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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de MARC DELOUZE

- Marc Delouze -

Marc Delouze est né en 1945.
Extraits de sa biographie sur le site du Printemps des Poètes :
Son premier recueil paraît en 1971. Quelques années plus tard, se refusant à "faire le poète", il s'installe dans un silence éditorial d'une vingtaine d'années, pendant lesquelles il travaille à la recherche de nouveaux supports d'expression poétique liés à la Cité : spectacles de rue, poésie musicale, interventions diverses...et, en 1982, il crée l'association "Les Parvis Poétiques", qui organise des événements, des festivals, des expositions sonores, des lectures-spectacles, etc.

Dernière publication en date : "C'est le monde qui parle" (récit - éditions Verdier, 2007).

Marc Delouze a mis en poèmes animaux les instruments de musique, en voici deux :

Le tambourin

Chitiki le kangourou
a volé plein de grelots
se karapatte à grands sauts
mais son ventre fait un bruit
à réveiller les nuages
Chitiki Chitiki
Chitiki le kangourou
n'est pas surpris

IL EST SOURD

Marc Delouze

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La grosse caisse

Tontakès
le dinosaure
patatauge
dans la gadoue
puis il s'essore
comme un torchon

À PATTES

Marc Delouze

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de YAK RIVAIS

- Yak Rivais -

Yak Rivais, enseignant et auteur pour la jeunesse, est né en 1939. Il a écrit de nombreux ouvrages, mêlant contes et jeux de mots ("Les demoiselles d'A" est composé exclusivement de phrases empruntées à différents ouvrages). Dans  "Les sorcières sont N.R.V.", il s'est exercé avec talent au tautogramme (tous les mots commencent par la même lettre).
Ce livre contient bien d'autres expériences auxquelles l'auteur soumet le langage. 

livre_Yak_Rivais_sorci_resCauchemar !

Voici Venir Vingt Vampires Verts !
Six Sales Sorcières Sifflantes Suivent !
Deux Dragons Déchaînés Dégobillent Des Déchets Dégoûtants
Attention Aux Affreux Assaillants !
Courez, Car Cinquante Crapauds Crachent Cent Cancrelats Caoutchouteux !
Trente Terrifiants Tapirs Tonitruent !
Mille Monstres Marins Mordent
!
Cent Cavaliers Chevauchent Cent Centaures Colossaux !
Douze Diables Dévorent Douze Dames Désespérées !
Fuyez Faibles Femmes !

Yak Rivais ("Les sorcières sont N.R.V." - L'École des Loisirs, 1989)
et Claude Gagnière, dans "Au bonheur des mots", page 132 (éditions Robert Laffont, 1989)

logo_cr_ation_po_tique Tautogramme 
Cet exercice est ardu, car respecter la contrainte à la lettre (c'est bien ça), complique la construction de phrases.
Pour réduire la difficulté, on peut limiter le nombre de mots par initiale, ou/et décider que seuls les verbes, noms, adverbes et adjectifs obéiront à la règle. On obtiendra alors un effet d' allitération. Voir d'autres tautogrammes dans la partie "JEUX".

Exemple :
1. 
Votre vieux vélo va si vite que vous volez.
Voulez-vous vraiment que je voyage avec vous ?

2. 
Un simple serpent suffit souvent à soulager les sinusites
Faites-le frire, farinez-le et frappez-vous fortement le front.

On trouvera ici des productions d'élèves, avec de vrais tautogrammes :
http://www.ac-nancy-metz.fr/petitspoetes/HTML/SALLESDEJEUX/JEUTAUTOGRAM.html

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de LUCIE SPÈDE

- Lucie Spède -

Lucie Spède, née en 1936, est une poétesse belge de langue française.
Quelques recueils : Volte-face, 1973 ; Inventaire, 1974 ; Comme on plonge en la mer, 1984 -  ; Chansons de l'oiseau, 1993 ; J'ados, 2002

Tu penses que la vie est grise,
Mais ce sont tes lunettes qui sont sales.

Lucie Spède

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Définition

 L'humour ?
C'est l'humeur
qui devient jaune soleil
les yeux
qui se font champagne
le visage
qui se fend d'un sourire
les poumons
qui ouvrent leurs pétales
la voix
qui cascade son rire.
C'est un regard
un mot
un dessin
une musique
en tenues de fête
une façon
de porter en toutes saisons
ses lunettes solaires
pour regarder
la vie
.

Lucie Spède 

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Le mille-pattes

 Un mille-pattes à un mariage invité
n'y est jamais arrivé
car il n'a pas pu achever
de lacer tous ses souliers.

Lucie Spède

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Oh dodo

L'édredon
et ron et ron
est le bidon
dodu et rebondi
du lit.

Lucie Spède

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Météo

Les escargots
sont de sortie :
sortons nos parapluies.
Les limaces
sont sur le chemin :
ouvrons larges nos pépins.

Lucie Spède (dans "L'almanach de la poésie", anthologie rassemblée par Jacques Charpentreau - Éditions Ouvrières, 1983)

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Le monde à l'envers

Un jour où je dormais les yeux ouverts,
J'ai rêvé qu’après un grand tremblement de mer,
Le monde entier fonctionnait à l'envers,
Les Esquimaux se retrouvèrent en paréos et
Les Hawaïens dans des igloos,
Les libellules rampaient comme des limaces,
Les tortues fendaient l'air de leur carapace,
Les escargots filaient à toutes pattes et
Les zèbres pesants laissaient passer les mille-pattes,
Les poissons perchaient dans les bois,
Les oiseaux nageant chantaient sous l'eau à pleine voix,
Les crabes marchaient droit,
Les arbres plantaient leurs racines dans l'espace,
Les nuages se roulaient dans la mer et
Les vagues bruissaient dans le ciel,
Et moi, je marchais à travers tout cela,
La tête en bas, et tout émerveillée,
Je souriais de tous mes orteils.

Lucie Spède 

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3 février 2008

PRINTEMPS DES POÈTES 2010 - COULEUR FEMME - ANDRÉE CHEDID- TEXTES CYCLE 3 et COLLÈGE

- Andrée Chedid -

fl_che_d_grad__droitefl_che_d_grad__droite2. textes plutôt destinés au cycle 3 (CE2, CM1, CM2) et au Collège

 mais pas forcément ! à vous de voir ...

Chassé-croisé

Le Grain de Poussière
S'est mis au vert
Pour respirer

Un plein bol d'air

Ailé, ailé
Le Grain de Blé

S'est envolé
Vers la cité.

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973 et 1996)

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L'Exploit

"Rien qu'avec mes mandibules",
Dit la fourmi toisant Hercule,
"Je déplace vingt fois
Mon poids !"

"Et c'est Toi !
Qui te dis le Roi !"

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973)

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Le rire

Le rire
Pour rire
Quitta les hommes
Ce fut navrant
Fallait voir comme
Mais le rire
Bonhomme
Regagna son "home"
Riant riant
De voir comment
Un homme sans rire
N'est plus un homme

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976) / ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973 et 1996) et également sur le site du Printemps des Poètes (archives 2009)

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La fourmi et la cigale

"Fini, fini !"
Dit la fourmi.
"Au diable la parcimonie ! Dès aujourd’hui
Je convie
Toutes cigales affranchies
A me chanter leurs mélodies,
Et nous fêterons, en compagnie,
La vie qui bouge,
La vie qui fuit !"

"Holà, holà !"
Fit la cigale
Poussant un cri très vertical.
"Pour moi, adieu le carnaval !
L’hiver, l’hiver m’a tant appris,
Et le souci tant rétrécie,
Que j’ai rangé toutes mes rêveries
Pour m’établir
En Bourgeoisie !"

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973 et 1996) 

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La majuscule s'impose pour "Le Secret" :

Le Secret 

D'où viennent-ils ?
Où vont-ils ?
Tous ces humains que cherchent-ils ?

Il court, il court, le Secret !
Et les hommes lui courent après !

Il est passé par ici,
Il repassera par là.

C'est comment, c'est quoi la vie ?
Bien malin qui le dira !

Elle est passé par ici,
Elle repassera par là.

Il court, il court, le Secret !
Et les hommes lui courent après !

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973 et 1996)

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Éloge de l'Accent

"Aigu
Grave
Ou circonflexe
Avec zèle
J’annexe
Par kyrielles
Les Voyelles !

A E I O U, mes Belles !
Je vous suis providentiel !
 
Je vous coiffe à tire-d’aile
Je vous gèle
Je vous flagelle
Je vous grêle
Je vous ombrelle !

U O I E A, Agnelles!
Rendez-vous à mes appels ! 
   
Aigu
Grave
Ou circonflexe
Je le répète sans complexe :
C’est l’Accent
Qui fait le Texte !

* La dernière strophe est absente de l'édition "Étonnants Classiques" Garnier-Flammarion 1996.

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion - 1973 et 1996)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

fille_verte_cr_ation__PP10Dans le poème qui suit, Andrée Chedid féminise l'Automne. Est-ce que ça ne vous donnerait pas des idées de création poétique pour le Printemps des Poètes 2010 "couleur femme" ? hein ?

Les routes

Si tu sautes par-dessus la haie
Vers les routes en triangle

Tu trouveras l'Automne
Allongée comme un cadavre
Couchée de toutes ses feuilles

Tandis que d'une cheminée
Montera la première chaleur
Étoile rouge du berger
Avec sa coiffe de magicienne.

Andrée Chedid ("Textes pour un poème", GLM et Flammarion, 1950)

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La vague
[ce poème a été retiré en attendant vérifications : texte et références]


retour au sommaire Andrée Chedid ? cliquez ICI

3 février 2008

PRINTEMPS DES POÈTES 2010 - COULEUR FEMME - ANDRÉE CHEDID- TEXTES CYCLES 1 et 2

livre_Chedid_f_tes_et_lubies

- Andrée Chedid -

fl_che_d_grad__droite1. textes plutôt destinés aux cycles 1 et 2 (Maternelle, CP)
mais pas forcément ! à vous de voir ...

