montre / Qu'est-ce qu'un chat ? / Recette / Comptine pour enfant pas sage

PAGE 5 (cliquez ICI pour un accès direct)

Q - R - S

  • Simone Ratel - Berceuse du petit loir / La rainette
  • Madeleine Riffaud - Cheval bleu / Nuit
  • Emmanuelle Riva - Ses quatre volontés
  • Ann Rocard - Bien au chaud
  • Renée Vivien - Roses du soir / Sommeil
  • Annie Salager - Trouver bonheur ... / Popo / Oyats / Traces / Lumière
  • George Sand - À Aurore 
  • Albertine Sarrazin - Paris / Le soleil voudrait saigner sans arrêt / Je suis en mal du mal que j'aime ... / Rêve du 7 avril / La jacasse dans son noeud de ramures / Le merle / Je suis en partance
  • Cécile Sauvage - Je t'ai écrit au clair de lune / Le jour / Peut-être serai-je plus gaie / Mais je suis belle d'être aimée
  • Anne Scharz-Henrich - L'autre monde / Rêve luisant / Fleurs éternelles / La montre à remonter le temps
  • Madeleine de Scudéry - Contre Job / Impromptu sur des pots de fleur que Monsieur le Prince de Condé cultiva lui-même / Réponse au poème d'un de ses amis
    qui la flattait d'immortalité.
  • Colette Seghers - Berceuse pour Virginie
  • Sabine Sicaud - Le chemin de l'amour / Les trois chansons / La vieille femme de la lune / Vous parler ? / La chanson du soleil (Vassili)
  • Andrée Sodenkamp - La printemps / Les loups / Je suis ton grain pesé / La fenêtre est un livre d'images / Je suis du temps ... / Don Juan / Femmes des longs matins
  • Lucie Spède : Définition / Le mille-pattes / Oh dodo / Météo / Le monde à l'envers

PAGE 6 (cliquez ICI pour un accès direct)

T - U - V -W

  • Marie Tenaille : voir COMPTINES en haut de cette page 1
  • Louise de Vilmorin :  Récitez-moi votre leçon / Dans le ciel mauve / Vers holorimes / Palindromes / Poème phonétique / La solitude est verte / L'île / Fado / La reine / Dame des courants
  • Angèle Vannier - Pierre / Forêt sans muguet / La lavandière
  • Anne Vernon - Est-ce moi qui choisis le creuset ? / La plage / Certains jours / Parfois / Mes questions frangent le silence
  • Renée Vivien - Roses du soir / Sommeil
  • Chantal Vuillod - Maison de la Culture, 1990
  • Liliane Wouters - A l'enfant que je n'ai pas eu / Ma tête dans le vent / Le bois sec / Que m'importent lieu, durée

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On peut lire ou télécharger d'autres poèmes, une liste d'auteures et une bibliographie sur le site du Printemps des Poètes, à cette adresse: http://www.printempsdespoetes.com/index.php?rub=poetheque&page=14

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1 mars 2008

CHRESTIEN DE TROYES - le féminin en poésie

Chrestien (ou Chrétien) de Troyes, (1135-1185, dates approximatives) est un poète français, poète et auteur de romans de chevalerie.

La condition de la femme au Moyen-âge, les tisseuses de soie :

Complainte des tisseuses de soie

Il vit jusqu'à trois cents jeunes filles,
Occupées à divers travaux.
Elles travaillaient des fils d'or et de soie
Chacune de son mieux,
Mais dans une telle misère
Que beaucoup étaient sans coiffe et sans ceinture...
Leurs robes étaient déchirées,
Et leurs chemises sales dans le dos.
De faim et de mal elles avaient
Cous grêles et visages pâles.

Nous tisserons toujours des étoffes de soie
Et n'en serons jamais mieux vêtues.
Toujours nous serons pauvres et nues
Et toujours nous aurons faim et soif ;
Jamais nous ne saurons gagner
Assez pour avoir à manger.
Nous avons du pain à grand-peine,
Un peu le matin, moins le soir ;
Car jamais du travail de ses mains,
Chacune n'aura pour vivre
Plus de quatre deniers à la livre.
Avec cela nous ne pouvons pas
Avoir assez de nourriture et d'étoffe ;
Car qui gagne chaque semaine
Vingt sols n'est pas hors de peine.
Sachez-le bien :
Il n'y a aucune de nous
Qui gagne vingt sous ou davantage.
Un duc serait riche avec cela !
Notre pauvreté est grande
Et il est riche de notre misère
Celui pour qui nous peinons.
Nous veillons une grande partie de la nuit
Et tout le jour pour avoir un gain
;

Mais que vous raconterai-je ?
Nous avons tant de mal et de honte
Que je ne puis vous en dire le cinquième.

Chrestien de Troyes

 

fille_verte_cr_ation__PP10 Un métier féminin à la manière de Chrestien de Troyes 

On listera des métiers plutôt exercés par des femmes (de nombreuses activités professionnelles ne sont plus le "privilège" des hommes et à contrario des femmes): infirmière, sage-femme .. qu'on peut élargir à d'autres métiers autrefois féminins : couturière, fleuriste, et à des métiers qui jusqu'à récemment leur étaient interdits  : routier, pilote d'avion, militaire, mécanicienne, astronaute ...
A la première personne du singulier, dans un poème (rimes), une femme décrit le métier qu'elle exerce, dans ses difficultés et ses plaisirs, avec réalisme comme dans le texte du poète, ou avec humour. Variante : choisir un métier inhabituel (Présidente de la république française ...) ou totalement imaginaire ...



1 mars 2008

Guillaume APOLLINAIRE - le féminin en poésie

Guillaume Apollinaire (1880-1918), poète français ami de Picasso et de Max Jacob écrit ses premiers poèmes à l'âge de 17 ans.

... "Moi qui sais des lais pour les reines
Les complaintes de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal aimé
Et des chansons pour les sirènes"


Guillaume Apollinaire ("La Chanson du Mal Aimé")

Voici quelques textes tirés du Bestiaire, pour Les Sirènes et deux animaux au féminin (il y en a d'autres dans le recueil) :

 Les Sirènes
Sachè-je d’où provient, Sirènes, votre ennui
Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit ?
Mer, je suis comme toi, plein de voix machinées
Et mes vaisseaux chantants se nomment les années.

La Mouche
Nos mouches savent des chansons
Que leur apprirent en Norvège
Les mouches ganiques qui sont
Les divinités de la neige.

La Méduse
Méduses, malheureuses têtes
Aux chevelures violettes
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Et je m’y plais comme vous faites.

Guillaume Apollinaire ("Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée" - éditions de la Sirène, 1919)

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Ce calligramme se compose initialement de deux parties superposées et s'intitule "la colombe poignardée et le jet d'eau" . Apollinaire l'a écrit, dessiné, dans les tranchées de la guerre de 1914-1918. La colombe est l'oiseau symbole de paix, que la guerre a "poignardé", réduisant à néant les amours du poète, poignardées elles aussi, représentées par les prénoms de jeunes filles :

La colombe poignardée [et le jet d'eau non reproduit ]

Apollinaire_calligramme_colombe

Douces figures poignardées chères lèvres fleuries
Mya Mareye
Yette et Lorie
Annie et toi Marie
Où êtes-vous ô jeunes filles
Mais près d'un jet d'eau qui pleure et qui prie
Cette colombe s'extasie

Guillaume Apollinaire ("Calligrammes - éditions Gallimard, 1918)

fille_verte_cr_ation__PP10Calligramme

Un calligramme est le tracé par l'écriture seule ou accompagnée d'éléments dessinés, de "l'objet" décrit dans le poème. On fera varier la forme des lettres, leur taille et leur couleur. Une adresse (lien à copier-coller) où vous trouverez de nombreuses productions d'élèves, tous thèmes confondus :
http://www.csdm.qc.ca/SJdelaLande/lesclasses/5web/Projets%202003-2004/Calligramme/calligrammes.htm

Sur ce blog, d'autres calligrammes d'Apollinaire sont rangés dans PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes. Voir aussi Madeleine Le Floch dans PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES.

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Les femmes

Dans la maison du vigneron les femmes cousent
Lenchen remplis le poêle et mets l'eau du café
Dessus — Le chat s'étire après s'être chauffé
— Gertrude et son voisin Martin enfin s'épousent

Le rossignol aveugle essaya de chanter
Mais l'effraie ululant il trembla dans sa cage
Ce cyprès là-bas a l'air du pape en voyage
Sous la neige — le facteur vient de s'arrêter

Pour causer avec le nouveau maître d'école
— Cet hiver est très froid le vin sera très bon
— Le sacristain sourd et boiteux est moribond
— La fille du vieux bourgmestre brode une étole

Pour la fête du curé La forêt là-bas
Grâce au vent chantait à voix grave de grand orgue
Le songe Herr Traum survint avec sa sœur Frau Sorge
Kaethi tu n'as pas bien raccommodé ces bas

— Apporte le café le beurre et les tartines
La marmelade le saindoux un pot de lait
— Encore un peu de café Lenchen s'il te plaît
— On dirait que le vent dit des phrases latines

— Encore un peu de café Lenchen s'il te plaît
— Lotte es-tu triste O petit cœur — Je crois qu'elle aime
— Dieu garde — Pour ma part je n'aime que moi-même
— Chut A présent grand-mère dit son chapelet

— Il me faut du sucre Candi Leni je tousse
— Pierre mène son furet chasser les lapins
Le vent faisait danser en rond tous les sapins
Lotte l'amour rend triste — Ilse la vie est douce

La nuit tombait Les vignobles aux ceps tordus
Devenaient dans l'obscurité des ossuaires
En neige et repliés gisaient là des suaires
Et des chiens aboyaient aux passants morfondus

Il est mort écoutez La cloche de l'église
Sonnait tout doucement la mort du sacristain
Lise il faut attiser le poêle qui s'éteint
Les femmes se signaient dans la nuit indécise

Septembre 1901–mai 1902 (Guillaume Apollinaire ("Alcools" - Gallimard 1920)



1 mars 2008

André BRETON - le féminin en poésie

po_sie_Andr__Breton_portrait

<< portrait du poète par Victor Brauner (1934) - André Breton (1896-1966) est un poète surréaliste. On trouvera ici sur ce blog :  http://lieucommun.canalblog.com/archives/_print_poetes_2009___l_humour_des_poetes/p20-0.html une présentation et des idées de création poétique sur le modèle du cadavre exquis, dont il est l'un des inspirateurs.

On ne pourra hélas proposer aux élèves, comme ici, que des passages de ce premier texte, qui peut servir de modèle à un travail de création poétique :

Union libre (autre titre :  Ma femme)

Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de
dernière grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
À la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
À la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
À la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant
Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d'allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur
[...]
Aux bras d'écume de mer et d'écluse
Et de mélange du blé et du moulin
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d'initiales
Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats* qui boivent
Ma femme au cou d'orge imperlé
[...]
Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif-argent
Au dos de lumière
À la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc
De balance insensible
[...]
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache

Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu.

* Les calfats sont des marins qui bouchaient les espaces, calfeutraient les navires de bois pour les rendre étanches (cf "Les marteaux des calfats enfonçant leurs étoupes" - A. Brizeux)

André Breton ("Clair de terre", revue "Littérature" 1923, Gallimard 1931, disponible en Poésie-Gallimard, 1966)

fille_verte_cr_ation__PP10 Portrait féminin à la manière d'André Breton 

Choisir un modèle féminin, sujet du poème : personnage de roman, de BD, personnage réel proche (la mère, la soeur ...), personnage réel connu (par exemple exerçant un métier essentiellement féminin), personnage réel d'autres pays ou cultures, d'autres époques historiques (Jeanne d'Arc) sur lequel on se sera documenté ou bien encore femme imaginée (qu'il faudrait situer quand même).
En gardant la structure répétitive, associer à des éléments physiques des impressions, des bruits, des parfums, des couleurs, des éléments naturels. Utiliser le mouvement, l'effet de surprise, comme dans "À la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux".
On peut aussi
mêler des traits de caractère à des éléments physiques pour décrire la femme    (ex : douce / gentille comme ... / l'eau pure d'une source de montagne... / le bruissement des feuilles au premier matin de printemps"...)  



1 mars 2008

Jacques CHARPENTREAU - le féminin en poésie

Jacques Charpentreau (né en 1928), est un poète français. Il est l'auteur d'anthologies, aux éditions Ouvrières, qui ont fait connaître beaucoup de poètes pour la jeunesse, et il a publié de nombreux recueils. Quelques-unes de ses poésies sont présentes sur le blog. 

La réunion de famille

Ma tante Agathe
Vient des Carpates
À quatre pattes

Mon oncle André
Vient de Niamey
À cloche-pied

Mon frère Tchou
Vient de Moscou
Sur les genoux

Ma sœur Loulou
Vient de Padoue
À pas de loup

Grand-mère Ursule
Vient d’Ashtabule
Sur les rotules
Grand-père Armand
Vient de Ceylan
En sautillant

Ma nièce Ada
Vient de Java
À petits pas

Mon neveu Jean
Vient d’Abidjan
Clopin-clopant

Oncle Firmin
Vient de Pékin
Sur les deux mains

Mais tante Henriette
Vient à la fête
En bicyclette

Jacques Charpentreau (dans son anthologie "La nouvelle Guirlande de Julie"- éditions Ouvrières,1976)

fille_verte_cr_ation__PP10Avec les prénoms féminins :

En s'inspirant du poème ci-dessus, associer des prénoms féminins ( ceux des filles de la classe par exemple) à des noms de lieux (villes, pays) connus des élèves, à diverses activités ou occupations, ou encore comme dans l'exemple 3, imaginer un texte sur un thème (cadeaux, collections ...) 

Exemple 1Mes projets de voyage  

Je partirai au Sahara sur mon chameau* avec Emma
Je visiterai l'Australie en kangourou avec Lucie, etc.
* D'accord,  il n'y a pas de chameaux au Sahara, ce sont des dromadaires , mais on peut imaginer ...