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

L’anniversaire

J’ai neuf ans
Salut les vétérans !
J’aime l’élan
Mais pas les caïmans

J’ai neuf ans
Salut les descendants ! 
J’aime Laurent
Un peu plus que maman

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - chapitre 2 : Des bêtes et des choses - éditions de l'École des Loisirs, 1977) et "Lubies" - Flammarion, 1962)

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Le caillou

Le caillou
Passe-partout
Sans froufrou
Sans bagout
Est jaloux, très jaloux
De Nicéphore, le Pou
Ce casse-cou
Vent-debout
Qui court le guilledou !

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)

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La cervelle de papa

La sardine a des arêtes,
Papa n'en a pas !

Papa, lui, a un squelette,
Que la sardine n'a pas !

La machine a des ailes,
Papa n'en a pas !

Papa, lui, a de la cervelle,
Il dit que la machine, pas !

Andrée Chedid (Andrée Chedid ("Lubies" - Flammarion, 1962 - et "Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -   

Histoire de cou

Un jour, le kangourou
Se fit gourou
Pour se monter le cou
Et la girafe
Dut faire gaffe
De peur de tomber
En carafe !

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion,1972 et 1996)

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La fringale

Holà ! Holà !
Tous, garez-vous !
Les durs les doux
Les secs les mous
Holà ! Holà !
Je donne le signal :
Voilà que Dame Noix
A sa FRINGALE !

Les petits gâteaux
Font le gros dos
Les Cochonailles
De peur, défaillent
Les Confitures
Se claquemurent
Tous les Anchois
Sont aux abois

Mais rien rien Rien
Ne résistera
À la FRINGALE
De Dame Noix !

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - chapitre 2 : Des bêtes et des choses - éditions de l'École des Loisirs, 1977)

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Ding ! Dong !*

"Ding ! Dong ! Dingue !
dit la Grande Broingue,
J'emmène ma Vache en carlingue !"

"Survolant la Canebière
À chaque sursaut
À chaque trou d'air :
Ding ! Dong ! Dingue !
Fait son grelot.

"Ma vache est gaie
et pleine de lait
Grosso-modo,
elle ne dit mot.

"Quant à moi :
je suis trilingue !"
ajoute presto
la Grande Bringue.

"Ma Vache fait "Ding !"
Et moi, je suis Dingue !"

* ponctuation, majuscules et guillemets conformes au texte original

Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - chapitre 2 : Des bêtes et des choses - éditions de l'École des Loisirs, 1977)

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L'éponge

Une éponge
Songe
Songe
Songe aux songes
D'une éponge
Qui songe

Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Flammarion,1972 et 1996)

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Chedid_image_ch_vre

illustration du poème dans l'ouvrage "101 poèmes pour les petits"

La chèvre magique

La chèvre magique
A des tiques
Dans l'oreille gauche
Dans l'oreille droite
Et tic et tac
Et gratte et gratte
La chèvre magique
Se détraque

Andrée Chedid ("Lubies" - GLM, 1962  et "101 poèmes pour les petits" - Bayard Jeunesse, 2002)

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L'onomatopée

Lolo, nono,
Mama, topée !
C'est pas possible
A prononcer !

Glou-glou, tic-tac
Do-do, pé-pé,
Tout ça
C''est de l'O
NOMATOPÉE !

Lolo, nono
Mama, topée !
Un mot
A vous rendre toqué !

Cui-cui, chut-chut
Boum-Boum, yé-yé
Voilà des O
NOMATOPÉE ! *

Lolo, nono
Mama, topée!
Pourquoi vouloir
Tout compliquer !

* A.C. a mis "onomatopée" au pluriel sans "S"

Andrée Chedid  ("La grammaire en fête", Flammarion, 1993, collection Père Castor.  

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retour au sommaire Andrée Chedid ? cliquez ICI

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3 février 2008

PRINTEMPS DES POÈTES 2010 - COULEUR FEMME - ANDRÉE CHEDID- PRÉSENTATION

 sens_interdit_sourire_et_tristeLes textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
  Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait. 

bandeau_no_pub_ligne


Andr_e_Chedid_blogAndrée Chedid - image empruntée au site référencé, qui propose des ressources biographiques et bibliographiques - autres sites :  http://www.mondalire.com/chedid.htm  et le site "officiel" : http://www.andreechedid.com/

Vous trouverez sur cette page une présentation de l'auteure et quelques textes classés par niveau de difficulté supposée.

"Je veux garder les yeux ouverts sur les souffrances, le malheur, la cruauté du monde; mais aussi sur la lumière, sur la beauté, sur tout ce qui nous aide à nous dépasser, à mieux vivre, à parier sur l'avenir" (Andrée Chedid, dans son roman "Le message" )

Andrée Chedid (pas d'accent sur le "e")  est une poétesse française aux racines multiples : 
Née en 1920 en Égypte (Le Caire) de parents libanais, elle vit au Liban de 1942 à 1946 puis vient s'installer en France (où elle avait séjourné enfant) et adopte la nationalité française.  
Auteure de nombreux romans, récits, pièces de théâtre, recueils de poésies, ainsi que de contes et de comptines pour les enfants, elle a également écrit des paroles de chansons interprétées par son petit-fils Matthieu Chedid ("M"), fils du chanteur Louis Chedid.  
Andrée Chedid est absente de la plupart des anthologies poétiques : un oubli remarquable et majeur, entre-autres, celui de Jean Orizet dans son pavé "La poésie française contemporaine" (Le cherche midi éditeur, 2004), qui réunit environ 150 auteurs. Comme d'autres "poétesses", elle est souvent cantonnée aux recueils de poésie féminine, aux thèmes étiquetés "féminins", ou encore à l'édition "jeunesse" et au secteur scolaire.

Le Printemps des Poètes 2008, sur le thème de L'Éloge de l'autre (accès aux textes de cette catégorie colonne de gauche) avait mis en exergue ce passage d'un poème d'Andrée Chedid :

"Toi
Qui que tu sois
Je te suis bien plus proche qu'étranger".

(derniers vers du poème TOI-MOI"  - "Visage premier, Flammarion, 1972) - voir le poème intégral plus bas

Elle sera "l'ambassadrice" du Printemps des poètes 2010, sur le thème Couleur femme. On trouvera donc ici les textes de l'auteur déjà présentés dans la catégorie du blog Éloge de l'autre (Printemps des Poètes 2008), En rires (PP 2009) ainsi que d'autres textes, tous thèmes confondus. 

livres_Chedid_enfants

<< ci-dessus en image et ci-dessous en couleur, des recueils accessibles aux élèves de primaire.  
Bibliographie poétique (source principale recoupée : Wikipédia et deux autres sites signalés plus haut) :  
Textes pour une figure, Éditions du Pré aux clercs, Paris, 1948 / Textes pour un poème, G. L. M., Paris, 1950 / Textes pour le vivant, G. L. M., Paris, 1953 / Textes pour la terre aimée, G. L. M., Paris, 1955 / Terre et poésie, G. L. M., Paris, 1956 / Terre regardée, G. L. M., Paris, 1957 / Seul le visage, G. L. M., Paris, 1960 / Lubies, G. L. M., Paris, 1962 / Double-pays, G. L. M., Paris, 1965 / Contre-chant, Flammarion, Paris, 1968 / Fêtes et lubies : petits poèmes pour les sans-âge, Flammarion, Paris, 1973 (réimpr. 1996 (coll. « G.F. ») / Prendre corps, G. L. M., Paris, 1973 / Cérémonial de la violence, Flammarion, coll. « Poésie », Paris, 1976 / Fraternité de la parole, Flammarion, coll. « Poésie », Paris, 1976 / Le Cœur et le temps : poèmes pour les enfants, L'École des Loisirs, Paris, 1977 / Cavernes et soleils, Flammarion, coll. « Poésie », Paris, 1979 (réimpr. 2005) / Lubies, L'École des Loisirs, coll. « Chanterime », Paris, 1979 / Par-delà les mots (poèmes), Flammarion, Paris, 1995 /Grammaire en fête, Ed. Folle avoine,1984 / Territoires du souffle (poésie), Flammarion, Paris, 1999 / Naître plus loin, Lo Païs d'Enfance, Draguignan, 1997 / Rythmes (poèmes), Gallimard, Paris, 2002.
D'autre part, deux recueils réunissent une sélection des textes publiés dans tous les recueils précédemment cités : Textes pour un poème (1949-1970), Flammarion, 1987 et Poèmes pour un texte (1970-1991), Flammarion, 1991.

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rappel : les publicités insérées sur le blog sont indépendantes de notre volonté

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28 mai 2009

PRINTEMPS DES POÈTES 2009

 

lettre___Monsieur_Lapin_apl

ci-dessus, exemple d'objet poétique à créer proposé :
Lettre à Monsieur Lapin

Veuillez trouver dans ce colis
en promotion "chasse et nature"
vos bouchons d'oreille anti-bruit.
Nous régler avant ouverture.*
* de la chasse

Sérieux s'abstenir, le thème du
Printemps des poètes 2009 
est "en rires"
Voici un choix de textes et d'idées
de création poétique pour la classe
 sur le thème de l'humour
cliquez sur les liens :

PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes (divers auteurs)
et
PRINT POÈTES 2009 : JEAN TARDIEU
(choix de textes de Jean Tardieu)

lever_du_jour_DR_fen<< Voir aussi LES CATÉGORIES en MAJUSCULES POUR LA CLASSE

et puisqu'il arrive :    UNE SAISON en POÉSIE - été

<< L'été ou presque !

Le blog http://jourssemisentre2.canalblog.com/
propose des créations en arts plastiques pour les textes


 

 POÈME À LA DEMANDE

Vous cherchez le texte, le titre ou l'auteur d'une poésie ou d'une chanson ?
Laissez votre recherche précise ci-dessous, en commentaire de ce message
et lisez ICI les textes en recherche et ceux trouvés

NB. Le lien "contacter l'auteur" ne fonctionne pas toujours, préférez les commentaires


S_villa___septembre_2008___portrait_mur
Un mur, Sévilla, sept 2008 : décrépitude naturelle  (photo lieucommun)

Portrait dégoûtant

Il avait mauvaise mine
une langue de vipère
un nez de fouine
des oreilles de cocker
des dents de loup
des yeux de mouche
mais surtout
une bouche d'égoût.