Exemple 2 : Le métier de mes amis

Noémie découpe les confettis
Mariam tricote des bananes, etc.

Exemple 3 : Le Père Noël bizarre (c'est lui qui raconte)

J'ai cueilli des radis pour Annie
des rideaux et des radeaux pour Anna

J'ai trouvé un pantin persan pour Marie
un tapis percé pour Myriam.

J'ai acheté un lapin de Noël pour Isabelle
un sapin de soleil pour Célia  ...

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Un texte pour servir de base à une création poétique :

Le laveur de carreaux

Suspendu comme une araignée
Au bout de son fil argenté
Le laveur de carreaux descend
Du haut de la tour. En passant,
Il dit bonjour aux habitants :

30 Le monsieur du trentième étage
Qui ne mange que du fromage.

29 Celui de l’étage au-dessous
Qui n'aime que la soupe aux choux.

28 Les gens qui viennent de Pluton
Et marchent les pieds au plafond

27 Le baryton de l’opéra
Qui se fait des oeufs sur le plat.

26 Ceux qui ont semé du gazon
Pour rendre plus gai leur béton.

25 Ceux qui élèvent des lapins
Sur l’herbe d’un salon de jardin.

24 Ceux qui ont mis dans leur baignoire
Un bébé phoque blanc et noir.

23 Le chat qui vit seul, noir et blanc,
(Il a dû louer l’appartement).

22 Le vieil Auvergnat à moustaches
Qui che regarde dans la glache.

21 Le militaire en permission
Qui compte ses décorations.

20 La foule du vingtième étage
C'est la réception d'un mariage.

19 La receveuse de la poste
Qui ne grignote que des toasts.

18 L’académicien nostalgique
Qui s'amuse au train électrique.

17 L'élève de Napoléon
Qui range ses soldats de plomb.

16 Le collectionneur de timbales
Qui joue du violon à pédales.

15 Un abbé qui fait du trapèze
Sur un bâton entre deux chaises.

14 L’amateur de scie musicale
Qui coupe l’Internationale

13 Le passionné d’exploration
Qui chasse le tigre au salon

12 Deux bustes de marbre au nez grec
Qui contemplent un jeu d’échecs.

11Un athlète en maillot de corps
Qui s'est allongé et qui dort .

10 La dame du dixième étage
Qui garde un sapajou en cage.

9 Plus bas une belle famille
Les parents et quatorze filles.

8 Des campeurs chantant à mi-voix
En rond autour d’un feu de bois

7 Un grand polytechnicien morne
Qui ne porte que son bicorne.

6 Un peu plus bas un éléphant
Prisonnier dans l’appartement.

5 Un couple se bat au cinquième
À coup de tartes à la crème.

4 La petite fille aux yeux bleus
Qui a les yeux verts quand il pleut.

3 La jeune fille du piano,
Qui se tricote un allegro.

2 La dentiste qui vient d’extraire
Une redoutable molaire.

1 Le petit garçon du premier
Qui fourre ses doigts dans son nez.

0 Tout est vide au rez-de-chaussée
La concierge est dans l’escalier.

On voit les secrets de la ville
Quand on descend au bout d’un fil.

Jacques Charpentreau ("La ville enchantée" - éditions de l'École, 1976)

  fille_verte_cr_ation__PP10Création poétique sur le thème du féminin à la manière de "Le Laveur de carreaux"

La structure répétitive de ce texte découpé en paires de vers rimés suscite des expériences intéressantes. Par exemple ici :
http://alain.digiovanni.free.fr/print1.htm

On pourrait imaginer, en s'inspirant des strophes 19 - 10 - 9 - 4 - 3 - 0 (deux vers rimés), un immeuble avec des situations, des saynètes, pas toujours uniquement composées d'un ou plusieurs personnages féminins, mais dans lesquelles ces personnages féminins seraient les acteurs principaux (la grand-mère, la couturière, une maman et son bébé, divers métiers exercés par des femmes ...)

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La soupe de la sorcière

Dans son chaudron la sorcière
Avait mis quatre vipères
Quatre crapauds pustuleux
Quatre poils de barbe-bleue
Quatre rats, quatre souris
Quatre cruches d’eau croupies
Pour donner un peu de goût
Elle ajouta quatre clous

Sur le feu pendant quatre heures
Ça chauffait dans la vapeur
Elle tourne sa tambouille
Et touille et touille et ratatouille
Quand on put passer à table
Hélas c’était immangeable
La sorcière par malheur
Avait oublié le beurre

Jacques Charpentreau

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Dans son recueil "POÉSIE EN JEU", Jacques Charpentreau propose différents types de textes poétiques. On trouvera dans la catégorie PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes, au paragraphe "JEUX", d'autres amusements littéraires et poétiques de divers auteurs.

Voici un acrostiche pour une idée de création poétique au féminin :

Prénom

Je viens de perdre mon prénom
Au bord d'une page nouvelle,
Ce plaisantin, ce vagabond
Qui se sauve quand je l'appelle.
Un lecteur peut-il le chercher
Et me dire où il s'est caché ?
Saurez-vous me le retrouver ?

Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)

fille_verte_cr_ation__PP10Acrostiche féminin à la manière de "Prénom"

Le principe serait de décrire (qualités, défauts, caractère...) en vers rimés ou non, une élève de la classe, avec la contrainte de l'acrostiche : chaque lettre de son prénom est dans l'ordre, l'initiale d'un vers. Variante, utiliser les syllabes pour réduire la longueur du poème, l'écrire à l'envers, etc.

ExempleMon amie : Je la connais depuis longtemps  / Un peu timide mais souriante / Le regard bleu, les cheveux blonds / Il faut que je vous la présente / Appellez-la par son prénom !   

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La recherche

Certains la cherchent dans les airs
Parmi les oiseaux des nuages,
D'autres dans les fleurs du bocage
Ou dans les algues de la mer.
Ils s'en vont la chercher en Chine,
Dans un temple ancien, à Pékin,
Dans les pages d'un vieux bouquin,
Dans les secrets d'une machine...
Pourquoi remuer la planète ?
Moi, comme je t'aime beaucoup,
Dans les cheveux blonds de ton cou
Je cherche la petite bête.

Jacques Charpentreau

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La fuyante

Vous me croyez douce et soumise
Mais malgré vos yeux grands ouverts,
Moi, je vous échappe à ma guise
Et je joue la fille de l'air.
Fille de l'air, enfant du songe,
Je pars au gré de mon caprice,
Sur une brise je m'allonge,
Dans un courant d'air je me glisse.
Quand je suis lasse, je repose
Sur un blanc coussin de nuage,
Avec le parfum de la rose
Sur l'aile du vent je voyage.

Jacques Charpentreau ( "Poèmes pour peigner la girafe"- éditions Hachette, 1994)

fille_verte_cr_ation__PP10Un caractère féminin

Choisir une qualité ou un défaut, un trait de caractère bien marqué à attribuer à une fille ou une femme, à la manière de "La fuyante". On peut se décrire soi-même (si on est une fille !) : la douce, la colérique, la paresseuse, l'étourdie, etc. Il s'agit de ne pas rester dans le description fidèle : comme dans le modèle, céder à l'exagération, s'éloigner du réel pour l'imaginaire, le fantastique.

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Le ciel de mon cœur

Le ciel est gris lorsque tu grondes :
Tombe la pluie, souffle le vent,
Et, dans un tourbillon, le monde
Se courbe et fuit en m’emportant
Au fond d’une forêt profonde
Où mon coeur souffre en attendant
Que s’apaise cet ouragan.

Le ciel est bleu quand ton sourire
Brille comme un jour de printemps.
Pas un nuage ne soupire,
L’aubépine a mis drapeau blanc.
Les oiseaux chantent pour te dire
Qu’aujourd’hui mon coeur est content :
Tu fais la pluie et le beau temps.

Jacques Charpentreau



1 mars 2008

LE FÉMININ EN POÉSIE pages 1 à 5

 sens_interdit_sourire_et_tristeLes textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
  Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait. 

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Dans cette catégorie, uniquement des textes de poètes masculins sur le thème du féminin : personnes, animaux ou objets plus ou moins personnifiés ... Les poètes femmes signalées en rouge se retrouvent dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES

  D'autre part, on trouvera l'ensemble des idées proposées par le blog pour la création poétique ICI :
>> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

Les AUTEURS (si tous leurs textes semblent abordables) ou les textes qui nous semblent les plus abordables à l'école maternelle ou élémentaire sont SOULIGNÉS dans le sommaire ci-dessous - Idées de création indiquées :  [+ CRÉATION]

- SOMMAIRE - 

PAGE 1 (vous y êtes) :

  • COMPTINES, PETITS POÈMES, CHANSONS et HAÏKUS au féminin sur les personnes, les animaux et les choses... 
  • Alphonse ALLAIS : Complainte amoureuse / La fille du vieux Peau-Rouge
  • Guillaume APOLLINAIRE : Bestiaire : Les sirènes, La mouche, La méduse / La colombe poignardée  / Les femmes
  • Louis ARAGON : Zadjal de l'avenir / La femme est l'avenir de l'homme (Jean FERRAT) / Isabelle / Les approches de l'amour et du baiser / Elsa / Elsa au miroir
  • Théodore de BANVILLE : Lorsque ma sœur et moi ... 
  • Charles BAUDELAIRE : La chevelure / Un hémisphère dans une chevelure / À une passante
  • André BERRY : D'une vieille à son miroir 
  • Alain BOSQUET : La mer

PAGE 2 (cliquez ici pour un accès direct) :

  • Georges BRASSENS : Bonhomme / Jeanne / Bécassine / La cane de Jeanne / Dans l'eau de la claire fontaine / Pénélope / Les sabots d'Hélène
  • André BRETON : Union libre (Ma femme)
  • Aristide BRUANT  (chanson)  : Rue Saint-Vincent
  • René-Guy CADOU : L'enfant précoce / Sainte-Reine-de-Bretagne / Parmi toutes mes roses / Ravensbrück / Je t'atteindrai Hélène  
  • Maurice CARÊME : Fantaisie / Belle de jour / L'écolière / Berceuse pour une rose / Tu es belle, ma mère / Pour ma mère / Ronde / La dînette
  • Philippe CHABANEIX : Les deux gitanes  
  • René CHAR : Léonides  
  • François-René de CHATEAUBRIAND : Souvenir du pays de France / À Lydie /   
  • Anne-Marie CHAPOUTON : Tortue / Quand on est tortue /ces textes sont ici : PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES 
  • Jacques CHARPENTREAU : La réunion de famille  [+ CRÉATION] / La soupe de la sorcière / Prénom  [+ CRÉATION] / La recherche / La fuyante / Le ciel de mon cœur
  • André CHÉNIER : La jeune captive

PAGE 3 (cliquez ici pour un accès direct) :

  • CHRESTIEN DE TROYES : Complainte des tisseuses de soie
  • Georges-Emmanuel CLANCIER : Juliette 
  • Jean COCTEAU : Odile
  • Pierre CORAN : La grenouille / Les souris et le chalutier/ Le O et la dactylo / Maman
  • Pierre CORNEILLE : Stances à Marquise
  • Charles CROS : Malgré tout / À la plus belle / Conseil / Déserteuses
  • Yvan DAUTIN : La méduse
  • Luc DECAUNES : Silence / Sur le livre d'or d'une petite fille / Les nouvelles prières
  • Lise DEHARME : La poule noire /ce texte est ici : PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES
  • Lucie DELARUE-MARDRUS : Petites souris / Les vaches /ces textes sont ici : PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES
  • Marceline DESBORDES_VALMORE : L'oreiller d'une petite fille /ces textes sont ici : PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES 
  • ROBERT DESNOS : Le canapé de Paméla [+ CRÉATION] / Ma sirène / La fourmi [+ CRÉATION]/ La dame pavot nouvelle épousée / Le dernier poème / J'ai tant rêvé de toi / À la mystérieuse / La furtive / La marjolaine et la verveine / Le narcisse et la jonquille / La lavande / La pervenche et la primevère / La pivoine
  • Michel DEVILLE : Lorsque et si [+ CRÉATION]

PAGE 4 (cliquez ici pour un accès direct) :

  • Charles DOBZINSKI : La mère 
  •  Paul ÉLUARD : L'amoureuse / La courbe de tes yeux / Portrait / Air vif / Premièrement
  • Maurice FOMBEURE : Air de ronde / Ma femme /Chanson de la belle / Chanson du loup et de la bergère / C'est le joli printemps 
  • Xavier FORNERET : Elle
  • Paul FORT : La ronde autour du monde
  • Théophile GAUTIER : Carmen / Séguidille  
  • Pierre GAMARRA : Bonne fête ma mère 
  • Fernand GREGH : La plus jeune fée 
  • GUILLEVIC : La pomme  / La forêt / L'alouette / Élégie 
  • Victor HUGO : Les femmes sont sur la terre ... / À une femme / Mes deux filles / Chanson de grand-père / À une jeune fille / Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé ... / Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir / Jolies femmes / Elle était pâle, et pourtant rose / Je t'aime, avec ton oeil candide / Le doigt de la femme 
     

    PAGE 5 (cliquez ici pour un accès direct) :

  • Max JACOB : Madame la Dauphine / La dame aveugle 
  • Jean de LA FONTAINE : La Cigale et la Fourmi / Le Renard et la Cigogne / La Colombe et la Fourmi / Le Lièvre et la Tortue / La Laitière et le Pot au lait / Le Chat, la Belette et le petit Lapin / La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf
  • Alphonse de LAMARTINE : À Elvire / Chant d'amour III  
  • Jean L'ANSELME : La femme qui a un gros ventre / C'est le grand amour / La mort de la machine à laver  
  • Boby LAPOINTE (chansons) : La maman des poissons / Ta Katie t'a quitté
  • Jean de LA VILLE DE MIRMONT : La mer / Amie aux gestes éphémères 
  • Maurice MAETERLINCK : Et s'il revenait un jour / L fille aux yeux bandés / Les sept filles d'Orlamonde ... 
  • Jean-Hugues MALINEAU : La chenille / Virelangue [+ CRÉATION]  
  • Stéphane MALLARMÉ : La marchande d'habits / La marchande d'herbes aromatiques / Apparition  
  • Pierre MENANTEAU : A l'école du buisson / Les sept filles du ciel / Le premier vol de l'hirondelle

1 avril 2008

Joëlle Abed, Etel Adnan, Claudia Adrover, Corinne Albaut

page 1 : A - B - C



Joëlle Abed est née en 1949.

Le chat

Le chat ne tuait pas l'oiseau
Il en gobait le chant

Gisant sur l'herbe
la clé de la dernière portée

déformée innocemment
par le jeu des canines

Joëlle Abed (titré "L'ombre portée" dans la revue '"L'Atelier imaginaire" - recueil "Lieux du tremble", éditions "L'Age d'homme", 1990)



Claudia Adrover (qui publie aussi sous le nom de Claudia Adrover-Sendra) est née en 1950. Elle a écrit de nombreux ouvrages, dont des recueils de poésie, et en particulier celui dont nous présentons des fragments, mais qu'il faudrait lire et dire entièrement. Il est tout entier consacré à la Loire : "La Loire au plus près", aux éditions "Donner à Voir", en 1999. Ce recueil de 29 pages est vendu à un prix modique, autour de 6 €, comme la plupart des ouvrages de cette collection, mais il est peut-être maintenant épuisé.

On pourra certainement en proposer des passages à la classe :

La Loire au plus près (fragments)

La Loire est une aïeule
qui se souvient
de son éternité liquide

Elle est l'eau millénaire
où l'arbre couche son ombre

et tu bois ton rêve
à ses rives vertes
pour préserver l'imaginaire.

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L'eau immobile
nous raconte des fonds imaginaires
où les racines feuillues
atteignent au centre de la terre. Miroir magique
qui enfante des arbres bicéphales
douce folie du printemps
née d'un ciel voilé
percé de mille boutons du jeune soleil.

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Loire reflet
tu témoignes du ciel
dans la liberté
d'une onde froissée, brisée
par un vent nomade.

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Le ciel de Loire
est descendu vers nous
mais quel limon
a volé sa lumière
au désarroi de l'eau ?

Claudia Adrover ("La Loire au plus près" - éditions Donner à Voir, 1999) 



Etel Adnan est née au Liban en 1925. Après des études universitaires en France, elle a poursuivi son cursus et enseigné aux Etats-Unis, où elle vit aujourd'hui. Romancière, essayiste et poète, elle a écrit des ouvrages en anglais et en français.

"J'ai commencé à écrire en français, parce que je suis allé à l'école française au Liban." E. Adnan

Je suis femme

Je suis femme
suis-je la Mère-terre ?
Je suis la moitié de l'Univers
Serai-je jamais un être entier ?
Je suis le silence qui m'entoure
et le jardin vide
Plus éphémère que nuage
je suis un point.

Etel Adnan



Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits.
La catégorie
PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE  rassemble d'autres comptines de Corinne Albaut.

Elle dirige également la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
Dans la jolie collection
"Les Petits Bonheurs", toujours chez Acte Sud junior, on trouvera plusieurs petits recueils intitulés "Comptines pour ...".

Les trois classes



Dans la classe
de Monsieur Leblond,


On cultive des potirons.

 

Dans la classe de Madame Levert,


On cultive des primevères.

Dans la classe
de Mademoiselle Legris,


On cultive des radis.


Dans son bureau la directrice,


Elle fait pousser des myosotis.

Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

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Une autre comptine, trouvée dans le recueil "Comptines pour compter" :
 

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
    Mercredi, mon short kaki,
    Jeudi, mon bermuda fleuri,
    Vendredi, ma chemise bleu nuit,
    Samedi, mon polo cramoisi,
    Dimanche, ma casquette blanche.

Chic, des pieds à la tête,
    Sept jours sur sept.

Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

fille_verte_cr_ation__PP10À la manière de Corinne Albaut : " Dans la classe de ... "

On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail dans une classe de CP.

À la manière de " Sept jours sur sept ... "

Exemple proposé par le blog, avec des rimes  ou assonances diverses :

Une semaine de vacances

Sept jours, dans la semaine,
Pour faire tout ce que j'aime.
Lundi, gagner à la loterie
Mardi, acheter un hélicoptère
Mercredi, faire le tour de la Terre

Jeudi, acheter un paquebot
Vendredi, voyager jusqu'à Rio
Samedi, ouf la semaine s'achève,
Dimanche, me reposer de mes rêves.

(proposé par lieucommun)
(Voir la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE  >>  pour d'autres idées de création poétique)

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Et ce dernier texte, qu'on trouvera dans le recueil "Comptines pour jouer à avoir peur" :

Avoir un dragon chez soi 

Avoir un dragon chez soi
Ce n'est pas si mal que ça,
Surtout lorsqu'il fait très froid.

Quand on lui tire la queue
Ça le rend tellement furieux
Que sa gueule crache du feu.

Il réchauffe l'appartement,
Il sèche les vêtements,
Les parents sont tout contents.

Corinne Albaut ("Comptines pour jouer à avoir peur" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1996)

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Le jour et la nuit

Quand on dit "bonjour",
Que les enfants courent
Vers l'école pour
Jouer dans la cour,
C'est le jour.

Quand la lune luit
Que les chats sont gris,
Qu'on est dans son lit
Au calme et sans bruit,
C'est la nuit.

Corinne Albaut ("Comptines en pyjama" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)



1 novembre 2009

COMPTINES EN VRAC - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

EN CONSTRUCTION !

Des comptines, des haïkus et des chansons, certains (mais pas tous) pour les enfants,  et en particulier sur le thème "ENFANCES". Ces textes là disent les jeux, les occupations diverses des enfants, le regard des autres sur eux ou évoquent plus ou moins cette période de la vie.

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COMPTINES

Plusieurs de ces comptines ont été empruntées ici :  http://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/maternelle

Comptines avec les notes de la gamme :

Do, ré, mi, la perdrix

Do, ré, mi la perdrix
Mi, fa, sol, elle s'envole
Fa, mi, ré, dans un pré
Mi, ré, do, tombe dans l'eau
 

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Rossignol
 
Rossignol joli
Do si do ré mi
Joli rossignol
Mi fa mi fa sol
Rossignol cendré
Fa sol fa mi ré
Fais chanter l'écho
Fa sol mi ré do

Pierre Roy

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La gamme

Qui chante en do ?
L'escargot !
Qui chante en ré ?
L'araignée !
Qui chante en mi ?
La fourmi !
Qui chante en fa ?
Le lama !
Qui chante en sol ?
La boussole !
Qui chante en la ?
Le cobra !
Qui chante en do ?
Le chameau !
Mais moi je chante de bas en haut :
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do !

Jacques Charpentreau

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Comme mon papa

Do, ré, mi, fa, sol
je vais à l'école
fa, sol, la, si, do,
je saurai bientôt
do, si, la, sol, fa
comme mon papa
sol, fa, mi, ré, do,
lire les journaux.

  Jacques Charpentreau("Jonglerimes" - Éditions Nathan, 1980)

 

crayon lieucommunComptines avec les notes de musique

Les notes de la gamme, au nombre de huit seulement, permettent la réalisation de comptines plus courtes que les comptines alphabétiques, mais le principe est le même. Voir aussi au paragraphe Louise de Vilmorin, un texte phonétique dans lequel les notes de musique trouvent leur place.

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Comptines avec les jours de la semaine :

partition_lundi_matin

Une chanson traditionnelle pour commencer (variante : "le roi, sa femme et le p'tit prince") :

L'empereur, sa femme et le petit prince

Lundi matin, l'emp'reur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Comme j'étais parti
Le p'tit prince a dit :
"Puisque c'est ainsi nous reviendrons Mardi!"
Mardi matin, l'emp'reur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Comme j'étais parti
Le p'tit prince a dit :
"Puisque c'est ainsi nous reviendrons Mercredi!"

[on continue] :
Mercredi matin...
Jeudi matin...
Vendredi matin...
Samedi matin...
Dimanche matin, l'emp'reur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Comme j'n'étais pas là
Le p'tit prince se vexa :
"Puisque c'est comme ça nous ne reviendrons pas! "

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Une comptine express (texte adapté, modifié par le blog) :

Bonjour lundi !
Comment va mardi ?
- Très bien, mercredi.
Je viendrai jeudi
pour dire à vendredi
qu'il se prépare samedi
à danser dimanche.

crayon lieucommunComptine des jours de la semaine

Cette comptine peut aider à mémoriser les jours de la semaine, dans l'ordre chronologique (oui, c'est déjà ça). Elle ne se prête pas facilement à la construction d'une histoire séquentielle, ni à une mise en rimes autre qu'en "i".
On peut cependant tourner la difficulté en situant ailleurs rimes ou asonances, et créer avec les noms des jours une comptine en forme d'emploi du temps plutôt inhabituel (cf le poème de Luc Bérimont Emploi du temps, qu'on trouvera plus haut dans cette page).

Exemple :

Le lundi je pilote un avion
Le mardi je joue d' l'accordéon
Le mercredi je reste au lit (pour structurer l'emploi du temps un  minimum !)
Le jeudi je danse le tango
Le vendredi je fais le zigoto
Le samedi je pèle des oranges
et le dimanche je les mange.

(texte proposé par le blog)

Au paragraphe "Corinne Albaut", un peu plus bas, on trouvera la comptine "Sept jours sur sept" avec d'autres idées pour la création poétique" :

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
(...)

  • La suite plus bas au paragraphe Corinne Albaut , avec des idées pour la création poétique.

Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

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Une autre comptine, qui rime en "i" cette fois :

Le lundi tout petit
le mardi tout gentil
le mercredi à l'abri
le jeudi étourdi
le vendredi dégourdi
le samedi endormi
et le dimanche tout recommence


anonyme

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Comptines avec les saisons :

En automne, tout m'étonne.
En hiver, j'espère.
Au printemps, j'apprends.
L'été : j'aurai tout oublié !

anonyme

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Comptines avec les mois de l'année :

Cette chanson est interprétée par Anne Sylvestre et Manick (paroles d'Emmanuelle Parrenin) :

La chanson des 12 mois

C'est janvier le premier né,
sa couronne sur la tête,
il dévore une galette!

Février c'est le second,
qui s'enrhume et qui grelotte,
qui réclame une bouillotte.

Regardez le mois de mars,
il dessine sur les branches
des pétales de soie blanche.

Le suivant s'appelle avril
et c'est le mois qui réveille
les oiseaux et les abeilles.

Quand le mois de mai s'en vient,
il met tout le monde à l'aise
devant un panier de fraises.

Pour fêter le mois de juin,
il faut entrer dans la danse
du soleil et des vacances.

En juillet s'en va dormir
entre deux bottes de paille
la chevelure en bataille.

Le mois d'août n'est qu'un voyou,
il invente des orages
pour taquiner les nuages.

Et septembre tout doré
prend la route de l'école
sous les feuilles qui s'envolent.

C'est octobre le suivant
qui te fait une frimousse
parsemée de tâches rousses.

Et novembre tout en gris
se dépêche dans la brume
d'attraper son premier rhume.

C'est décembre le dernier
qui réclame à tous ses frères
des cadeaux d'anniversaire.

Emmanuelle Parrenin

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Pour construire une comptine à la manière de, il y a aussi ce beau poème d'Alain Bosquet (1919-1998). Ne pas oublier de "s'amuser" en l'imitant :

Les mois de l’année

Janvier pour dire à l’année "bonjour !"
Février pour dire à la neige "il faut fondre"
Mars pour dire à l’oiseau migrateur "reviens"
Avril pour dire à la fleur "ouvre-toi"
Mai pour dire "ouvriers nos amis"
Juin pour dire à la mer "emporte-nous très loin"
Juillet pour dire au soleil "c’est la saison"
Août pour dire "l’homme est heureux d’être homme"
Septembre pour dire au blé "change-toi en or"
Octobre pour dire "camarades la liberté"
Novembre pour dire aux arbres "déshabillez-vous"
Décembre pour dire à l’année " adieu, bonne chance"
Et douze mois de plus par an,
Mon fils,
Pour te dire que je t’aime.

Alain Bosquet

crayon lieucommunComptine des mois de l'année

Exemples de structures imitées de ce poème :

Janvier pour dire, pour dire à ... / Janvier pour ... + verbe d'action / Janvier parce que... / etc.

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Comptines numériques :

Plusieurs des comptines qui suivent ont été empruntées ici : http://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/maternelle

Les oeufs

1, 2, v'là les oeufs
3, 4, faut les battre
5, 6, c'est Alice
7, 8 qui les cuit
9, 10, c'est Félix
11, 12 qui les couve

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La poule

1, 2, 3
4, 5, 6
7, 8, 9
Moi je compte jusqu'à neuf
Avant de pondre mon œuf.
1, 2, 3
4, 5, 6
Si je compte jusqu'à six,
Mon œuf est en pain d’épice
1, 2, 3
Si je compte jusqu'à trois,
Mon œuf est en chocolat.

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1,2,3, le lapin

1, 2, 3,
le lapin
est dans les bois,

4, 5, 6,
il va faire
de l’exercice,

7, 8, 9,
il court plus vite
que le bœuf,

10, 11, 12,
c’est la poule
qui est jalouse !

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

J'ai trouvé un œuf

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
J'ai trouvé un œuf
Sous la queue d'un bœuf

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Chaussettes

Chaud un, chaud deux, chaud trois, chaud quatre, chaud cinq, chaud six, chaussettes !