C'est pourquoi
il ne se sentait pas bien du tout.

Antoine Bial


Les textes qui suivent seront rangés dans la nouvelle catégorie : Antoine Bial : Actus

Actualité de la semaine : samedi 23 avril 2009
 Contexte : Le 72e Festival de Cannes, strass et paillettes, montée des marches pour les stars, poses photo sur la plage pour les starlettes d'un jour.

Cinémas 

La Croisette déroule son tapis rouge,
Festival de Cannes,

prestige de stars.
La montée des marches fait tourner les têtes.

La Croisette déroule son tapis de sable,
festival de cannes,

vertige de starlettes
qui ne tournent que sur place.

La Croisette déroule son tapis bleu,
estival de Cannes,

la starlette arrête son cinéma.
Silence on tourne
la page.

Antoine Bial


 

Actualité de la semaine : lundi 20 avril 2009
 Contexte : Dialogue de malentendus à l'Elysée. Le Président et des journalistes.

Samedi 18 avril, Frédéric Lefebvre a accusé Libération de "ressembler de plus en plus à un tract". Selon lui, le quotidien, "après avoir perdu ses lecteurs, perd sa crédibilité". Le quotidien, citant des participants, avait mis dans la bouche du chef de l'Etat des commentaires notamment sur le président du gouvernement espagnol Zapatero, qui auraient été tenus lors d'un déjeuner avec des parlementaires.

Bien entendu

Bien entendu je n'ai rien dit
à ce propos,
je sais que vous l'avez compris
à demi-mot.
D'ailleurs je déments à l'avance
ce que je pense.
Ne jouez pas avec les mots.

- Bien entendu on reste sourd
à vos propos.
Comptez sur nous,
on rendra compte
mot pour mot.
On n'a pas le tract* pour le dire,
On va l'écrire
dans le journal.

* D'autres ont eu le trac de confirmer les propos.

Antoine Bial


Actualité de la semaine : vendredi 10 avril 2009
 Contexte : un député socialiste raconte...

"Alors que j'étais ce matin en réunion [...] à l'Assemblée pour préparer une proposition de loi que nous devons déposer la semaine prochaine, une collaboratrice de notre groupe m'a appelé pour me signaler que le vote allait bientôt intervenir sur ce texte et que, compte tenu du rapport de forces, il y avait une chance qu'il ne soit pas adopté. Lorsque j'ai accouru à l'hémicycle, j'ai constaté que plusieurs députés socialistes restaient groupés derrière la porte de l'hémicycle ou plus exactement derrière le rideau qui sépare le sas d'entrée du bas de l'hémicycle. J'ai évidemment compris qu'il s'agissait d'attendre là, la fin de l'intervention de la ministre pour faire une entrée groupée.[...] Comme quoi le vote d'un texte tient parfois à un rideau qui se lève ou se baisse au bon moment !"


Coup de théâtre

Le compte est bon
la voie est libre.
Le rideau s'ouvre
sur la première mise en pièces
d'Hadopi
(©tous droits réservés).

De leurs voix bien placées
les acteurs exécutent le texte
en un seul acte délibéré.
La majorité de la salle applaudit.

Très touchés,
les auteurs promettent
une prochaine représentation.

On leur souhaite
le même succès.

Antoine Bial


Actualité de la semaine : 21 mars 2009
 Contexte : On vide les entreprises mais on se remplit les poches. Le gouvernement menace de légiférer ...

Chut(e) !

On touche à ses valeurs
fondamentales,
on conteste les options qu'il a prises
en stock,
on lui reproche même
ses bonnes actions,
et quand il veut rendre des contes,
on  lui taille un costard
dans le parachute doré ...

Alors
il s'écrase.

Antoine Bial

 


 

 

 

1 avril 2008

PP 09 - L'humour de PAUL VAILLANT-COUTURIER

Paul Vaillant-Couturier (1892-1937) était journaliste, écrivain, et poète mais l'Histoire a surtout retenu son engagement pacifiste et sa carrière politique. Il contribue à la diffusion de la « chanson de Craonne » pensant la guerre de 14-18. Journaliste au "Canard Enchaîné", en 1917, il crée en 1919 la revue pacifiste et artistique Clarté, avec Henri Barbusse.
Après le Congrès de Tours (1920), il participe à la fondation du Parti communiste français .

recueils de poésie : La Visite du berger (1913) et  Trains rouges (1922).

L'alphabet (première version)

Le A majuscule monte dans le ciel comme une Tour Eiffel.
Le B est un monsieur à gros ventre.
Le C fait la révérence.
Le D est le dernier quartier de lune.
Le E a faim de toutes ses dents.
Le F est une grue dressée sur un chantier.
Le G ouvre sa bouche pour vous avaler.
Le H dresse ses deux poteaux sur le terrain de rugby.
Le I est un monsieur très maigre qui se tient droit.
Le J a le profil d'une louche à soupe.
Le K est un képi très haut.
Le L me servira d'équerre.
Le M est deux ponts dans la plaine.
Le N nous avertit d'un virage dangereux.
Le O est une belle pomme.
Le P pourrait servir de parapluie.
Le Q a le profil d'une raquette.
Le R est une pieuvre sur ses gardes.
Le S se tortille comme un serpent.
Le T est perché comme une antenne sur le toit.
Le U est un trapèze.
Le V est comme un oiseau dans le ciel.
Le W est comme les racines d'une molaire.
Le X présente deux épées qui se croisent.
Le Y est une baguette de sourcier.
Le Z est le signe de Zorro.

Paul-Vaillant Couturier

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L' alphabet (deuxième version)

"Paul se plaisait à imaginer les lettres un peu comme se les imaginaient les enlumineurs de manuscrit...
II y avait l'A, gendarme campé sur ses bottes,
le B, gros monsieur sans fesses roulant sur son ventre,
le C qui fait la révérence,
le D qui est assis derrière son comptoir,
le E qui a faim de toutes ses dents,
le F qui indique la sortie,
le G, menuisier des lettres avec son étau,
le H avec ses duellistes qui s'enferrent
le I monsieur maigre qui salue,
le J qui saute
et le K petit bossu,
le L qui envoie son coup de pied,
le M, la plus assise des lettres,
le N, montagne russe pour aller au ciel,
le O à qui on n'a qu'à dessiner une figure comme à la lune,
le P, initiale de Paul, ce qui suffit,
le Q dont on fait un rat en lui mettant deux oreilles,
le R mousquetaire, la plus noble et la plus majestueuse des lettres,
l'anguille du S,
la balance du T,
l'U tête sans crâne,
le V de vipère et le mystère de son identification
avec l'U sur les affiches,
le W qui n'est nulle part que sur les cabinets
et les parents lointains des lettres qui offrent avec le W une évocation d'exotisme et de voyage : X, Y, Z."

Paul Vaillant-Couturier ("Enfance" - Editions  Messidor, 1987)

logo_cr_ation_po_tiqueLa forme des lettres, évocation poétique

L'observation des lettres de l'alphabet permet l'évocation poétique. On imaginera d'autres correspondances (cf aussi "Voyelles", le poème d'Arthur Rimbaud, en formes et couleurs :

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes ...

Autres matériaux : les chiffres : 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9, les signes d'écriture  : , ; . ! ? ... ( " ¨^@ + - X

Dans la nouvelle "L'alphabet de Mondo", ci-dessous, Le Clézio, auteur contemporain, livre d'autres visions de l'alphabet : [...]

L'homme avait pris dans son sac de plage un vieux canif à manche rouge et il avait commencé à graver les signes des lettres sur des galets bien plats. En même temps, il parlait à Mondo de tout ce qu'il y a dans les lettres, de tout ce qu'on peut y voir quand on les regarde et quand on les écoute.

Il parlait de A qui est comme une grande mouche avec ses ailes repliées en arrière ;  de B qui est drôle, avec ses deux ventres, de C et D qui sont comme la lune, en croissant et à moitié pleine, et O qui est la lune tout entière dans le ciel noir. Le H est haut, c'est une échelle pour monter aux arbres et sur le toit des maisons ; E et F, qui ressemblent à un râteau et à une pelle, et G, un gros homme assis dans un fauteuil ; I danse sur la pointe de ses pieds, avec sa petite tête qui se détache à chaque bond, pendant que J se balance ; mais K est cassé comme un vieillard, R marche à grandes enjambées comme un soldat, et Y est debout, les bras en l'air et crie : au secours ! L est un arbre au bord de la rivière, M est une montagne ; N est pour les noms et les gens saluent de la main, P dort sur une patte et Q est assis sur sa queue ; S, c'est toujours un serpent, Z toujours un éclair ; T est beau, c'est comme le mât d'un bateau, U est comme un vase. V,W, ce sont des oiseaux, des vols d'oiseaux ; X est une croix pour se souvenir.
Avec la pointe de son canif, le vieil homme traçait les signes sur les galets et les disposait devant Mondo.


Jean-Marie Gustave Le Clézio ("Mondo et autres histoires" - éditions Gallimard, 1978).

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1 avril 2008

Louisa Paulin

Louisa Paulin (1888-1944) a vécu dans le Tarn, où elle a été institutrice. Elle écrit ses poèmes d'abord uniquement en français, puis en français et en occitan.
“Je me suis mise à la langue d'Oc par repentir d'avoir si longtemps ignoré mon pays et peut-être de l'avoir un peu méprisé”.

On ne connaît généralement de Louisa Paulin que ses poèmes en français. Voici deux textes qu'elle a écrits dans les deux langues :

Chant de neige

L'ange de la géométrie, mon cœur,
Ce matin d'hiver veut nous prendre au piège.

L'ange étincelant nous ouvre, mon cœur,
Le blanc paradis des cristaux de neige.