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1, 2, j'ai pondu deux oeufs

1, 2, j'ai pondu deux oeufs dit la poule bleue
1, 2, 3, j'en ai pondu trois répond l'oie
5, 6, 7, j'en ai pondu sept s'écrie la poulette
8 et 9 qu'il est beau mon oeuf !

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Ma petite vache a mal aux pattes

1, 2, 3, 4
Ma petite vache a mal aux pattes
Tirons-la par la queue
Elle ira bien mieux.

Comptine du Canada

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Reines

Une reine,
deux reines,
trois reines,
quatre reines,
cinq reines,
six reines*

*sirènes

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Hirondelles

Cinq hirondelles,
Dix hirondelles,
Quinze hirondelles...
Qu'attendent-elles?
D'autres hirondelles!
Combien seront-elles?
Des dizaines
Et des dizaines d'hirondelles !

Marie Tenaille

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A la une...

À la une, il perd une prune
À la deux, il perd deux œufs
À la trois, il perd trois noix
À la quatre, il perd quatre tomates
À la cinq, il perd cinq petits pains
À la six, il perd six saucisses
À la sept, il a tout semé
À la huit, a-t-il tout ramassé ?

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Comptine des canards sauvages (début)

Trois pleins d'air
Deux pains durs
Un pin d'or
Sors !

Quatre à quatre
Cinq agates
Qui cahotent
Saute !

...

Pierre Ferran (le texte intégral est plus loin, avec les poèmes de cet auteur)

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Le dindon et Dans mon filet à papillons

de Pierre Coran, sont rangées au paragraphe de cet auteur,un peu plus loin 

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L’ogre (début)

J’ai mangé un œuf
Deux langues de bœuf ...

Maurice Carême (le texte intégral est plus loin, avec les poèmes de cet auteur)

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Comptine additive :

Un éléphant se balançait ...

Un éléphant se balançait
sur une toile d'araignée
Il y trouva tant d'agrément
qu'il alla chercher
un deuxième éléphant ...

Deux éléphants se balançaient
sur une toile d'araignée
Ils y trouvèr'ent tant d'agrément
qu'ils allèr'ent chercher
un troisième éléphant ...

Trois éléphants se balançaient
sur une toile d'araignée
etc

Comptine traditionnelle de Provence

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Comptines alphabétiques :

L'étourdi

ABC
qui a vu passer
DEF
la tête à Joseph
GHI
quand elle est partie
JKL
elle avait des ailes
MNO
pour aller là-haut
PQR
voler dans les airs
STU
n'est pas revenue
VW
pour la retrouver
XYZ
il faut que tu m'aides.

Michel Beau ("Jonglerimes" - Éditions Nathan, 1980)

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On trouvera cette comptine en texte intégral au paragraphe Robert Gélis :

Alphabet

A B C D
Je ne veux pas céder !
E F G H
Il faut que je me fâche !
I J K L
Cette sacrée demoiselle

...... pour la suite voir Robert Gélis

Robert Gélis ("En faisant des galipoètes" - Anthologie de Poche - Éditions Magnard, 1983)

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Le chat (comptine adaptée)

A, B, C, D,
le chat s'est décidé
E, F, G, H,
à saisir une hache
I, J, K, L,
pour couper la ficelle
M, N, O, P,
où le jambon salé
Q, R, S, T,
est pendu tout l'été
U, V, W,
le jambon est tombé
X, Y, Z,
sur son dos raide.

Le voici étourdi
et nous avons le temps
de redire à présent
notre alphabet sans lui.

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z.

crayon lieucommunComptine alphabétique

Ces comptines peuvent aider à mémoriser l'alphabet. On peut en construire sur ces modèles en regroupant, comme pour les comptines numériques, les lettres par ensembles de 5 ou 6 de manière à réduire le texte d'accompagnement. (voir les Comptines numériques qui suivent). Toujours sur le mode humoristique.

Exemple (proposé par le blog) :

A, B, C, D, E , la poule a pondu des oeufs
F, G, H, I, J, dans un panier elle les a mis
K, L, M, N, O, mais ils sont tombés dans l'eau
P, Q, R, S, T, ils ont appris à nager
U, V, W, X, Y, puis ils se sont mis au sec

... (un temps)
"On a oublié le Z" *.

*variante : "Z,  sans que personn' ne les aide".

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Comptines avec les animaux :

Une souris verte

Une souris verte,
Qui courait dans l'herbe,
Je l'attrape par la queue,
Je la montre à ces messieurs.

Ces messieurs me disent :
" Trempez-la dans l'huile,
trempez-la dans l'eau,
ça fera un escargot tout chaud !

Traditionnel

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La même "souris verte" en version longue ! 

Une souris verte

Une souris verte qui courait dans l'herbe
Je l'attrape par la queue
Je la montre à ces messieurs
Ces messieurs me disent :
trempez la dans l'huile,
trempez la dans l'eau
Ca fera un escargot tout chaud
Je la mets dans mon chapeau
Elle me dit qu'il fait trop chaud
Je la mets dans mon tiroir
Elle me dit qu'il fait trop noir
Je la mets dans ma culotte
Elle me fait trois petites crottes
Je la mets là dans ma main
Elle me dit qu'elle est très bien

Traditionnel

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Deux amis

Une petite chouette
A perdu ses lunettes.
Elle bute partout
Et n'y voit rien du tout !
Un tout petit lapin
Lui montre le chemin
Et, la main dans la main,
Ils vont prendre le train.

Claude Clément ("Petites comptines pour tous les jours" - Nathan)

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Grosse dame hippopotame

Grosse dame hippopotame
marche sur le macadam
quel ramdam messieurs, mesdames
c'est madame hippopotame

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La grenouille

Une grenouille
sur un tabouret
mangeait des nouilles
avec des navets.
J'ai faim, dit-elle
ne touchez pas
à mon repas,
à mon repas !

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Une mite ou deux

Une mite ou deux
ça mange, ça mange
une mite ou deux
ca mange à qui mieux mieux :
les fourrures et les visons
les vestons, les pantalons
les manteaux et les jupons
les chaussettes et les chaussons
les bonnets, les édredons
tout en laine ou en coton...
Une mite ou deux
ça mange, ça mange
une mite ou deux
ça mange à qui mieux mieux !

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La grenouille

Une grenouille
sur un tabouret
mangeait des nouilles
avec des navets.
J'ai faim, dit-elle
ne touchez pas
à mon repas,
à mon repas !

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On attribue ce petit poème au savant biologiste Jean Rostand (1894-1977), fils d'Edmond Rostand (auteur de "Cyrano de Bergerac" entre-autres pièces de théâtre) et de Rosemonde Gérard, poète présente sur le blog dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES:

Coccinelle

Coccinelle, demoiselle
Où t’en vas-tu donc ?
Je m’en vais dans le soleil
Car c’est là qu’est ma maison.
Bonjour, bonjour, dit le soleil,
Il fait chaud et il fait bon.
Le monde est plein de merveilles
Il fait bon se lever tôt.

Jean Rostand 

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Coccinelle

Coccinelle, demoiselle
Bête à Bon Dieu
Coccinelle, demoiselle
vole vers les cieux
Petit point rouge

elle bouge
petit point blanc

elle attend
petit point noir

coccinelle, au revoir.

Chanson traditionnelle 

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Une araignée sur le plancher

Une araignée sur le plancher
Une araignée sur le plancher
se tricotait des bottes
Dans un flacon un limaçon
enfilait sa culotte
J'ai vu dans le ciel une mouche à miel
Pincer sa guitare
Un rat tout confus sonner l'angélus
Au son d'la fanfare

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Un têtard dans la mare

Un têtard dans la mare
Deux fourmis sur le tapis
Trois gros rats sous le hangar
Quatre lézards au bord du trottoir
Cinq lapins
Cachés dans le foin
Autant de petits enfants
Courant dans les champs !

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C’est qui ?

C’est la poule grise,
Qui pond dans l’église,
C’est la poule noire,
Qui pond dans l’armoire,
C’est la poule brune,
Qui pond dans la lune,
C’est la poule blanche,
Qui pond sur la planche.

Comptine traditionnelle du Périgord

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Une poule sur un mur

Une poule sur un mur
qui picore du pain dur
Picoti picota
lève la queue et puis s'en va

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Paul Savatier est un auteur contemporain d'albums pour les enfants :

La linotte

Je suis idiote
dit la linotte.
J'ai oublié mes bottes,
ma redingote,
et ma culotte.
J'ai froid à mes menottes
et je grelotte.
J'ai la tremblote
en sautant sur mes mottes.
Mais je ne suis pas sotte,
je chante sur six notes
et sur ma tête de linotte,
je porte une calotte
couleur carotte.

Paul Savatier ("Alphanimaux", illustrations de Paule Charlemagne et Florence Guiraud - Editions du Sorbier, 2001)

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Le cheval de bois

Dame, belle dame, au pas grave et lent,
Une, deux,
De ton fier cheval, de ton cheval blanc,
Sans me regarder, tu vas fièrement,
Une, deux.

Si je le voulais, j'irais comme toi
Une, deux,
Sur un vrai cheval, mais le mien, à moi,
M'obéit bien mieux, car il est en bois.
Une, deux.

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Comptines sur les personnes et les choses :

Les comptines sont en général très rythmées. Les enfants utilisent celle-ci dans un jeu d'"élimination". Ils forment un cercle, et le meneur de jeu désigne successivement chacun des participants en scandant la comptine syllabe par syllabe. Celui sur qui "tombe" le "hors" de "dehors" est éliminé. D'autres comptines (c'était leur rôle initial) permettront au contraire de désigner celui qui sera choisi.

Quelle heure est-il ?

Bonjour Madame.
Quelle heure est-il ?
Il est midi.

Qui est-ce qui l'a dit ?
La petite souris.

Où est-elle ?
Dans la chapelle.

Qu'y fait-elle ?
De la dentelle.

Pour qui ?
Pour les dames de Paris
Qui portent des souliers gris.

Pin pon d'or
La plus belle, la plus belle,

Pin pon d'or
La plus belle est en dehors.

Traditionnel

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autres comptines :

Bonjour madame

Bonjour madame, comment ça va ?
Ça va pas mal et votre mari ?
Il est malade à la salade
Il est guéri au céleri

anonyme ("Petites comptines pour tous les jours" - Nathan)

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Mère-grand

Mère-grand
Tricote en chantant ;
Avec la laine verte
Elle fait des chaussettes,
Avec la laine grise
Elle fait une chemise,
Avec la laine rouge
Elle fait un grand pull,
Avec toutes ses laines
Elle fait des mitaines.

anonyme ("Petites comptines pour tous les jours" - Nathan)

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On pardonnera à Anne Froisssard, compte tenu de l'humour de sa poésie, sa sévérité pour le grand âge (mais les autres époques féminines ne sont-elles pas également caricaturées ?) :

La bavarde

Ell'gigote
Ell'zozote
Babille babillant
Elle a trois ans.
Ell'papote
Ell'parlote
Jacasse jacassant
Elle a treize ans.
Ell'jabote
Ell'marmotte
Bavarde bavardant
Elle a trente ans.
Ell'radote
Ell'tricote
Bredouille bredouillant
Elle a cent ans.

Anne Froissard

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La pelouse interdite

Sur la pelouse du Grand Palais, Il est interdit de marcher.
Moi, qui suis très discipliné, J’y ai sauté,
Sauté, sauté comme un criquet. J’y ai trotté,
Trotté, trotté, comme un poney. J’y ai roulé
Roulé, roulé comme un boulet. Pourquoi le garde s’est-il fâché ?

Monique Hion ("Comptines de mon jardin" Actes Sud Junior, 1998)

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Maman

J'ai cueilli trois fleurs des champs,
Mais la plus jolie que j'aime tant,
Mais la plus jolie, c'est pour maman.
J'ai trouvé trois cailloux blancs,
Mais le plus joli que j'aime tant,
Mais le plus joli c'est pour maman.
J'ai aussi trois beaux rubans
Mais le plus joli c'est pour maman.

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Un ciel bleu

Un ciel bleu
Deux grands yeux
Trois nuages
Quatre images
Cinq longs doigts
Et voilà !

anonyme

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Bonjour

Bonjour, mon p'tit amour.
S'il te plaît, mon p'tit bébé.
Merci, mon p'tit chéri.
Pardon, mon p'tit mignon.
Coucou, mon  p'tit loup.
A tout à l'heure, mon p'tit cœur.
A bientôt, mon p'tit oiseau.
Au revoir, Mon p'tit canard.
Bonne nuit, mon p'tit ami.
A demain, mon p'tit lapin.

anonyme

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Deux amis

Une petite chouette
A perdu ses lunettes.
Elle bute partout
Et n'y voit rien du tout !
Un tout petit lapin
Lui montre le chemin
Et, la main dans la main,
Ils vont prendre le train.

Claude Clément ("Petites comptines pour tous les jours" - Nathan)

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C’est qui ?

C’est la poule grise,
Qui pond dans l’église,
C’est la poule noire,
Qui pond dans l’armoire,
C’est la poule brune,
Qui pond dans la lune,
C’est la poule blanche,
Qui pond sur la planche.

Comptine traditionnelle du Périgord

crayon lieucommun

Comptine "C'est ... qui..."

Répétition de la même structure, jeu avec les rimes et les assonances.
exemple : Drôles d'oiseaux
C'est le moineau / Qui fait son nid dans un tonneau

C'est l'alouette / Qui fait son nid dans la brouette
C'est ...

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Encore des comptines :

Les comptines sont en général très rythmées. Les enfants utilisent celle-ci dans un jeu d'"élimination". Ils forment un cercle, et le meneur de jeu désigne successivement chacun des participants en scandant la comptine syllabe par syllabe. Celui sur qui "tombe" le "hors" de "dehors" est éliminé. D'autres comptines (c'était leur rôle initial) permettront au contraire de désigner celui qui sera choisi.