Et nous sommes là, fascinés, mon cœur,
Par sa merveilleuse et pure science.

Et nous sommes là, prisonniers, mon cœur,
De son ineffable et cruel silence.

Louisa Paulin ("Rythmes et Cadences", 1947)

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La cançon del silenci.

Vèni, ausirem, anuèit, la Cançon del silenci,
la cançon que comença,
quand s'escantís, la nuèit, lo cant del rossinhòl ;
la cançon que s'ausís al doç cresc de l'erbeta,
la cançon de l'aigueta
que se pausa, un moment, al rebat d'un ramèl ;
la cançon de la branca
que fernís e que dança
desliurada del pes amorós d'un ausèl ;
la secreta conçon breçant l'ombra blavenca
del lir còrfondut de promessa maienca,
qu'espèra, per florir, un signe del azur.

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La chanson du silence

Viens, nous entendrons, ce soir, la chanson du silence,
la chanson qui commence,
quand s'achève, la nuit, le chant du rossignol ;
la chanson qu'on entend à la douce croissance de l'herbe,
la chanson de l'eau vive
qui se repose, un moment, au reflet d'un rameau ;
la chanson de la branche
qui frissonne et qui danse
délivrée du poids amoureux d'un oiseau ;
la secrète chanson berçant l'ombre bleuâtre
du lis défaillant de promesse printanière,
qui attend, pour fleurir, un signe de l'azur.

Louisa Paulin

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Fum 

Non, non, anuèit vòli fugir l'ostal !
Vòli lo fial de lum que s'estira suls camps
Quand lo lauraire aluca un fuòc d'erbassas.
O fial de fum, vèni ligar un raive,
Un rave que m'escapa
– coma tu, lial de fum –
Per fugir cap a las estelas.

Louisa Paulin ("Sorgas")

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Fumée

Non, non, ce soir je veux fuir la maison !
Je veux le fil de fumée qui s'étire sur les champs
Quand le laboureur allume un feu de mauvaises herbes.
Ô fil de fumée, viens lier un rêve,
Un rêve qui m'échappe
comme toi, fil de fumée
Pour fuir vers les étoiles.

Louisa Paulin ("Sources")

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Chat

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- Je viens du fond de la nuit,
je viens de jouer sans bruit
avec le vent et la lune.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- Je viens d'aiguiser mes dents
à l'or du soleil levant
je l'ai cardé de mes griffes.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- Je viens de lustrer mon corps
sous la pluie des gouttes d'or
et ma fourrure étincelle.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- D'un pays silencieux
qui dort au fond de mes yeux
à l'abri de mes paupières.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- D'un pays où je suis roi
moi, j'en viens, vous n'irez pas,
vous n'irez pas, demoiselle !

Louisa Paulin ("Poèmes")

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La nouvelle année

Nouvelle année, année nouvelle,
Dis-nous, qu’as-tu sous ton bonnet ?
J’ai quatre demoiselles
Toutes grandes et belles.
La plus jeune est en dentelles.
La seconde en épis.
La cadette est en fruits,
Et la dernière en neige.
Voyez le beau cortège !
Nous chantons, nous dansons
La ronde des saisons.

Louisa Paulin

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Cette "Chanson de mariage" a été mise en musique par Henri Rys. On la trouve souvent sans les troisième et quatrième couplets

Chanson de mariage

La pie veut se marier,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie veut se marier,
C'est pour rire et pour pleurer.

Elle épousera le geai,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Elle épousera le geai,
C'est pour rire et s'amuser.

C'est un fort joli garçon,
C'est pour rire, c'est pour rire,
C'est un fort joli garçon,
C'est pour rire sans façon.

Il a un bel habit bleu,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Il a un bel habit bleu,
C'est pour rire quand on peut.

La pie est folle du geai,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie est folle du geai,
C'est pour rire et pour chanter.

Quand ils se sont fiancés,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Quand ils se sont fiancés,
On a ri, chanté, dansé.

Le jour ils se sont griffés,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Le jour ils se sont griffés,
Ce n'est que pour commencer.

Demain ils s'épouseront,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Demain ils s'épouseront,
Et le soir ils se battront.

La pie veut se marier,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie veut se marier,
C'est pour rire et pour pleurer.


Louisa Paulin (dans l'anthologie d'Armand Got "Pin Pon d'or" - éditions Colin-Bourrelier, 1972)

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L'Escalier de verre

Pour arriver dans cette terre
Passez par l'Escalier de verre.

Alors quittez vos lourds sabots,
Le verre est fin, les pieds sont gros.

Je suis allée dans un pays
Où l'on attelait les fourmis.

Je suis entrée dans les maisons
Où l'on y sucrait les jambons.

Je suis allée à l'écurie
On y déployait un tapis ;

La lune brillait tout le jour,
Le soleil était dans le four.

Le pain cuisait à la fontaine
Et les hommes filaient la laine.

Le feu pleurait des larmes d'eau,
La fermière plumait un veau.

Le vin coulait à l'abreuvoir
Et l'eau ruisselait du pressoir.

Les vaches paissaient les nuages
Et tous les enfants étaient sages.

Les loups berçaient les nourrissons
Et leur murmuraient des chansons.

Les renards allaient à confesse
Et le lutin chantait la messe.

L'église dansait la polka
Et les maisons la mazurka
 
Alors pour quitter cette terre
J’ai repris l'Escalier de verre
J'ai dit à tous ceux que j'ai vu
Et personne, alors, ne m'a cru.

Mais si vous voulez tout savoir
Fermez les yeux, allez-y voir.

Je prends la clé et je la serre
Au bas de l'Escalier de verre.

Celui qui la retrouvera
Mon petit conte achèvera.

Personne n'a trouvé la clé.
Cric ! Crac ! Mon conte est achevé.


Louisa Paulin ("L'escalier de verre")

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Chanson pour rire

Le Rat, la Rate sont partis
Quel beau voyage !
Le Rat, la Rate sont partis
Pour voir Paris.

Ils sont partis en avion
Quel beau voyage !
Ils sont partis en avion
avec Raton.

En arrivant se sont assis
Quel beau voyage !
En arrivant se sont assis
Pour voir Paris.

Sur Notre-Dame de Paris
Quel beau voyage !
Sur Notre-Dame de Paris
Quel beau pays !

Ils ont mangé la Tour Eiffel
Quel beau voyage !
Ils ont mangé la Tour Eiffel
Au caramel.

Ils reviendront tous par sans-fil
Quel beau voyage !
Ils reviendront tous par sans-fil
Ainsi soit-il !

Louisa Paulin (dans l'anthologie d'Armand Got "Pin Pon d'or" - éditions Colin-Bourrelier, 1972)

fille_verte_cr_ation__PP10Une chansonnette à la manière de Louisa Paulin

Des classes se sont amusées ici à créer des comptines chantées à la manière de ces deux chansons de Louisa Paulin. A vous de voir si...
En maternelle : http://www.perigord.com/asso/asco/pages/ecoles.htm
En Cycle 3 (CM) : http://www.ac-nancy-metz.fr/ia88/Lubine/chansons_pour_rire.htm



1 avril 2008

Madeleine Le Floch

Madeleine Le Floch est une auteure contemporaine, qui a publié en 1975 "Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver". Un recueil dans lequel elle joue avec les différents sens, les à-peu-près et les homonymies du vert, pour l'écriture de (quand même !) soixante-treize petits poèmes. En voici un échantillon :

Vers exclusif *

La mer
en s'en allant
écrivait sur le sable
un poème

que le vent
jaloux
effaçait.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

* Dans le recueil, ce texte porte le titre "Vert exclusif". Puisqu'il s'agit d'un poème que la mer écrit jalousement, est-ce une faute de frappe, ou faut-il titrer "Vers exclusifs" ?

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Oiseau vert

Il était une fois
un oiseau
que l'on avait
enfermé
dans une cage.

Du matin au soir
il criait :
que je suis malheureux !
Ah! que je suis donc
malheureux !

Comme il chante bien
disait la petite fille.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Ver de mer

Un poisson connaissait par cœur
les noms de tous les autres poissons.
Il connaissait les algues, les courants,
les sédiments, les coquillages.
C’était un érudit.
Il exigeait d’ailleurs qu’on l’appelât «maître » !
Il savait tout de la mer
Mais il ignorait tout de l’homme.
Et un jour il se laissa prendre au bout
d’un tout petit hameçon.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Vert de lune

Une idée fixe
un soir de carnaval
se déguisa en cerf-
volant
et se laissa
monter
jusqu'à la lune
où elle germa.

Quand vous irez sur
la lune
si vous rencontrez un cerf-
volant
ou une fleur
qui a l'air de venir
d'ailleurs
méfiez-vous!

C'est peut-être
une idée fixe
qui cherche
à redescendre.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Deux poèmes sous  forme de calligrammes :

Haricot vert

L
e

ha
ri
cot
vert
était
très
comp
lexé
dep
uis
que
sa
li
gn
e
n’
ét
ai
t
pl
us
à
l
a
m
o
d
e

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Vertige ("vert-tige", vous aviez deviné)

calligramme_la_fleur

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)



15 mai 2009

PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français - SOMMAIRE

sens_interdit_sourire_et_triste Les textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
  Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait. 


paysage_palette_3"d'infinis paysages"

"Exprimer les liens profonds qui unissent l'homme à la nature, les célébrer ou les interroger est un des traits les plus constants de la poésie universelle. Mers et montagnes, îles et rivages, forêts et rivières, ciels, vents, soleils, déserts et collines, la plupart des poèmes porte comme un arrière-pays la mémoire des paysages vécus et traversés.
Se reconnaître ainsi tributaire des infinis visages du monde, c'est sans doute, comme le voulait Hölderlin, habiter en poète sur la terre".

Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes

  Quelques pistes pour la création poétique accompagnent les textes
Beaucoup d'autres sont rangées dans les catégories précédentes
du Printemps des Poètes, et en particulier
>> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

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sommaire  (cliquer sur le n° de page ou sur les textes souhaités)

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-  page 1 (vous y êtes) : comptines, chansons... et A B -

comptines, chansons, haïkus

COMPTINES et CHANSONS
HAÏKUS

auteurs de langue française

page 1 (vous y êtes) : Adrover à Besse 

Claudia ADROVER  - La Loire au plus près
Corinne ALBAUT - Les gratte-ciel
Pierre ALBERT-BIROT
  - Admiration ; Le jardin suspendu ; L'oreille fine ; Poème-pancarte
Guillaume APOLLINAIRE   - Automne ; Automne malade ; Saltimbanques
Marc ALYN   - Un printemps tout neuf ; Bulletin de santé 
Paul ARÈNE  - Paysage ; Chronique d'automne 
Théodore de BANVILLE - À la Forêt de Fontainebleau ; L'hiver
Charles BAUDELAIRE   - L'étranger : L'Homme et la mer ; Invitation au voyage ; Harmonie du soir ; Le coucher de soleil romantique ; Le soleil ; Paysage
Pierre BÉARN   - Usine de campagne
Luc BÉRIMONT - La nuit d'aube ; Comme des eaux qui se dénouent ; Je t'attends aux grilles des routes
Michel BESNIER   - Mes résidences
Robert BESSE   - L'arc-en-ciel ; Le lézard 

page 2 (cliquez sur l'auteur recherché) : Bonnefoy à Chesneau 


Yves BONNEFOY / Que ce monde demeure ; Rouler plus vite ; La maison natale ; Le soir ; La seule rose ; La charrue ; Les flambeaux ; Une voix ; La tâche d'espérance ; De grands blocs rouges ; Le nuage rouge
Alain BOSQUET / Un enfant m'a dit ; Arbre ; J'écrirai ; Mer
Alain BOUDET / Elle souffle sur la lune ... ; L'éclair joint le feu à la source ...
Nicolas BOUVIER
/ Les Indes galantes ; Les feuilles des noyers ; Novembre ; Printemps kurde ; Morte saison
Jacques BREL / Le plat pays ; Les Marquises
Michel BUTOR / voir la catégorie dédiée (en haut de page)
Hélène CADOU
/ Plus d'avenir ; Le temps réconcilié ; L'arbre ; Encore un dimanche à rêver ... ; Il faut laver ce que tu dis ...
Maurice CARÊME / Entre Margny et Breux ; Le ciel ; L'automne ; Le nuage ; La grille est toute blanche ; Le brouillard ; Automne en ville ; L'homme et l'enfant ; Il a neigé ; Le sentier se perdait ; Que la mer est belle ! ; Je sais ... ; La mer ; Sur la plage ; Gare isolée ; Étranges fleurs ; L'écureuil  
André CASTAGNOU / Le fleuve
Blaise CENDRARS / Prose du Transsibérien ; Mississipi ; Paysage ; Îles ; Coucher de soleil ; Couchers de soleil ; A tribord Bahia ; Bleus ; Trouées ; Dans le train
Gilbert CESBRON / Les nuages blancs
Anne-Marie CHAPOUTON / Rêve 4
René CHAR / La Sorgue
Jacques CHARPENTREAU / Les fils de la vierge ... ; La clé des champs ; La mer s'est retirée
Andrée CHEDID / Les routes
Marc CHESNEAU / Paysage

page 3 (cliquez sur l'auteur recherché) : Clancier à Gamarra 

Georges-Emmanuel CLANCIER / Les ajoncs, la pierraille ... ; Escales ; Le guet
Paul CLAUDEL / Salut, pays ! Paysage français
Pierre CORAN / Orage
Charles CROS / Songe d'été
Lise DEHARME / Le pêcheur endormi ; Curieuse ( avec texte de Max Rongier)
Robert DESNOS / Les rivières claires ; Le carré pointu ; Par un point situé sur un plan ... ; L'anneau de Moebius ; Ma sirène
Robert DESNOUES / Marche en Provence ; La mort du peintre
Joachim DU BELLAY / Heureux qui, comme Ulysse ... ; D'un vanneur de blé aux vents
Chantal DUPUY-DUNIER
/ Saorge
Marie-Jeanne DURRY / Chanson
Paul ÉLUARD / Monde ébloui, Monde étourdi ; Je te l'ai dit ; La terre est bleue
Pierre EMMANUEL / Par delà les vergers ... ; Dédicace d'Orphée
Jean FERRAT / La montagne ; Ma France ; Raconte-moi la mer ; autres passages de chansons
Maurice FOMBEURE / Images du village ; "Terre-Terre" ; Le coquillage ; Présence des automnes
Paul FORT / La mer ; La ronde autour du monde ; Autour de l'océan ; La Méditerranée ; Montagne ; La pluie
André FRÉNAUD / Pays retrouvé ; Où est mon pays ?
Pierre GAMARRA / Barcarolle dans la ville ; Paysage ; Secrets ; La pluie

page 4 (cliquez sur l'auteur recherché) : Gautier à Leconte de l'Isle   

Théophile GAUTIER / Décembre ; Le pin des Landes ; Le sentier ; Soleil couchant ; Premier sourire du printemps ; Promenade nocturne ; La fleur qui fait le printemps ; Paysage ; Pensées d'automne ; En allant à la Cahrtreuse de Miraflorès
Rosemonde GÉRARD / L'année ; Paysage ; Le jardin vivant ; Les peupliers
Marie GEVERS / Octobre ; Chanson pour apprendre aux cinq sens à aimer la pluie ; Repas du matin
Marc-Adolphe GUÉGAN / Poèmes courts (6 textes)
Yvan GOLL et Claire GOLL / Renouveau ; Faal ; Le semeur d'hexagones ; Transmutations ; d'Yvan à Claire
Julien GRACQ / Aubrac ; L'Èvre ; Qu'est-ce qui nous parle dans un paysage ?
Luce GUILBAUD / Arbre au bord de la route ... ; Le nuage ; Une petite maison ; Le vent ; J'étais perdue ; Je jouais
Louis GUILLAUME / Noir comme la mer ; Soir ; Maison de vent
GUILLEVIC / La plaine, les vallons plus loin ... ; Recette ; Image ; Le vent ; La pomme ; Le soleil ; Arbre l'hiver ; LA forêt ; Inclus ; L'arbre ; La saison ; La vague ; L'arbre (deuxième texte) ; Requis ; Habitations ; Un mur ; Cerisier ; Hirondelle ; Regarder ; Carnac ; Azur ; Transparences ; Rivière
Anne HÉBERT / La neige ; La nuit ; Leçons de ténèbres
Franz HELLENS / Manège d'hiver
Émile HENRIOT / Le village ; Paysages ; Aquarelles
José María de HEREDIA / Les conquérants ; Le récif de corail ; Bretagne
Victor HUGO / Le semeur ; Printemps ; Le feu du ciel ; Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir ; La source ; L'expiation ; Stella ; Le poète s'en va dans les champs ; Va-t-en, me dit la bise ; Bièvre ; Promenade dans les rochers ; Spectacle rassurant ; Pluie d'été ; Joie des choses ; Le matin - En dormant ; Le Vésuve
Philippe JACCOTTET / Les eaux et les forêts ; Nouvelles notes pour la semaison ; Je marche dans un jardin ... : Fruits ; L'aurais-je donc inventé ? ... ; Jour à peine plus jaune ... ; Chemin de montagne
Francis JAMMES / Un jour bleu de l'été ... ; Le vieux village ; Le pays natal ; Ô Jammes (poème de Charles Guérin)
Georges JEAN / Ville inconnue ; Dans un bistrot
Vénus KHOURY-GHATA / À Yasmine ; La forêt a peur ; La surface d'un automne ; La voie lactée ... ; À quoi sert l'école ? ;  À quoi sert un nuage ?
Jules LAFORGUE / Chanson d'automne ; Couchant d'hiver ; Crépuscule de dimanche d'été
Alphonse de LAMARTINE / Milly ou la terre natale (I) ; Milly ou la terre natale (II) ; Le vallon
Luce LAURAND / Le chemin
Guy LAVAUD / Nocturne ; Un pin ; Combats
Philéas LEBESGUE / Petit village ; Le village ; Terre d'amour ; Le plus beau pays du monde
Charles-Marie LECONTE DE L'ISLE /
Les éléphants ; La panthère noire ; Le rêve du jaguar ; La forêt vierge ; Paysage polaire ; Midi

page 5 (cliquez sur l'auteur recherché) : Lebrau à Nerval   

 
Jean LEBRAU / Dans les Corbières ; Octobre ; La fleur rose ; Fin d'octobre ; Le vent
Madeleine LE FLOCH / Vers exclusif
Madeleine LEY / La fin des vacances ; Dans les bois noirs
Bernard LORRAINE / Au début ... 
Olivier de MAGNY / À sa demeure des champs
Jeanne MARVIG / Le ruisseau ; La voiture roulait ; L'Arbre
Stéphane MALLARMÉ / Renouveau ; Peindre un paysage
Guy de MAUPASSANT / Nuit de neige ; Le moulin
Pierre MENANTEAU / Qu'elle est belle la Terre ; Ah ! que la Terre est belle !
Henri MICHAUX / Arbres des tropiques ; Contre ! ; Dans ce pays, il n'y a pas de feuilles ... ; Equateur ; La forêt ; La Cordillera de los Andes ; Arbres
Jean MORÉAS / La feuille des forêts ; Dans l'âtre brûlent les tisons ... ; Memento ; La lune d'argent ; Eau printanière, pluie harmonieuse ... ; Ô mer immense ...Quand je viendrai m'asseoir dans le vent ...
Jean-Luc MOREAU / L'oncle Octave
Georges MOUSTAKI / Mon Île de France
Alfred de MUSSET / À mon frère, revenant d'Italie 
Gérard de NERVAL / Avril ; Le coucher du soleil