Amstramgram*

plouf plouf
amstramgram*
pique et pique et colégram
bourre et bourre et ratatam
amstramgram

*variante :

Am, stram, gram

Am, stram, gram
Pic et pic et colégram
Bour et bour et ratatam
Am, stram, gram

Comptine traditionnelle

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Timélou lamélou

Timélou lamélou
Panpan timéla
Padi lamélou
Coucoudou
La baya
ah!

Comptine traditionnelle (datée de La Belle époque)

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Un petit bonhomme

Un petit bonhomme
Assis sur pomme,
La pomme dégringole,
Le petit bonhomme s’envole
Sur le toit de l’école.

Traditionnel

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Les mensonges

Ah ! j'ai vu, j'ai vu.
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une vache,
Qui dansait sur la glace,
À la Saint Jean d'été.
Compèr' vous mentez.

Ah ! j'ai vu, j'ai vu.
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une grenouille,
Qui faisait la patrouillle,
Le sabre au côté.
Compèr' vous mentez.

Ah, j'ai vu j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu un loup,
Qui vendait des choux,
Sur la place Labourée*.

Compèr' vous mentez.

Oh, j'ai vu j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une anguille,
Qui coiffait sa fille,
Pour s'aller marier.
Compèr' vous mentez.

* variante : la place "du marché"

Chanson-comptine traditionnelle du XVIIIe siècle

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Jamais on n'a vu...

Jamais on n'a vu, vu, vu
jamais on n'verra, ra, ra
la queue d'une souris, ris, ris
dans l'oreille d'un chat, chat, chat.

Comptine traditionnelle

Il y a des variantes, en voici une :

Jamais on n'a vu
Jamais on n'verra
Un petit chien
Porter des lunettes
Jamais on n'a vu
Jamais on n'verra
Le nez d'une souris
dans l'oreille d'un chat.

crayon lieucommun Comptines sur les modèles "Ah j'ai vu, j'ai vu..." et "Jamais on n'a vu ..."

"Ah j'ai vu, j'ai vu..."
Le premier modèle compose un dialogue, dont on peut garder le personnage ou lui donner un nom (Compère est un vieux mot), remplacé par X dans l'exemple qui suit. Les deux premiers vers riment (loup/chou ; vache/glace - assonance) et le dernier vers du mensonge devra rimer si possible en "é" avec "mentez". On acceptera, puisqu'elle est dans la version originale, l'apparente contradiction entre le tutoiement et le vouvoiement.
Une autre option consiste à ne pas utiliser la forme dialogue à chaque strophe, mais une suite de "mensonges" qui réunit toutes les productions retenues. On peut alors introduire la comptine par Compèr qu'as-tu vu ? , énoncer la suite de mensonges, et terminer par Compèr' vous mentez.

Ex : Ah ! j'ai vu, j'ai vu... / X qu'as-tu vu ? /
J'ai vu une poule /qui jouait aux boules /avec un oeuf carré /
X vous mentez

"Jamais on n'a vu ..."
La rime ici est un son voyelle commun à deux finales de vers. Sur cette structure question-réponse : Jamais on n'a vu, vu, vu, jamais on n'verra, ra, ra... on pourra proposer un jeu phonologique oral avec des sons voyelles (a, i, o, u , ou...). Les mots seront regroupés par rime commune. On cherchera à construire des situations impossibles et amusantes, comme dans la comptine.



1 novembre 2009

Decaunes, Deharme, Delarue-Mardrus, Desbordes-Valmore, Désert - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Luc Decaunes - et proverbes

Luc Decaunes (1913-2001), instituteur et journaliste français, était écrivain, biographe ("Les idées noires" , "Vie de Paul Éluard"...) et poète ("Le feu défendu", "Récréations", "Le cœur légendaire"...).
Sans appartenir lui-même réellement au Mouvement surréaliste, il était proche d'Éluard, Aragon, Tzara.

Du recueil "Chansons pour un bichon", qui comprend 60 chansons pour enfants (dont Luc Decaunes a écrit également la musique) et qu'on peut considérer comme des poèmes, voici deux titres :

Le porc-épic (chanson)

Avez-vous vu le porc-épic
Qui se baladait place du Trône ?
Avez-vous vu le porc-épic
Qui remontait la rue Lepic ?
Pic pic pic !
Dit le porc-épic,
Je ne pique pas, ma parole !
Pic pic pic !
Dit le porc-épic,
Je ne pique pas les aspics !

Luc Decaunes ("Chansons pour un bichon" - Éditions Seghers, 1979 et réédition 1999)

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Le tamanoir n'est pas bien vu (chanson)

Refrain :
Non !
Je ne veux pas vous voir,
Monsieur le Tamanoir !

I
Dans notre ferme il est un chien
Qui sent mauvais, qui ne vaut rien ;
Chacun se sauve quand il vient.
Moi... je l'appelle mon copain.

II
Dans la montagne il est un loup
Avec des yeux comme des trous
Et le cœur
dur comme caillou
... À qui j'ai donné rendez-vous.

III
Dans la rivière est un poisson
Qui ne mord pas les hameçons,
Seulement les petits garçons.
... On est amis comme cochons !

IV
Et dans mon lit sont des souris
Rongeant mes pieds à petits cris.
... Je leur apporte chaque nuit
Du bon fromage et du pain bis.

V
J'ai rencontré un éléphant,
Trompe terrible et grandes dents,
Qui fait peur à tous les enfants !
... Il a mon cœur, ce bon géant.

Luc Decaunes ("Chansons pour un bichon" - Éditions Seghers, 1979 et réédition 1999)

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Dans son recueil "Récréations" (Éditions Rougerie, 1977), Luc Decaunes s'est amusé à détourner des proverbes, des dictons.
En voici quelques-uns, choisis parmi les plus "convenables". Le jeu pour les élèves consiste à retrouver le proverbe initial :

Proverbes

Il n'y a pas de fusée sans queue.

Qui va en classe, perd sa grâce.

L'ennui porte conseil.

Il y a loin de la poule au lièvre.

Plus on a de poux, plus on vit.

Un bon chien vaut mieux que deux rats.

Tel blair, tel pif.

Qui trop embrase mal éteint *.

Luc Decaunes ("Récréations" - Éditions Rougerie, 1977)

* On trouve ce dernier proverbe dans un album du "Chat" de Philippe Geluck, les grands spirituels se rencontrent.

logo_cr_ation_po_tiqueDétournement de proverbes, de dictons

Répertorier des dictons et des proverbes, dans lesquels on remplacera certains noms ou verbes par des mots de sonorités approchantes, en gardant la construction initiale. C'est encore mieux si le proverbe prend un nouveau sens, amusant (comme plusieurs dans la liste ci-dessus).

Exemples classiques (ou presque) :

Ne remets jamais à deux mains ce que tu peux faire avec une seule.
Un seul hêtre vous manque et tout est des peupliers (attribué à Raymond Queneau).
À vaincre sans baril, on triomphe sans boire.

  • Une variante consiste à ne modifier que la fin du proverbe, pour provoquer une surprise. marquer un temps d'arrêt avant la "chute".

Exemples :
Neige en novembre ... Noël en décembre.
C'est au pied du mur qu'on voit le mieux ... le mur (JM Bigard).
On a souvent besoin de petits pois chez soi (ancienne publicité) 

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Exemples d'un autre auteur, Guy de la Mothe ("Jeu des proverbes travestis", dans "Notes en marge") :

Jamais deux sans trois devient >  Jamais deux sans toi.
À quelque chose malheur est bon devient >  À quelque rose bonheur est bon.
Mon verre n'est pas grand mais je bois dans mon verre devient >  Mon rêve n'est pas grand mais je bois dans mon rêve.

variante proposée par le blog  : Mon rêve n'est pas grand mais je crois dans (ou "en") mon rêve.


 


 

- Lise Deharme -

Lise Deharme (1907-1981), est une romancière et poète française, proche des Surréalistes.

Quelques poèmes pour les enfants :

L'horloger

La petite bête
Qui est dans la montre
Je l’entends gratter
Je l’entends taper
Je l’entends sonner
Que dit-elle ? Tic-tac
Tic-tac-tic

La petite bête
Est morte ce soir
Monsieur l’horloger
Veux-tu la retrouver
Veux-tu la ramener
Ma petite bête.
Ne veut plus chanter

La petite bête
Monsieur l’horloger
Me l’a retrouvée
Elle était coincée
Par un grain de blé
Que dit-elle ? Tic-tac
Tic-tac-tic

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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La poule noire

La poule noire
dans le potager
a crié
comme une enragée.
Les fermiers
sont allés la voir ;
elle a dit qu'il allait pleuvoir.
On ne l'a pas crue lanturlu,
et mon beau chapeau est perdu !

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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La plume

Une plume est tombée
par terre.
Va la ramasser.
- Pour quoi faire ?
Il va pousser un plumier.

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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Curieuse

Tes cheveux sont des araignées noires et griffues
ton front un désert de sable blond
ton nez une vague de son
tes dents ont faim
ta bouche est fine
ton menton
une colline aiguë
mais tes yeux sont deux cratères
de lave et de gouffres ouverts
semés d'étincelles et de feu
Tes yeux sont deux mondes perdus.

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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Le cochon blond

Le cochon blond
aime le jambon
Il l’aime
jusqu’à l’indigestion
mais ce n’est pas bon
pour lui-même.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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Les pâquerettes

Les pâquerettes
trop simplettes
sont des petites dames
sans âme.
Elles font des rondes le jeudi
et sont mangées par les brebis
le vendredi.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)



- Lucie Delarue-Mardrus -

Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) a écrit de nombreux poèmes, romans, contes et nouvelles. Elle était aussi dessinatrice, sculptrice et historienne.

Notre recueil référence est "Poèmes mignons pour les enfants". C'est de cet ouvrage que sont tirés les textes ci-dessous.

 

Petites souris

C’est la petite souris grise,
Dans sa cachette elle est assise.
Quand elle n’est pas dans son trou,
C’est qu’elle galope partout.

C’est la petite souris blanche
Qui ronge le pain sur la planche.
Aussitôt qu’elle entend du bruit,
Dans sa maison elle s’enfuit.

C’est la petite souris brune
Qui se promène au clair de lune,
Si le chat miaule en dormant,
Elle se sauve prestement.

C’est la petite souris rouge,
Elle a peur aussitôt qu’on bouge !
Mais, lorsque personne n’est là,
Elle mange tout ce qu’on a.

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Problème

On coupe deux pommes en quatre,
Combien cela fait-il de quarts ?

Hélas ! Au lieu de me débattre,
J'aimerais mieux manger les parts !

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Le chat noir

J'ai dans ma cave un chat noir.
Ses yeux sont de couleur claire.
Mais s'il les ferme, bonsoir !
Pour le trouver, rien á faire !

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Les poissons rouges

- Les poissons rouges du bocal
Ont de l'eau par-dessus la tête.
Cela ne leur fait donc pas mal ?

- Bien sûr que non, petite bête !
Vois s'ils sont vifs et déliés !
C'est dans l'air qu'ils seraient noyés.

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Les vaches

Quand je traverse le terrain,
Les vaches des fermes modèles,
Pourquoi donc me regardent-elles ?
Pourtant je ne suis pas un train !

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Le cochon

- Pourquoi marche-t-il, le cochon,
Si fier à travers la prairie ?

- C'est qu'à lui tout seul, des pieds au front,
Il est une charcuterie.

Lucie Delarue-Mardrus ("Poèmes mignons pour les enfants" - Gedalge, 1929)



- Marceline Desbordes-Valmore -

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) publie à l'âge de 23 ans son premier recueil : Élégies, Marie et Romances. Sensible, romantique, lyrique, sa poésie humaniste et sociale invente de nouvelles formes dont se sont inspirés sans doute des poètes comme Verlaine et Rimbaud.

plusieurs poèmes, pour sa fille et pour d'autres enfants :

Ma fille

T'es ma fille ! T'es ma poule !
T'es le petit coeur qui roule
Tout à l'entour de mon coeur !
T'es le p'tit Jésus d'ta mère !
Tiens ! gnia pas d'souffrance amère
Que ma fill' n'en soit l'vainqueur.

Gnia pas à dir', faut qu'tu manges.
Quoiqu' tu vienn's d'avec les anges,
Faut manger pour bien grandir.
Mon enfant, j't'aim' tant qu'ça m'lasse;
C'est comme un' cord' qui m'enlace,
Qu' çà finit par m'étourdir.

Qué qu'ça m'fait si m' manqu' queuqu'chose,
Quand j'vois ton p'tit nez tout rose,
Tes dents blanch's comm' des jasmins ;
J'prends tes yeux pour mes étoiles,
Et quand j'te sors de tes toiles
J'tiens l'bon Dieu dans mes deux mains.

T'es ma fille ! T'es ma poule !
T'es le petit coeur qui roule
Tout à l'entour de mon coeur !
T'es le p'tit Jésus d'ta mère !
Tiens ! gnia pas d'souffrance amère
Que ma fill' n'en soit l'vainqueur !
 

Marceline Desbordes-Valmore ("Poésies en patois") 

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À mes enfants

Quand le soleil y passe, ouvrez votre fenêtre ;
Lui seul sait essuyer l’humide et sombre hiver.
Si le bonheur absent vient pour vous reconnaître,
Que votre cœur charmé, tout grand lui soit ouvert !

Gardez-vous de bouder, enfants, contre vous-mêmes.
Sachez : l’or est moins pur qu’un tendre et doux conseil.
Enfants : ne pas sourire à l’ami qui vous aime,
C’est tourner le dos au soleil.

Marceline Desbordes-Valmore

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L'oreiller d'un enfant

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc ! et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

Beaucoup, beaucoup d'enfants pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir ;
Ils ont toujours sommeil. Ô destinée amère !
Maman ! douce maman ! cela me fait gémir.

Et quand j'ai prié Dieu pour tous ces petits anges
Qui n'ont pas d'oreiller, moi j'embrasse le mien.
Seule, dans mon doux nid qu'à tes pieds tu m'arranges,
Je te bénis, ma mère, et je touche le tien !

Je ne m'éveillerai qu'à la lueur première
De l'aube ; au rideau bleu c'est si gai de la voir !
Je vais dire tout bas ma plus tendre prière :
Donne encore un baiser, douce maman ! Bonsoir !

Marceline Desbordes-Valmore

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Au revoir

Sous tes longs cheveux d'or, quand tu cours sur la grève
Au vent,
Si quelque prompt ramier touche ton front qui rêve
Souvent,
De cette aile d'oiseau ne prends pas, ô ma fille !
D'effroi :
Pour baiser son enfant** c'est une âme qui brille :
C'est moi !
Parmi d'autres enfants qui te font toute heureuse,
Le soir,
Quand tu vas au jardin, lasse d'être rieuse,
T'asseoir;
Si tu t'inquiétais comment je passe l'heure,
Sans toi,
Penche un peu ton oreille à cet oiseau qui pleure :
C'est moi !

Marceline Desbordes-Valmore

* articulation pour l'équilibre du vers : "t'inqui/étais"
** Variante possible : "pour aimer son enfant " (le sens du verbe a évolué). Il serait évidemment préférable de garder la version originale ...

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Un nouveau-né (passage)

...
Toi, cher petit dormeur, notre monde te plaît :
Ton âme est toute blanche et n'a bu que du lait !
Depuis si peu d'instants descendu sur la terre,
Tes yeux nagent encor dans un divin mystère ;
Tu revois la maison d'où tu viens, ton beau ciel,
Et ton baiser qui s'ouvre en a gardé du miel !

Marceline Desbordes-Valmore

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Jours d'été

Pour regarder de près ces aurores nouvelles,
Mes six ans curieux battaient toutes leurs ailes ;
Marchant sur l'alphabet rangé sur mes genoux,
La mouche en bourdonnant me disait : "Venez-vous ? ..."
et mon nom qui teintait dans l'air ardent de joie,
les pigeons sans liens sous leur robe de soie,
Mollement envolés de maison en maison,
Dont le fluide essor entraînait ma raison,
Les arbres, hors des murs, poussant leurs têtes vertes,
jusqu'au fond des jardins les demeures ouvertes,
le rire de l'été sonnant de toutes parts,
Et le congé, sans livre ! errant aux vieux remparts :
Tout combattait ma soeur à l'aiguille attachée ;
tout passait en chantant sous ma tête penchée ;
Tout m'enlevait, boudeuse, et riante à la fois ;
Et l'alphabet toujours s'endormait dans ma voix.

Marceline Desbordes-Valmore ("Bouquets et prières")



- Anne-Marie Désert -

Anne-Marie Désert est une auteure contemporaine. Elle a publié deux recueils : "L'arbre transparent", 1974, réédité en 1983, et le récent "Quatre saisons dans l'arbre transparent", éditions Books On Demand, juin 2010. On retrouve dans ce dernier, avec d'autres textes, les poèmes du premier recueil.

"j'ai ma maison dans un arbre ..."

Anne-Marie Désert a publié son premier recueil en 1983, que des poètes ont salué (Norge, Guillevic ...).

Elle nous donne à voir (août 2010) ce beau texte, qui peut ouvrir les chemins de la poésie sensible aux élèves, dès l'élémentaire :

LES VACHES (titre proposé)

UN TEMPS J’AVAIS UN GRAND SAC
OÙ S’ÉGARAIENT PARFOIS LES VACHES.

J’AIMAIS OUVRIR MON SAC
POUR REGARDER LES TROUPEAUX.

SANS UN REGARD,
LEURS YEUX TROUVAIENT DES CHEMINS
DE TRAVERSE EN HAUT DES ARBRES.

ET DANS LE SILENCE
JE NE LAISSAIS RIEN ENTRER
QUE LEURS SABOTS
.

Anne-Marie Désert ("L'arbre transparent") - texte original en capitales d'imprimerie



1 novembre 2009

Carême - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Maurice Carême -

Maurice Carême, instituteur belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr), et ses textes se baladent un peu partout sur le blog. Explorez les catégories !

La plupart des textes se trouvent sur le site de la Fondation Maurice Carême - http://www.mauricecareme.be/fondation.php

Careme livre etre ou ne pas etre

La fillette et le poème

"Le poème, qu'est-ce que c'est ?
M'a demandé une fillette :
Des pluies lissant leurs longues tresses,
Le ciel frappant à mes volets,
Un pommier tout seul dans un champ
Comme une cage de plein vent,
Le visage triste et lassé
D'une lune blanche et glacée,
Un vol d'oiseaux en liberté,
Une odeur, un cri, une clé ?"

Et je ne savais que répondre
Jeu de soleil ou ruse d'ombre ? -
Comment aurais-je su mieux qu'elle
Si la poésie a des ailes
Ou court à pied les champs du monde ?

Maurice Carême © Fondation Maurice Carême (recueil posthume "Être ou ne pas être" - Collection La petite Belgique - éditions l'Age d'Homme, 2008)

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Alphabet

A c'est l'âne agaçant l'agnelle,
B c'est le boulevard sans bout,
C la compote sans cannelle,
D le diable qui dort debout.
E c'est l'école, les élèves,
F le furet féru de grec,
G la grive grisant la grève,
H c'est la hache et l'homme avec.
I c'est l'ibis berçant son île,
J Le jardin sans jardinier,
K le képi du chef kabyle,
L le lièvre fou à lier.
M c'est le manteau bleu des mages,
N la neige bordant le nid,
O l'oranger pris dans l'orage,
P le pain léger de Paris.
Q c'est la quille sur le quai,
R la rapière d'or du roi,
S le serpent qui s'est masqué,
T la tour au-dessus des toits.
U c'est l'usine qui s'allume,
V le vol du vent dans la voile,
W le wattman de lune,
X le xylophone aux étoiles.
Y c'est les yeux doux du yack
Oublié dans le zodiaque,
Z le zigzag brusque du zèbre
Qui s'enfuit dans les ténèbres,k

Malheureux parce qu'il est
Le dernier de l'alphabet.

 Maurice Carême ("A cloche-pied" - éditions Ouvrières, 1972)

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Avez-vous vu ?

Avez-vous vu le dromadaire
Dont les pieds ne touchent pas terre ?

Avez-vous vu le léopard
Qui aime loger dans les gares ?

Avez-vous vu le vieux lion
Qui joue si bien du violon ?

Avez-vous vu le kangourou
Qui chante et n'a jamais le sou ?

Avez-vous vu l'hippopotame
Qui minaude comme une femme ?

Avez-vous vu le perroquet
Lançant très haut son bilboquet ?

Avez-vous vu la poule au pot
Voler en rassemblant ses os ?

Mais moi, m'avez-vous bien vu, moi,
Que personne jamais ne croit ?

Maurice Carême

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Fantaisie

L'homme habitait un quart de pomme ;
La femme, un huitième de poire.
Leur vieille cousine Opportune
Vaquait dans une demi-prune.
Il y avait monsieur Léon
Qui débordait d'un gros citron
Et sa soeur, madame Émérence,
Qui emplissait toute une orange.
Quant à moi, chétive fillette,
Je tenais dans une noisette
Et, comme je n'étais pas grosse,
Il arrivait, les jours de fête,
Que je m'y déplace en carrosse.

Maurice Carême

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Mon petit chat

J’ai un petit chat,
Petit comme ça.
Je l’appelle Orange.

Je ne sais pourquoi
Jamais il ne mange
Ni souris ni rat.

C’est un chat étrange
Aimant le nougat
Et le chocolat.

Mais c’est pour cela,
Dit tante Solange,
Qu’il ne grandit pas !

Maurice Carême ("La lanterne magique" - éditions Ouvrières, 1947)

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L’ogre

J’ai mangé un œuf
Deux langues de bœuf
Trois rôtis de mouton
Quatre gros jambons
Cinq rognons de veau
Six couples d’oiseaux
Sept immenses tartes
Huit filets de carpe
Neuf kilos de pain
Et j’ai encore faim
Peut-être ce soir
Vais-je encore devoir
Manger mes deux mains
Pour avoir enfin
Le ventre bien plein.

Maurice Carême ("L'Arlequin" -  éditions Fernand Nathan, 1970)
Voir aussi les comptines numériques  en page 1.

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Trois escargots

J'ai rencontré trois escargots
Qui s'en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?

Maurice Carême

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Un poème pour mémoriser une règle d'orthographe en s'amusant :

Le hibou

Caillou, genou, chou, pou, joujou, bijou,
Répetait sans fin le petit hibou.

Joujou, bijou, pou, chou, caillou, genou
Non, se disait-il, non, ce n' est pas tout.

Il y en a sept pourtant, sept en tout :
Bijou, caillou, pou, genou, chou, joujou.

Ce n' est ni bambou, ni clou, ni filou
Quel est donc le septième ? Et le hibou,

La patte appuyée au creux de sa joue,
Se cachait de honte à l'ombre du houx.

Et il se désolait, si fatigué
Par tous ses
devoirs de jeune écolier

Qu' il oubliait, en regardant le ciel
Entre les branches épaisses du houx

Que son nom, oui, son propre nom, hibou,
Prenait, lui aussi, un X au pluriel.

Maurice Carême

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Ce qui est comique

Savez-vous ce qui est comique ?
Une oie qui joue de la musique,
Un pou qui parle du Mexique,
Un bœuf retournant l'as de pique,
Un clown qui n'est pas dans un cirque,
Un âne chantant
un cantique,
Un loir champion olympique.
Mais ce qui est le plus comique,
C'est d'entendre un petit moustique
Répéter son arithmétique.

Maurice Carême

logo_cr_ation_po_tique "Savez-vous ce qui est comique...?"

Imaginer encore (les rimes en ique sont nombreuses), ce qui peut être comique.

Construire d'autres poèmes avec ce qui est amusant (rimes simples encore plus nombreuses) ; ce qui est drôle, et puis toujours avec humour, ce qui est agaçant, énervant, insupportable, étonnant, possible ou impossible, incroyable, inadmissible, etc.

Ici encore on pourrait imaginer un genre de Cadavre exquis (voir André Breton plus haut) en deux étapes pour les vers du poème (dans l'exemple, la séparation est indiquée par / ), en respectant la  rime dans la seconde partie du vers  (avec les élèves plus grands on peut même décider du nombre de syllabes de chaque partie). On gardera le maximum de productions correctes en réorganisant peut-être le poème et on imaginera collectivement la chute, si chute il y a ("Mais ce qui est le plus agaçant... c'est ...")

ex : Ici, avec "Ce qui est agaçant", on a essayé d'imaginer, sans savoir quel serait le sujet, des situations en rapport avec le thème. Dans la consigne, si on ne décide pas du singulier ou du pluriel (ça laisse plus de champ), on accordera grammaticalement lors de la mise au point, dans chaque doublette de Cadavre exquis ou en grand groupe  :

Un kangourou / qui vous fait perdre votre temps
Une tortue  / qui ne se lave pas les dents
Une fleur fanée  / qui prend son bain en chantant ...

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Deux petits éléphants

C’était deux éléphants
Deux petits éléphants tout blancs.

Lorsqu’ils mangeaient de la tomate
Ils devenaient tout écarlates.

Dégustaient-ils un peu d’oseille,
On les retrouvait vert bouteille.

Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.

On leur donnait alors du lait,
Ils redevenaient d’un blanc frais
.

Mais on les gava, près d’Angkor,
Pour le mariage d’un raja,

D’un grandsachet de poudre d’or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,

D’un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,

Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.

Maurice Carême ("Pomme de reinette" - Fondation Maurice Carême, 1962)

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L'heure du crime

Minuit. Voici l'heure du crime.
Sortant d'une chambre voisine,
Un homme surgit dans le noir.

Il ôte ses souliers,
S'approche de l'armoire
Sur la pointe des pieds
Et saisit un couteau
Dont l'acier luit, bien aiguisé.

Puis, masquant ses yeux de fouine
Avec un pan de son manteau,
Il pénètre dans la cuisine
Et, d'un seul coup, comme un bourreau
Avant que ne crie la victime,
Ouvre le cœur d'un artichaut.

Maurice Carême ("Au clair de la lune" - éditions Hachette, Le Livre de Poche jeunesse, 2003)

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L'enfant

À quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc.

On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.

Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?

Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais
D'où il voyait toute la mer.

Maurice Carême ("Mer du Nord" - album en 1968 et éditions Nathan, 1971, dessins originaux de Henri-Victor Wolvens)

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Ton poème

Ton poème, m'a dit l'enfant,
J'en ferai un petit bateau,
Et il ira si loin sur l'eau
En bavardant avec les vents,
Il contournera tant d'îlots,
Qu'il rencontrera le cobra
Qui joue de la flûte d'ébène
Pour faire danser les rajas
Dont tu parles dans ton poème.

Maurice Carême ("La cage aux grillons" - 1959, Paris, Les Editions ouvrières, 1973)

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La tranche de pain

Un enfant seul,
Tout seul avec en main
Une belle tranche de pain,
Un enfant seul
Avec un chien
Qui le regarde comme un dieu
Qui tiendrait dans sa main
La clé du paradis des chiens.
Un enfant seul
Qui mord dans sa tranche de pain,
Et que le monde entier
Observe pour le voir donner
Avec simplicité,
Alors qu'il a très faim,
La moitié de son pain
Bien beurré à son chien.

Maurice Carême ("Au clair de la lune" - éditions Hachette, Le Livre de Poche jeunesse, 2003)

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Ma gomme

Avec ma gomme, dit l’enfant
- La gomme que j’ai dans le cœur -
Je puis rayer tous les malheurs.

Avec ma gomme, dit l’enfant,
Je pourrais faire disparaître
L’univers et tous ses vivants.

Mais qui jamais sur cette terre
- Fût-il le Dieu le plus fûté -
Serait capable d’effacer

Avec sa gomme de lumière
Le beau visage de ma mère
Du livre de l’éternité !