page 6 (cliquez sur l'auteur recherché) : Noailles à Serres 

Anna de NOAILLES / Chaleur ; Le jardin et la maison (Crépuscule) ; Il fera longtemps clair ce soir ... ; Matin de printemps ; Matin d'été ; Les bords de la Marne
Marie NOËL / Chant de rouge-gorge ; L'île ; Chant de nourrice ; Si j'étais plante
Germain NOUVEAU / En forêt
Jean ORIZET / Sur la prunelle des saisons ; L'or sous le givre ; Haute ponctuation du silence
Louisa PAULIN / voir la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES - traductions
Charles PÉGUY / Présentation de la Beauce à Notre-Dame-de-Chartres
Benjamin PÉRET / Les temps révolus
Cécile PÉRIN / Aube ; Danse ; Arc-en-ciel ; Oasis ; Chant à voix basse
Louis PIZE / Montagne
Gisèle PRASSINOS / Dans tes yeux il y a la mer ; La neige
Jacques PRÉVERT /
Soyez polis ; Chanson pour chanter à tue-tête et à cloche-pied ; Le paysage changeur ; Immense et rouge ; Un vent fou ; Le ruisseau ; La plage des sables blancs ; Exilé des vacances ; Les palmes et les branches ; La couleur locale ; Tournesol ; Sables mouvants ; Nuages ; Le vrai jardinier ... ; La pluie ...
Raymond QUENEAU / Pins, pins et sapins ; Port ; Vesper
Jeanne RAMEL-CALS / Robes de printemps
Charles-Ferdinand RAMUZ / Le pays ; Le saule ; Chaleur
Henri de RÉGNIER / Le jardin mouillé ; Paysage ; Les pins ; le bois de pins ; Soir d'automne ; La lune jaune ; Promenade ; En forêt
Pierre REVERDY /  Calme intérieur ; De la pierre à l'eau ; Horizon ; Heure ; Son de cloche ; La neige tombe ; Temps couvert ; En face ; Les ardoises du toit
Jean RICHEPIN / Le chemin creux ; La neige est belle
Madeleine RIFFAUD / Nuit
Ann ROCARD / Bien au chaud
Pierre de RONSARD /  Ode à la Fontaine Bellerie ; Contre les bûcherons de la forêt de Gastine ; Ciel, air et vents, plains et monts découverts
Jacques ROUBAUD / Un matin ; Rondeau étrange des visages et paysages ; mettons ; square de Louvois ; rue de Bretagne ; Les mouettes
Jean ROUSSELOT / On n'est pas n'importe qui ; Pas de vacances
Claude ROY / Météorologie ; L'enfant qui battait la campagne ; La clef des champs ; Étourdis étourneaux ; Les quatre éléments
Marc-Antoine de SAINT-AMANT / L'automne des Canaries
Annie SALAGER / Oyats ; Traces ; Aimez-vous la mer ? ; Tu cours superbe, ô Rhosne, flourissant  ; La mer
Albert SAMAIN / Mélancolie ; Chanson d'été ; J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym
SAMIVEL / La Vanoise, L'automne, Les galets
Cécile SAUVAGE / Le jour ; La lune blanche ; Fumées
Anne SCHWARTZ-HENRICH / L'autre monde
Léopold Sédar SENGHOR / Nuit de Siné ; je suis seul
Victor SEGALEN / Conseils au bon voyageur ; Terre jaune ; Les lacs
Pierre SEGHERS / Décourage en toi le chagrin ; Automne
Alain SERRES / Toi-même

page 7 (cliquez sur l'auteur recherché) : Sodenkamp à Voisard 


Andrée SODENKAMP
/ Le printemps ; Les loups ; La fenêtre est un livre d'images ; Terre
Philippe SOUPAULT / Pleine lune
Jules SUPERVIELLE / Je caresse la mappemonde ; Elle lève les yeux ; Oiseau des Îles 
Henri THOMAS / Hiver, Novembre, Message du bonhomme de neige
Hamid TIBOUCHI / La rouille
Paul-Jean TOULET / En Arles ; L'été ; "Les Contrerimes" , Dimanche
Paul VALÉRY / Le cimetière marin
Charles VAN LERBERGHE / Image
Angèle VANNIER / Forêt sans muguet
Émile VERHAEREN / Le chant de l'eau ; Le port ; À la gloire du vent ; La plaine
Paul VERLAINE / Dans l'interminable ennui de la plaine ; La lune blanche ; Le ciel est par-dessus le toit ; Soleils couchants ; Clair de lune ; L'heure du berger ; L'ombre des arbres dans la rivière embrumée ; Promenade sentimentale
Anne VERNON / La plage ... ; certains jours ... ; Parfois ... ; Mes questions frangent le silence ...
Gabriel VICAIRE / Matins de neige ; Paysages ; La mer ; Clairs de lune
Gilles VIGNEAULT / Mon pays
Charles VILDRAC / La petite maison
Paul VINCENSINI / Le champ de blé ; Le vent ; L'ombre est bleue ; Le chemin ; L'arbre ; Moisson ; Petite nuit ; Le vent (autre texte) ; Plein ciel ; Moi au printemps j'ai tout ; Hiver
Renée VIVIEN / TRoses du soir ; Chanson ; Les arbres ; À la bien-aimée
Alexandre VOISARD / Écrit sur un mur ; Le muguet perdu ; L'artiste à l'œuvre ; Légende des ingénieurs ; Le pasteur égaré ; Un goûter à l'orée ; Au rendez-vous des alluvions ; La longue nuit soupçonneuse ; L’arbre que terrasse la tempête ; Solitaire au bout du rameau 

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15 mai 2009

Annie SALAGER, Albert SAMAIN, SAMIVEL, Cécile SAUVAGE - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Annie Salager  est une romancière et poète contemporaine, auteure également de récits et de traductions de textes espagnols (des poésies essentiellement). Son dernier recueil est paru en 2009 : "Aimez-vous la mer, le tango - Tango und Meer" (Éditions En Forêt/Verlag Im Wald bilingue allemand-français). On trouvera sur son site d'autres poèmes, des éléments de biographie et une bibliographie : http://perso.numericable.fr/asalager/

"Le poème nous mêle à la lumière, la poésie comme la biologie portent à l'admiration du vivant" (A Salager).

Oyats

                       à F-J. Temple

J'aurais seulement besoin
des oyats sur les dunes
éclairés par les lis
et d'une cuillerée d'amour
pour marcher sur les flots
agités d'une illusion de temps
et d'un safran de rire

Tant d'années sans eux les lis
le léger inconfort des étangs
les vieilles cabanes de pêcheurs
les canaux les roselières
l'ennui pour eux de n'être pas la mer
soudain un champ de saladelles
je gémis attachée au train
je guette le mistral les flamants roses
je veux les lis de mer
les lieux d'exil terre ni mer
où travaille l'instable le néant de l'être
fouetté par-dessus tête
des courtes vagues du désir
et tout ce poids du temps
réduit à rien

Annie Salager

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Traces 

Où j’aime tomber
mais dans
l’odeur des roses
les lis de mer
la lumière et le piercing
des martinets
ou encore dans
nos traces de silence
après le bruit
où aurais-je aimé vivre
mais dans
l’air la canopée
au milieu des poissons colorés
finalement où juste un vivre
de lumière j’aurais aimé.

Annie Salager

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Un extrait de son dernier recueil :

    Aimez-vous la mer ? (extrait)

J’entends la mer balayer le rivage
entrer dans la chambre
la rumeur du sablier

le ciel est noir d’étoiles
d’infinis lis en poussière de mer

la nuit me peuple

j’ai soif d’eux

dans les senteurs du maquis
l’instant du vivre
tient en haleine.

[...]
 

Annie Salager ("Aimez-vous la mer, le tango - Tango und Meer", Éditions En Forêt/Verlag Im Wald - bilingue allemand-français)

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Et enfin deux poèmes proposés dans la "poéthèque" du site du Printemps des Poètes à cette adresse : http://www.printempsdespoetes.com

Tu cours superbe, ô Rhosne, flourissant 

Tu cours superbe, ô Rhosne, flourissant
Les bords imaginaires du voyage
les rives vertes où l'on s'use en passant
aux tourbillons, aux rhombes des nuages.
Ton couteau nu entraîne nos images
de vie si promptes à rejoindre les puits
où demain les noiera d'une eau d'oubli
et là s'apaiseront les jours amers
quand jusqu'à l'os léchés nos mots blanchis
seront le temps qui pose sur la mer.

Annie Salager ("Printemps des Poètes 2005" - "Hommage à Maurice Scève, sa Délie aux quatre cent quarante neuf dizains décasyllabiques, rimés en ABAB BC CDCD")

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"poéthèque" du Printemps des Poètes : http://www.printempsdespoetes.com

La mer (titre proposé)

Cousus ensemble à la lumière et aux cailloux, des corps d'algues gigantesques imprégnaient l'horizon. Dressés, de lointains panneaux en plastique bleu arrêtaient le bruit quand on glissait le long d'eux, comme le plongeur de Paestum* dans le monde souterrain qui s'ouvre pour lui au creux des vagues. C'était la mer avec sa hache d'infini. Elle fend l'oeil et la tête, nettoie les paroles, pénètre violemment la mémoire. Son feu est-il celui de Cassandre ? Clos sur ses Méditerranées, qui en regarde la roue peut voir ses propres vies dans le vent solaire danser et disparaître.

*Paestum : cité grecque située en Italie du sud (Campanie), appelée aujourd'hui Poseidonia, et classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1998

Annie Salager ("Les dieux manquent de tout" éditions Paroles d'Aube, 1996)



Albert Samain (1858-1900) est un de nos plus importants poètes symbolistes du XIXe siècle (voir Henri de Régnier). 

Le texte original de ce long poème comporte 16 quatrains. Voici le début du texte, dont on ne propose en général que les deux ou trois premières strophes :

Mélancolie

Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure,
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

L'automne qui descend des collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur
Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu : le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

[...]

Albert Samain ("Le Chariot d'Or" - Mercure de France, 1900)

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Chanson d'été

Le soleil brûlant
Les fleurs qu'en allant
Tu cueilles,
Viens fuir son ardeur
Sous la profondeur
Des feuilles.

Cherchons les sentiers
A demi frayés
Où flotte,
Comme dans la mer,
Un demi-jour vert
De grotte.

Des halliers touffus
Un soupir confus
S'éléve
Si doux qu'on dirait
Que c'est la forêt
Qui rêve ...

Chante doucement ;
Dans mon coeur d'amant
J'adore
Entendre ta voix
Au calme du bois
Sonore.

L'oiseau, d'un élan,
Courbe, en s'envolant,
La branche
Sous l'ombrage obscur
La source au flot pur
S'épanche.

Viens t'asseoir au bord
Où les boutons d'or
Foisonnent ...
Le vent sur les eaux
Heurte les roseaux
Qui sonnent.

Et demeure ainsi
Toute au doux souci
De plaire,
Une rose aux dents,
Et ton pied nu dans
L'eau claire.

Albert Samain ("Au jardin de l'Infante", Mercure de France, 1903)

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J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym

J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym,
Les coteaux violets qu’un pâle rayon dore,
Et la persienne ouverte avec un bruit sonore,
Pour boire le vent frais qui monte du jardin,

La grand’rue au village un dimanche matin,
La vache au bord de l’eau toute rose d’aurore,
La fille aux claires dents, la feuille humide encore,
Et le divin cristal d’un bel oeil enfantin.

Mais je préfère une âme à l’ombre agenouillée,
Les grands bois à l’automne et leur odeur mouillée,
La route où tinte, au soir, un grelot de chevaux,

La lune dans la chambre à travers les rideaux,
Une main pâle et douce et lente qui se pose,
"Deux grands yeux pleins d’un feu triste" (1), et, sur toute chose

Une voix qui voudrait sangloter et qui n’ose …

Albert Samain ("Le Chariot d'Or" - Mercure de France, 1900) - (1) guillemets dans le texte original



Samivel (1907-1992) est difficile à classer : écrivain, poète, humoriste et illustrateur, et cinéaste-photographe autant que grand randonneur. ... Son talent est reconnu dans toutes ces activités. Il s'appelait pour l'état civil Paul Gayet-Tancrède. Son nom d'auteur est emprunté à Charles Dickens (Samivel, c'est Sam Weller dans "Les Aventures de Mr Pickwick").

Samivel_dessin

Ci-dessus un dessin humoristique de Samivel (source : http://strictement-confidentiel.com/), qui a parcouru, décrit, romancé sa montagne des Alpes. Il a été avec d'autres le créateur du Parc National de la Vanoise, pour lequel il a écrit cette poésie en forme de code de bonne conduite :

La Vanoise

Voici l'Espace, voici l'air pur, voici le Silence
Le Royaume des aurores intactes et des bêtes naïves
Tout ce qui vous manque dans les villes
Est ici préservé pour votre joie

Eaux libres, hommes libres
Ici commence le pays de la liberté.
La liberté de se bien conduire

Récoltez de beaux souvenirs mais ne cueillez pas les fleurs
N'arrachez surtout pas les plantes : il pousserait des pierres !
Il faut beaucoup de brins d'herbe pour tisser un homme.

Ouvrez vos yeux et vos oreilles, fermez vos transistors
Pas de bruit de moteur inutile, pas de klaxons
Écoutez les musiques de la montagne.

Enterrez vos soucis et emmenez vos boites de conserves.
Les papiers gras sont les cartes de visite des mufles.

Oiseaux, chevreuils, lapins, chamois
Et tout ce petit peuple de poil et de plume
Ont désormais besoin de vous pour survivre.
Déclarez la paix aux animaux timides,
Ne les troublez pas dans leurs affaires
L'ennemi des bêtes est l'ennemi de la vie

Afin que les printemps futurs réjouissent encore vos enfants !

Samivel

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L’automne


Quand l'automne en saison revient
La forêt met sa robe rousse
Et les glands tombent sur la mousse
Où dansent en rond les lapins.
Les souris font de grands festins
Pendant que les champignons poussent.
Ah ! Que la vie est douce, douce
Quand automne en saison revient.

Samivel

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Les galets

Sur une plage de galets
Que voit-on s’il vous plaît ?
À perte de vue des galets
Qui vous paraissent tous semblables.
Mais regardez-y de plus près.
Certains sont rond. D’autres carrés,

Or, grenat, jade, bigarrés…
Dans ces foules incalculables
Qui s’effondrent sous les orteils
On en trouve pas deux pareils…

Il voit tous de même fabrique,
Le Sot, jetant un regard hâtif.
Mais le sage, plus attentif,
Sait bien que chaque Être est unique

Samivel



Cécile Sauvage  (1883-1927).

Le jour (début du poème)

Levons-nous, le jour bleu colle son front aux vitres,
La note du coucou réveille le printemps,
Les rameaux folichons ont des gestes de pitres,
Les cloches de l'aurore agitent leurs battants.
La nuit laisse en fuyant sa pantoufle lunaire
Traîner dans l'air mouillé plein de sommeil encor
Et derrière les monts cachant sa face claire
Le soleil indécis darde trois flèches d'or.

[...]

Cécile Sauvage ("Tandis que la terre tourne")

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La lune blanche

Souvent le coeur qu'on croyait mort
N'est qu'un animal endormi ;
Un air qui souffle un peu plus fort
Va le réveiller à demi ;
Un rameau tombant de sa branche
Le fait bondir sur ses jarrets
Et, brillante, il voit sur les prés
Lui sourire la lune blanche.

Cécile Sauvage ("Mélancolie")

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Fumées (début et passages du poème)

Le brouillard fondu
Prend les arbres nus
Dans sa molle haleine.
Le jardin frileux
Sous un voile bleu
Se devine à peine.

Le soleil blafard
Résout le brouillard
En perles d’eau blanche
Dont le tremblement
Miroite et s’étend
À toutes les branches.
…...

L’azur d’un soir gris.
Un vague arc-en-ciel s’allonge et verdit
Sur la côte obscure ;
Sa courbe légère et rose grandit
De plus en plus pure.
À l’endroit où l’arc suave incliné
Rejoint la colline,
Les arbres d’hiver prennent sa clarté,
Dans leurs branches fines.

Un oiseau chante comme une eau
Sur des cailloux et des pervenches.
Quelle odeur de printemps s’épanche
De cette pure voix d’oiseau !
……

La lune pâle, rêveuse
Et transparente à demi,
Glisse sur la vaporeuse
Douceur d’un ciel endormi.
Dans les branches dénudées
Et si grêles d’un bouleau
Une lueur irisée
Incline ses calmes eaux.
C’est l’hiver et sa tristesse
Avec de muets oiseaux
Se berçant à la sveltesse
Sans feuillage des rameaux.
……

J’ai vu ce matin la lune
Pâle dans les longs bouleaux
Et cette image importune
Reviendra dans mon cerveau.
Elle viendra persistante
Comme un avertissement
Dans un rêve qui me hante,
Et j’ai le bref sentiment
Qu’au jour de ma destinée
Dans un bouleau langoureux
Luiront nettement les feux
De cette lune obstinée.
……

La ville sous la fumée
Du soir et des cheminées
Flotte en un rêve étranger
Et s’efface. Son église
De fines colonnes grises,
Pareilles aux pins légers,
Sur le fond de la colline
Grandit, sans âge et divine
Dans le soir désespéré.

Dans l’herbe trottine un chien,
Une brindille remue,
Un oiseau fuit et plus rien
Ne bouge sur l’avenue.
……

Je ne veux qu’un rêve
À demi-flottant,
Que mon âme brève
Passe en voletant,
Que la brume fine
L’enveloppe aussi ;
Qu’elle s’achemine
Sans autre souci
Que celui d’errer
Avec une brise,
Sur l’arbre léger,
Sur la terre grise.

Cécile Sauvage ("Fumées")


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15 mai 2009

Charles CROS, Lise DEHARME - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Charles Cros (1842–1888) est un poète français ("Le Collier de griffes", "Le Coffret de santal") méconnu de ses contemporains et quelque peu oublié aujourd'hui. Il reste quand même son hareng saur, sec, sec, sec, qui se balance aux murs des écoles. Charles Cros est aussi un inventeur dépossédé : qui sait ce qu'il a apporté à la photographie ? Et le phonographe, qu'il avait théorisé, a été réalisé par Thomas Edison.

On observera que les paysages qu'aime Charles Cros sont, à l'image du personnage et de son oeuvre, surprenants :

Songe d'été

À d’autres les ciels bleus ou les ciels tourmentés,
La neige des hivers, le parfum des étés,
Les monts où vous grimpez, fiertés aventurières
Des Anglaises. Mes yeux aiment mieux les clairières
Où la charcuterie a laissé ses papiers,
Les sentiers où l’on sent encor l’odeur des pieds
Des soldats avec leurs payses, la presqu’île
De Gennevilliers, où croît l’asperge tranquille
Sous l’irrigation puante des égouts...
On ne dispute pas des couleurs ni des goûts.

Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972)



Lise Deharme (1907-1981), est une romancière et poétesse française, proche d'André Breton et des Surréalistes. On trouvera ses d'autres textes de cette auteure sur le blog ici : l'humour de Lise Deharme et ici : des femmes poètes

Le pêcheur endormi

La ligne d'or
danse sur l'eau :
de chaque rayon
sort un oiseau.

Pêcheur qui dort
abasourdi
croit que le lac
est plein de nids.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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Un paysage-visage *. De quoi donner des idées de création plastique autrement qu'à la Arcimboldo, non ? ...

Curieuse

Tes cheveux sont des araignées noires et griffues
ton front un désert de sable blond
ton nez une vague de son
tes dents ont faim
ta bouche est fine
ton menton
une colline aiguë
mais tes yeux sont deux cratères
de lave et de gouffres ouverts
semés d'étincelles et de feu
Tes yeux sont deux mondes perdus.