Maurice Carême

poèmes © Fondation Maurice Carême

Merci à la Fondation Maurice Carême, pour avoir signalé les erreurs dans plusieurs textes (on trouve souvent sur Internet les poèmes de Maurice Carême grossièrement déformés. Par respect pour les auteurs, lieucommun s'efforce de proposer les textes dans leur écriture originale - http://www.mauricecareme.be/fondation.php



1 novembre 2009

Chedid - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

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- Andrée Chedid -

Andrée Chedid ( prononcer "chédid" mais pas d'accent écrit sur le "e"")  est une poétesse française aux racines multiples. 
Née en 1920 en Égypte (Le Caire) de parents libanais, elle vit au Liban de 1942 à 1946 puis vient s'installer en France (où elle avait séjourné enfant) et adopte la nationalité française.  Elle a disparu en février 2011. Le printemps des Poètes 2010 ("couleur femme" lui était dédié.
Auteure de nombreux romans, récits, pièces de théâtre, recueils de poésies, ainsi que des contes et comptines pour les enfants, elle écrit aussi des textes de chansons pour son petit-fils Matthieu Chedid ("M"), le fils de Louis Chedid.

 

"Toi
Qui que tu sois
Je te suis bien plus proche qu'étranger".

(derniers vers du poème TOI-MOI" - "Visage premier, Flammarion, 1972)

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Sur le thème "Enfances", ce texte fort :

Regarder l'enfance

Jusqu’au bord de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses pleurs
Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche

Ou te frayant chemin

 

Andrée Chedid ("Épreuves du vivant" - éditions Flammarion, 1983)

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Sur ce blog, on trouve un autre choix de textes d'Andrée Chedid ici, pour le Printemps des Poètes 2010 :

http://lieucommun.canalblog.com/archives/_print_poetes_2010___andree_chedid/index.html

Le rire

Le rire
Pour rire
Quitta les hommes
Ce fut navrant
Fallait voir comme
Mais le rire
Bonhomme
Regagna son "home"
Riant riant
De voir comment
Un homme sans rire
N'est plus un homme

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976) - et sur le site du Printemps des Poètes

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L’anniversaire

J’ai neuf ans
Salut les vétérans !
J’aime l’élan
Mais pas les caïmans

J’ai neuf ans
Salut les descendants ! 
J’aime Laurent
Un peu plus que maman

Andrée Chedid

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Le caillou

Le caillou
Passe-partout
Sans froufrou
Sans bagout
Est jaloux, très jaloux
De Nicéphore, le Pou
Ce casse-cou
Vent-debout
Qui court le guilledou !

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)

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La cervelle de papa

La sardine a des arêtes,
Papa n'en a pas !

Papa, lui, a un squelette,
Que la sardine n'a pas !

La machine a des ailes,
Papa n'en a pas !

Papa, lui, a de la cervelle,
Il dit que la machine, pas !

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)

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Histoire de cou

Un jour, le kangourou
Se fit gourou
Pour se monter le cou
Et la girafe
Dut faire gaffe
De peur de tomber
En carafe !

Andrée Chedid

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La fringale

Holà ! Holà !
Tous, garez-vous !
Les durs les doux
Les secs les mous
Holà ! Holà !
Je donne le signal :
Voilà que Dame Noix
A sa FRINGALE !

Les petits gâteaux
Font le gros dos
Les Cochonailles
De peur, défaillent
Les Confitures
Se claquemurent
Tous les Anchois
Sont aux abois

Mais rien rien Rien
Ne résistera
À la FRINGALE
De Dame Noix !

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)

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La fourmi et la cigale

"Fini, fini !"
Dit la fourmi.
"Au diable la parcimonie ! Dès aujourd’hui
Je convie
Toutes cigales affranchies
A me chanter leurs mélodies,
Et nous fêterons, en compagnie,
La vie qui bouge,
La vie qui fuit !"

"Holà, holà !"
Fit la cigale
Poussant un cri très vertical.
"Pour moi, adieu le carnaval !
L’hiver, l’hiver m’a tant appris,
Et le souci tant rétrécie,
Que j’ai rangé toutes mes rêveries
Pour m’établir
En Bourgeoisie !"

Andrée Chedid

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L'éponge

Une éponge
Songe
Songe
Songe aux songes
D'une éponge
Qui songe

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)

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illustration du poème dans l'ouvrage "101 poèmes pour les petits"

La chèvre magique

La chèvre magique
A des tiques
Dans l'oreille gauche
Dans l'oreille droite
Et tic et tac
Et gratte et gratte
La chèvre magique
Se détraque

Andrée Chedid ("Lubies" - GLM, 1962  et "101 poèmes pour les petits" - Bayard Jeunesse, 2002)

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L'onomatopée

Lolo, nono,
Mama, topée !
C'est pas possible
A prononcer !

Glou-glou, tic-tac
Do-do, pé-pé,
Tout ça
C''est de l'O
NOMATOPÉE !

Lolo, nono
Mama, topée !
Un mot
A vous rendre toqué !

Cui-cui, chut-chut
Boum-Boum, yé-yé
Voilà des O
NOMATOPÉE ! *

Lolo, nono
Mama, topée!
Pourquoi vouloir
Tout compliquer !

    [* écrit sans S]

Andrée Chedid    [* écrit sans S]

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Éloge de l'Accent

"Aigu
Grave
Ou circonflexe
Avec zèle
J’annexe
Par kyrielles
Les Voyelles !

A E I O U, mes Belles !
Je vous suis providentiel !
 
Je vous coiffe à tire-d’aile
Je vous gèle
Je vous flagelle
Je vous grêle
Je vous ombrelle !

U O I E A, Agnelles!
Rendez-vous à mes appels ! 
   
Aigu
Grave
Ou circonflexe
Je le répète sans complexe :
C’est l’Accent
Qui fait le Texte !

* La dernière strophe est absente de l'édition "Étonnants Classiques" Garnier-Flammarion 1996.

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973 et 1996)

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Sur le thème du Printemps 2012, "ENFANCES", un texte plus difficile et profond  :

Brève invitée

Ma lande mon enfant ma bruyère
Ma réelle mon flocon mon genêt,
Je te regarde demain t’emporte 
Où je ne saurais aller.

Ma bleue mon avril ma filante
Ma vie s'éloigne à reculons,
A toi les oiseaux et la lampe
A toi les torches et le vent.

Mon cygne mon amande ma vermeille
A toi l'impossible que j'aimais
A toi la vie, sel et soleil,
A toi, brève invitée.

Andrée Chedid ("Seul le visage", 1960 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)  

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Ce dernier texte est la contribution d'Andrée Chedid à la dénonciation de la violence et de la guerre qui touche même les enfants

L’enfant est mort

L’enfant est mort

Le village s’est vidé
de tous ses combattants

Rivé à sa mitraillette
dont les rafales de feu
viennent d’achever l’enfant
L’ennemi tremble d’effroi
à l’abri d’un vieux mur

Tout est propre autour:
le ciel
la mer
l’été rieur
les pins

L’ennemi
a lancé au loin
par-delà les collines
ses vêtements et son arme
son histoire et ses lois

Pour se coucher en pleurs
à deux pas d’une fontaine
sous l’ombre d’un oranger

Près du corps de l’enfant.

Andrée Chedid (dans "Poème pour un texte (1970 - 1991)", dans "Au cœur du cœur", Librio, 2010 et dans l'anthologie " On n'aime guère que la paix" - Jean-Marie Henry - Alain Serres et Nathalie Novi - éditions Rue du Monde)



1 novembre 2009

Claudel, Clausard - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Paul Claudel -

Paul Claudel(1868-1955) est connu pour ses pièces de théâtre ("Le soulier de satin") et son oeuvre poétique, marquée par sa foi catholique. Il a été aussi diplomate.

On trouvera ci-dessous quelques textes moins attendus.

La maison du marchand de sable (extrait)

Petit bout, le monde est parti.
On a roulé les tapis.

Moi aussi, parti, hélas !
Mais je sais ce qui se passe.

J'ai dans l'oreille un cricri
Qui me conte ce qu'on lui dit.

J'ai vendu au marchand de sable
Ce château considérable.

On a fermé les volets.
Entrez, Madame ! s'il vous plaît !

Entrez, Madame la souris !
Serviteur, Monsieur le rat gris !

Grigna grigno grigna gris !
Il fait bon, il fait noir et gris.

Personne pour nous déranger.
Allons voir le garde-manger.

On m'a parlé d'une tartine
Là-dedans qui se ratatine.

La lune coule un oeil d'or
À travers le corridor.

Il y a un bonhomme gris
Qui taquine le rat gris.

[...]

Dans sa boutique l'araignée
Tourne son moulin à café.

Quelqu'un tire la sonnette.
Bonjour donc, Mam'zelle Annette !

Ma robe est trouée par derrière.
C'est-i vous la couturière ?

Si vous me la raccomodez,
Aussitôt je vous paierai,

Je vous réglerai la note
Avec une petite crotte.

[...]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Paul Claudel a été en poste d'ambassadeur au Japon de 1921 à 1927. Les  courts poèmes qui suivent s'apparentent à des haïkus ou des tankas japonais. Certains se retrouvent dans le recueil Dodoitzu et l’escargot alpiniste (Gallimard, 1945), réédité en 2005 sous ce même titre dans la collection Enfance en Poésie (Gallimard).
Ceux-ci ont été empruntés à l'adresse (fichier PDF) :
http://dspace.wul.waseda.ac.jp/dspace/bitstream/2065/493/11/Honbun-3749-09.pdf

Obscurité

Votre voix, je l’entends bien ; mais
Votre silhouette, je ne la vois :
Vous êtes comme dans un trou
Le grillon !

- - - - - - - - - - - - - - -

Coucou

On vous entend bien
Vous voir pas moyen
Ainsi dans son trou
Le grillon
Coucou !

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Ma figure dans le puits

Pas moyen que je me l’ôte
Ma figure dans le puits
Pas moyen que je me l’ôte
Et que j’en mette une autre
Et si l’on me trouve jolie
Tant pis ! c’est pas ma faute !

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

 

livre_Claudel_escargotTénacité

Escargot,
Tout doux, tout doux, va, monte
Le Fuji !

L’escargot alpiniste

L’escargot à l’escalade
Sac au dos s’est mis en campagne
L’escargot à l’escalade
Va digérer la montagne !

Paul Claudel ("Dodoitzu et l’escargot alpiniste", 1945 et Enfance en Poésie  - Gallimard, 2005)

 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

 

Cent phrases pour éventails

"Qui m'aurait permis de résister à la tentation, là-bas partout ambiante, de la calligraphie ?"

La dernière version originale en 1927 de cette oeuvre de Paul Claudel (avant la réédition en 1942 et celle de 1996 en Poésie-Gallimard) est composée de "trois accordéons de papier, qu'on feuillette de droite à gauche, réunis dans un emboîtage. Elle reproduit cent soixante-douze phrases manuscrites, et des idéogrammes calligraphiés par Ikuma Arishima, et porte pour la première fois le titre de "Cent phrases pour éventails". Deux poèmes (sans titre), haïkus au sens large (voir la catégorie du blog consacrée aux haîkus), choisis pour l'image :

Accroupi
près
du
bocal
Monsieur le Chat
les yeux à demi fermés
dit :
Je n’aime pas
le poisson

- - - - - - - - - - -

Dans
la lune
morte
Il y a
un lapin
vivant !

Paul Claudel ("Cent phrases pour éventails", Gallimard 1942 et Poésie- Gallimard, 1996)

logo_cr_ation_po_tiquePoème court

Voir la catégorie haïkus



- Robert Clausard -

Robert Clausard est un poète contemporain.

R
ecueils : Poèmes de la marguerite et du bouton d'or (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1973) ;  Lisière de nuages (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1978) ; Les Berceuses de la marmotte (Éditions de l'OCDL,1979).

La puce

Une puce prit le chien

pour aller de la ville

au hameau voisin.

À la station du marronnier

elle descendit

"Vos papiers !" dit l'âne

coiffé d'un képi.
"Je n'en ai pas
.
- Alors que faites-vous ici ?

- Je suis infirmière

et je fais des piqûres

à domicile."

Robert Clausard

 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le petit pou (Comptine)

Assis
sur le genou
d’un hibou
le petit pou
cherchant son joujou
jette le bijou
comme un caillou
dans le chou.

Robert Clausard

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Les petits lapins

Quatre petits lapins couraient
Trois petits lapins sautaient
Deux petits lapins dansaient
Un petit lapin chantait:
Quatre carottes pour mon grand-père
Trois carottes pour ma grand-mère
Deux carottes pour mon grand frère
Une carotte pour Roudoudou
Je la croque d'un seul coup

Robert Clausard ("Poèmes de la marguerite et du bouton d'or" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1973)



1 novembre 2009

Brière - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS



- Joëlle Brière -

livre Pinpanicaille BrièreJoëlle Brière, née en 1940, est une romancière, illustratrice et poète (elle est l'une des fondatrices de la revue de poésie Fanal 89, - 89 comme Yonne). Elle fonde en 1994, toujours en Bourgogne, les éditions de la Renarde Rouge, à Véron, le village où elle a été institutrice et Maire. Elle y publie et illustre ses nombreux livres, poèmes, souvenirs, histoires, contes, parmi lesquels : "Lettres sous silence", "Pinpanicaille", "Alphabet des délices & des souffrances",  "Une faim en soi", "Une baleine, deux baleines, trois baleines, six cachalots ...", "Je ne suis pas La Joconde", "Ce jardin devant moi...", "Les vergers"... "Sidonie ou La Vie Donnée", remarquable récit intimiste romancé de l'enfance bretonne de la mère de l'auteur, est paru en 2011.

Une visite s'impose : http://renarderouge.fr/index.html

La fille de l'épicier

La fille de l'épicier
a des yeux de réglisse
et des dents comme des petites
dragées.

Mademoiselle... euh mademoiselle ! Je
voudrais quatre caramels, six berlingots à
la groseille, huit souris en chocolat, dix sucres
d'orge, pas un pareil ! douze barres de nougat
tendre et un gros malabar.

La fille de l'épicier
avec ses lèvres de soleil
me met toujours en retard !

Joëlle Brière ("Une baleine, deux baleines, trois baleines, six cachalots ..." - éditions La Renarde Rouge 1998)



1 novembre 2009

SOMMAIRE - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

dernière mise à jour le 5 mars 2012

- - - - SOMMAIRE - - - -

(choisir le texte et cliquer sur le n° de page)

crayon lieucommun<< ce logo signale des propositions de création poétique liées aux textes d'auteurs

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(le sommaire est susceptible d'évoluer)

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-  page 1 (vous y êtes, déroulez la page)

> comptines, haïkus, chansonnettes, chansons

  • comptines - avec les notes de la gamme, avec les jours de la semaine, avec les saisons , avec les mois, numériques, alphabétiques, sur les personnes et les choses, diverses, comptines d'auteurs
  • haïkus
  • chansonnettes, chansons de divers auteurs

auteurs > deALBAUT à ANGIBAUD

  • Corinne Albaut - Les trois classes - Sept jours sur sept - Avoir un dragon chez soi  - Le jour et la nuit
  • Pierre Albert-Birot - L'oreille fine - Chatterie - Silex, poèmes des cavernes
  • Marc Alyn - L'enfant de lune
  • Huguette Amundsen - J'ai vu
  • Patrice Angibaud - La balançoire - Le vieux

page 2 >> clic ici pour accéder aux textes

auteurs > de BACRI à CHAPONNIÈRE - textes déjà en place :

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auteurs > de CHAPOUTON à DESNOS - textes déjà en place :

-  page 4 >> clic ici pour accéder aux textes

auteurs > deDESNOUES à HALDAS - textes déjà en place :

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auteurs > de HALLER à NOËL - textes déjà en place :

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auteurs > de LORRAINE à POSLANIEC - textes déjà en place :

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auteurs > de PRÉVERT à SADELER - nombreux textes déjà en place

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auteurs > de SAINT-JOHN PERSE à SOUPAULT - nombreux textes déjà en place

-  page 9 >> clic ici pour accéder aux textes

auteurs > de SPÈDE à WOUTERS - nombreux textes déjà en place

- le sommaire est susceptible d'évoluer -


1 novembre 2009

Alyn, Amundsen - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Marc Alyn -

Marc Alyn est né en 1937. Il est romancier (Le Déplacement, 1964) et poète (une vingtaine de recueils, dont Le Temps des autres, prix Max Jacob 1957 ; Les Alphabets de Feu, Grand Prix de Poésie de l'Académie Française, 1994).

Il est aussi critique d'art, essayiste (Le Piéton de Venise, "roman contemporain", prix Henri-de-Régnier 2005 de l'Académie française) et auteur d'un "opéra-verbe" (Le Grand Labyrinthe, 1971).

"Je crois en l'homme simplement
pour sa résistance à la nuit ..."

L'enfant de lune

La lune en maraude au coeur des vergers
Grimpait aux pommiers en jupon d'argent ;
Surgirent des chiens rauques, déchaînés :
La lune s'enfuit, laissant un enfant.

Il vint avec nous en classe au village,
Tout à fait semblable aux autres garçons
Sauf cette clarté nimbant son visage
Sous le feu de joie de ses cheveux blonds.

Il aimait la pluie, les sources, les marbres,
Tout ce qui ruisselle et ce qui reluit ;
Le soir il veillait très tard sous les arbres
Regardant tomber lentement la nuit.

La lune en maraude au cœur des vergers
Vint chercher l'enfant un soir gris d'automne :
Vite, il s'envola. J'entends à jamais
Le bruit de son aile amie qui frissonne.

Marc Alyn ("Liberté de voir" - éditions Terre de Feu - et dans 'Poèmes à dire" choisis par Daniel Gélin - Seghers, 1974)



- Huguette Amundsen -

Huguette Amundsen est une poète française née en 1937.

J’ai vu …

J'ai appelé le terrassier
il marchait à cloche-pied
j'ai appelé le moissonneur
il jurait comme un voleur
j'ai appelé le cordonnier
il jetait tous ses souliers
alors je m'en suis allée
j'ai vu des hannetons
tâtonnant en rond
j'ai vu des limaces
faire la grimace
j'ai vu une libellule
très crédule
puis me penchant encore
j'ai vu un chou-fleur
chercher l'heure
j'ai vu un artichaut
qui rêvait d'être au chaud
chemin faisant
j'ai vu un lampadaire
le nez en l'air
j'ai vu un vélo
près de l'eau
j'ai vu un canard
en retard
j'ai vu un lapin
jouer au crincrin
puis j'ai vu des gens
mécontents
car ils ne voyaient rien.

Huguette Amundsen

crayon lieucommunJ'ai vu ...

On trouve des productions de poèmes à l'imitation de "J'ai vu", ici :
http://sites16.ac-poitiers.fr/gond-curie/spip.php?article183



1 novembre 2009

COMPTINES D'AUTEURS - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

COMPTINES DE DIVERS AUTEURS

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La devinette

Oh ! Papa ! Toi qui sais tout
Toi qui lis dans tous les livres
Et même dans le journal,
Où les lettres sont si fines,
Oh, Papa ! Devine ! Devine !
Ses yeux sont deux billes de verre,
Ses oreilles, feuilles de chou,
Il a mis la peau de son père
Avec son nez en caoutchouc
Il fait peur aux petits enfants
Qu'est-ce que c'est ?
C'est l'éléphant !
Il dit tout ce qu'on lui fait dire
Il est vert. Il parle du nez.
Il nous demande avec colère
Si nous avons bien déjeuné
Oh ! Père, tu le reconnais ?
C'est un père, le perroquet !


Georges Duhamel

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Les trois classes

Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.

Dans la classe
de Madame Levert

(...)

  • La suite  au paragraphe Corinne Albaut , avec des idées pour la création poétique.

Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Comptine du trappeur (début du texte)

Toi, renard bleu,
je t’aime un peu.
Toi, castor blanc,
passablement.
...


Bernard Lorraine - voir le paragraphe de l'auteur pour la suite

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Les petits lapins

Deux petits lapins,
quatre pommes de pin
ont déjeuné à Moscou,
ont soupé à Tombouctou,
sont rentrés coucher
chez
               nous.

Guy-Charles Cros

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Le clown Coquelicot

Un clown rigolo
Qui s'appelait Coquelicot
Je lui donne une claque
Ca le rend patraque
Je lui donne un baiser
Il tombe de côté
Il tombe sur un os
Ca lui fait une bosse
Il tombe dans le feu
Ca lui fait des bleus
Ouie ! Aïe ! Ca me fait mal !
J'ai le nez qui mouille
Comme une grenouille

Roland Topor (dans "60 poèmes et 60 comptines" - éditions Le Centurion)

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Cache-cache

Dans la maison
Broute un bison.
Dans le buffet
Rit un orvet.
Dans le tiroir
S’éveille un loir.
Dans le placard
Guette un guépard.
Dans le fauteuil
Niche un bouvreuil.

Jean-Claude Renard

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La linotte

Je suis idiote
dit la linotte.
J'ai oublié mes bottes,
ma redingotte,
et ma culotte.

[…]

Le dromadaire

Un jour au Caire
un dromadaire
entra chez un libraire
et prit une grammaire.
C'est pas vrai, ça fait rien,
ça sera vrai demain

[…]

Le kangourou

Le papa kangourou
N’est pas un loup-garou,
C’est un sauteur,

[…]

lire la suite de ces trois comptines au paragraphe de l'auteur :
Paul Savatier

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Dans le panier

Qu’y a-t-il dans le panier ?
- De la paille.
Qu’y a-t-il dans la paille ?
- Une poule.
Qu’y a-t-il sous la poule ?
- Un oeuf.
Qu’y a-t-il dans l’oeuf ?
- Le blanc.
Qu’y a-t-il dans le blanc ?
- Le jaune.
Qu’y a-t-il dans le jaune ?
- Une aiguille.
Qu’y a-t-il dans l’aiguille ?
- Un trou.
Qu’y a-t-il dans le trou ?
- Une grosse bête qui court après toi.

Georges Jan ("Il était une fois, la poésie" - Éditions Messidor La Farandole, 1974)

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Le petit pou

Assis sur le genou
d'un hibou
le petit pou
cherchant son joujou
...


Robert Clausard - voir le paragraphe de l'auteur pour la suite

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Comptine du pacha

Le pacha
Des émirats
A plus de chats
Que de rats

Les souris
Se le sont dit
Et sont parties
Pour Paris

Le pacha
Ébaudi
Et ses chats
Ébahis
Restent là
Aujourd'hui
Et c'est toi
Qui es sorti.


Bernard Clavel ("Rouge pomme" - Éditions L'École des Loisirs, 1982)

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Les comptines sont en général très rythmées. Les enfants utilisent celle-ci dans un jeu d'"élimination". Ils forment un cercle, et le meneur de jeu désigne successivement chacun des participants en scandant la comptine syllabe par syllabe. Celui sur qui "tombe" le "hors" de "dehors" est éliminé. D'autres comptines, c'est leur rôle initial, servent au contraire à désigner quelqu'un.

Quelle heure est-il ?

Bonjour Madame.
Quelle heure est-il ?
Il est midi.

Qui est-ce qui l'a dit ?
La petite souris.

Où est-elle ?
Dans la chapelle.

Qu'y fait-elle ?
De la dentelle.

Pour qui ?
Pour les dames de Paris
Qui portent des souliers gris.

Pin pon d'or
La plus belle, la plus belle,

Pin pon d'or
La plus belle est en dehors.

Traditionnel

crayon lieucommun Comptines questions-réponses

Les comptines qui précèdent s'apparentent à un jeu question-réponse. Sur ce modèle, on peut imaginer un dialogue autour d'un thème.

  • La première comptine est construite en "poupées russes" (comme le poème de Charpentreau Dans notre ville il y a ...). On apportera de la fantaisie avec des contradictions, des impossibilités, et peut-être une surprise finale.
  • La seconde comptine, fait penser au dialogue "loup y-es tu ?" (en moins inquiétant). De la même manière, on pourra s'amuser à décaler les réponses aux questions avec des rimes ou des assonances.

exemple (proposé par le blog) :

Bonjour madame la souris
Qu'avez-vous mangé à midi ?
-  Un très gros chat
-  Je ne vous crois pas
-  Non ... c'était une vache à lait
-  Je vous crois, vous êtes tâchée.

  • En gardant la structure dialogue mais avec  des éléments de phrase indépendants, dissociés, l'exercice se rapproche du  jeu du Cadavre exquis (cf André Breton).

1 novembre 2009

HAÏKUS - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

HAÏKUS 

Jean-Hugues Malineau, poète et ancien enseignant, est né en 1945. Un recueil en particulier pour découvrir cet auteur : "Trente haiku rouges ou bleus" * - Son site se trouve ici :  http://jhmalineau.free.fr/biographie.php

Un, deux, trois, soleil !
elles jouent sous le cèdre bleu
cerises sur les oreilles

- - - - - - - - -

L'enfant malade
comme il regarde
l'éclosion des pivoines

Jean-Hugues Malineau
("Trente haïku rouges ou bleus"*Pluie d’étoiles, 2000)

(*on peut écrire "haïku" sans le s du pluriel)

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Françoise Naudin, née en 1949, est l'auteure de recueils de haïkus dits modernes :

La petite fille
a enjambé la chenille
d'un pas de géante

Françoise Naudin

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Jean-Claude Touzeil, né en 1946, a publié de nombreux recueils de poésies, dont des haïkus, tels que ceux-ci

Au bord de la piste
Les yeux ronds comme des billes
Retour à l’enfance

Jean-Claude Touzeil ("Haïkus sans gravité" -  L’épi de seigle, 2001)

- - - - - - - - - - - - - -

Marché de Briouze
Un veau pleure après sa mère
Un enfant aussi

Jean-Claude Touzeil  (source, le blog de l'auteur, avec beaucoup d'autres textes : http://biloba.over-blog.com/)

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Le clown à la foule :
- ça va les petits enfants ?
 - ouuui !... hurlait mon père.

Jean-Claude Touzeil  (source : http://biloba.over-blog.com/)

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Yves Brillon, est un poète québecois contemporain :

dans cette maison
qu’occupent des étrangers
ma petite enfance

Yves Brillon

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Kobayashi Issa (1901-1983) est l'un des auteurs japonais de haïkus classiques le plus connu :

Averse de printemps
un enfant passe la main
par le portail de paille

- - - - - - - - -

Perle de rosée
qu’a voulu prendre en ses doigts
un petit garçon.

- - - - - - - - -

La mère du moineau

lui réclamant son enfant

poursuit le chat

Issa

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D'autres auteurs japonais de haïkus classiques :

Nakamura Kusatao (1901-1983)

Aube glacée
Chant de grillon
C’est mon enfant qui dort.

- - - - - - - - -

Décombres d’incendie
Sur le sol en ciment
Fillettes et jeu de balle.

 Kusatao

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crayon lieucommun Création de haïkus en CM

Ici un programme de crétion de haïkus eu CM1, comprenant deux séquences détaillées - le fichier est téléchargeable au format Word, que PC et Mac lisent sans problème (oui, c'est compliqué, mais un clic suffit, j'ai testé !) :  

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=haiku%20%22enfant%22&source=web&cd=6&ved=0CEcQFjAF&url=http%3A%2F%2Fmembres.multimania.fr%2Fprepweb%2Fcdpe%2Fcycle3%2Fc3fr%2Fderoulement%2520sequence.doc&ei=eNgJT4m8C4qk-gb4jNGqAQ&usg=AFQjCNGTjlzDcE_ZSo2kjl86CyjJtayI8w&sig2=uZN2JOlgBwRmHkAZ4CsISA



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