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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* Ce poème me renvoie à une chanson qu'interprétait Claude Vinci, à contre-courant, dans les années 60, et dont l'auteur, qui l'a chantée lui aussi, est sans doute Max Rongier.* On y trouve le mot "censure", qui n'est pas une coquetterie de langage, mais une réalité de ce temps là ... * ce texte sera rangé dans un paragraphe "Max Rongier", s'il se confirme qu'il en est bien l'auteur... on compte sur vous ?

Ci-dessous, la pochette du 33 tours "Chansons pour vivre", qui contient "Ta chanson", jamais réédité (aucun des deux CD de Claude Vinci ne reprend ce titre), c'est bien dommage. Le nom de l'auteur doit se trouver sur ce disque, mais là on ne peut proposer qu'une image, trouvée sur un site marchand d'occasion ...

Claude_Vinci_Chansons_pour_vivre

Ta chanson *

Tes joues de près ce sont des plages
Tes yeux des lacs, tout bêtement,
Et ta bouche frileusement
C'est une fabrique à nuages

Ton front c'est déjà la forêt
Il y a peut-être des panthères
Tes cheveux quel raz-de-marée
Tout ruisselants de vrai mystère

Bref ton visage déluré
C'est un monde
Et je ne dis rien
De ta poitrine censurée
Dont je pense beaucoup de bien

Ce grain de beauté sur ton cou
C'est un soleil en pleine éclipse
Je n'ose le dire à mon goût
Il brûle mes doigts et je glisse

Voici tes bras comme les branches
De l'arbre de la tentation
Tes mains vaudraient une passion
Quand elles effleurent tes hanches

N'insistons pas et restons sages
Nous chanterons à l'unisson
Les secrets de tes paysages
Ailleurs que dans une chanson.

Max Rongier (sous réserves, pour les paroles) - * pas de confusion, ce titre est aussi celui d'une chanson de Jean Ferrat. Ferrat, Max Rongier et Claude Vinci se connaissaient bien, ayant beaucoup d'idées "communes". Vinci a chanté Ferrat, mais les deux chansons n'ont en commun que leur titre.



2 janvier 2009

LANGUE D'OC- OCCITAN, PROVENÇAL - Anjela Duval, Jean-Pierre Calloc'h, Xavier Grall - Langues régionales -

Paysages d'Europe

Languedoc et Provence

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La langue d'Oc, observeront les lecteurs attentifs, est différente à l'oral et à l'écrit selon les régions (et même à l'intérieur d'une même région). Témoin ces textes, de Provence et de Languedoc.

Louisa Paulin, auteure bilingue, est présentée dans cette page, mais on rencontrera d'autres auteurs occitans ou provençaux d'expression française, dans la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

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Occitan

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Max Rouquette "est né en 1908 à Argelliers, près de Montpellier, dans un paysage inoubliable et jamais oublié de bois de chênes verts sombres, de garrigues colorées, de vignes tendrement odorantes et de figuiers bibliques. Ce paysage est la clé de son écriture. Parce que c'est en ce lieu, et en ce lieu seulement, que s'est effectuée la fusion des mots et du monde.
Max Rouquette a écrit en occitan (...)
Tous les textes de Max Rouquette résonnent de cette origine féconde. Ils en tirent probablement leur sève unique, et cette faculté d'éblouissement, tissée de beautés et d'angoisses, qui nous les rend communicables et si précieux."
(Philippe Gardy)

Les recueils de Max Rouquette sont épuisés, mais une réédition, sous le titre "Les Psaumes de la nuit / Los Saumes de la nuòch", est disponible aux éditions Obsidiane (1984)  Cet ouvrage rassemble : "Somis dau matin", "Somis de la nuòch", "La Pietat dau matin", en édition bilingue. Max Rouquette a lui-même traduit ses poèmes en français.

C'est à l'adresse http://melior.univ-montp3.fr/slo/roqueta/fr/, où Philippe Gardy veille à la présence de Max Rouquette, que deux des poèmes qui suivent, Larzac et Comba de la trelha (Combe de la treille), ont été empruntés :

Larzac

DE LA TÈRRA sul cèu lo teunhe fiu
ennevat per la flor de l’aleda
partís ton camp peirós, ò feda,
de las doças planas de Dieu ;
e de mirar la lutz, abandonada,
los uòlhs perduts, non te sovèn
se siás encara a la tèrra mairala
ò se caminas dins lo temps,
dins lo temps blau, de nivols ennevadas,
dins lo temps blau onte los jorns passats
coma los jorns a venir son tas clars.

----- (traduction de l'auteur) -----

Larzac

LE FIL TÉNU de la terre sur le ciel
enneigé par la fleur de l’asphodèle
sépare ton champ pierreux, brebis,
des douces plaines de Dieu ;
et de contempler la lumière abandonnée,
les yeux perdus, tu ne sais plus
si tu es encore de la terre maternelle
ou si tu chemines dans le temps,
dans le temps bleu aux neigeuses nuées,
dans le temps bleu où les jours du passé
sont aussi clairs que les jours à venir.

Max Rouquette ("Sòmnis de la nuòch", Toulouse, Societat d’Estudis Occitans, 1942, réédité en 1984 : "Les psaumes de la nuit", éd Obsidiane -bilingue)

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Comba de la trelha

Lo MERLE que va d’una mata
a l’autra mata e que seguís
los vielhs camins, e que s’acata
en lo bois e los romanins,
sol poiriá dire amb la palomba
e la mostèla e lo singlar
tota la patz d’aquela comba.

----- (traduction de l'auteur) -----

 

Combe de la treille

Le MERLE qui va d’une touffe
à l’autre touffe, et qui suit
les vieux chemins, et qui se cache
dans le buis et le romarin,
seul pourrait dire avec la palombe
et la belette et le sanglier,
toute la paix de cette combe.

* une combe, en languedoc, est une petite vallée. On trouve ce terme dans des noms de villages ou des noms de famille (Lacombe)

Max Rouquette ("Los Sòmnis dau matin", Toulouse, Societat d’Estudis Occitans, 1937 (réédition 1963)

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Du même auteur, une jolie scène nocturne :

Lo sabaud

Perque sus uolhs s'enclausisson de luna
clara dins lo ceu escur
un sabaud de l'estiu, doçament nada
dins l'aiga plana, miralh pur.

Mai naut que la mai nauta branca
ela, que landa eternament
davala e dins l'aiga, un moment
dansa per el en rauba blanca.

Max Rouquette ("Los saumes de la nuoch" - éd Obsidiane -bilingue, 1984)

----- (traduction de l'auteur) -----

 

Le crapaud

Parce que ses yeux s'enchantent de la lune
claire dans le ciel obscur
un crapaud de l'été doucement nage
dans l'eau plane, pur miroir.

Plus haut que la plus haute branche
elle*, qui glisse éternellement,
descend, et dans l'eau un moment
danse pour lui en robe blanche.

Max Rouquette ("Les psaumes de la nuit" - éd Obsidiane -bilingue, 1984) - * la lune


Alan Pelhon  (1946-1994) est né à Coaraze (Alpes-Maritimes), et c'est dans cette région qu"il a passé sa courte vie.

La jòia (titre proposé)

La jòia serà fuec
Cant dau gal
Parpalhon virolant d'aquí ailà
Lutz esclapant la nuech
Aiga fresca dau sorgent
Mar breçolada per li gabians
Solelh que s'escorre plan-plan
En la mieu boca
En una jòia que ren arresta

----- (traduction) -----

La joie

La joie sera feu
Chant du coq
Papillon pirouettant ça et là
Lumière brisant la nuit
Eau fraîche de la source
Mer bercée par les mouettes
Soleil qui ruisselle doucement
Dans ma bouche
Dans une joie que rien n'arrête

Alan Pelhon ("Vi devi parlar"/"Je dois parler") - éditions La Dralha, 2004.


Louisa Paulin (1888-1944), Loïza Paulin en occitan (1888-1944) a vécu dans le Tarn, où elle fut institutrice. Elle a d'abord écrit ses poèmes uniquement en français, puis en français et en occitan.
Je me suis mise à la langue d'Oc par repentir d'avoir si longtemps ignoré mon pays et peut-être de l'avoir un peu méprisé”.

On trouvera sur le site des éditions Vent Terral, des recueils bilingues qu'on peut commander (2 € de frais de port seulement). Mais qu'est-ce qu'on attend ? C'est ici (copier-coller) : http://www.ventterral.com/tema/ome.php?lien=tema#louisa

Silenci de l'auton

Silenci de l'auton quand lo vent s'es pausat
doç coma una pluma de palomba
escapada de la negra man del caçaire.
Silenci saure de l'auton
ont s'ausis la darrièra vèspa
e lo mai escondut al plus prigond del còr.

----- (traduction de l'auteure) -----

Silence de l'automne

Silence de l'automne quand le vent s'est posé,
doux comme une plume de palombe
échappée de la noire main du chasseur.
Silence blond de l'automne
où l'on entend la dernière guêpe
et le plus caché au plus profond du cœur.

Louisa Paulin  ("Direm a la nòstra nena", Vent Terral, 1994, bilingue)

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À partir du texte occitan, une version non autorisée de ce poème, très légèrement différente (avec tout le respect qu'on doit à la mémoire de Louisa Paulin).

Pour rétablir dans le deuxième vers l'ordre naturel adjectif-nom substantif ("negra man" peut se dire plus naturellement "main noire"), et surtout éviter la répétition dans le dernier vers, absente en occitan. Mais on chipote peut-être  : 

Silence de l'automne

Silence de l'automne quand le vent s'est posé,
doux comme une plume de palombe
échappée de la main noire du chasseur.
Silence blond de l'automne
où l'on entend la dernière guêpe
et ce qui est caché au plus profond du cœur.

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La cançon del silenci.

Vèni, ausirem, anuèit, la Cançon del silenci,
la cançon que comença,
quand s'escantís, la nuèit, lo cant del rossinhòl ;
la cançon que s'ausís al doç cresc de l'erbeta,
la cançon de l'aigueta
que se pausa, un moment, al rebat d'un ramèl ;
la cançon de la branca
que fernís e que dança
desliurada del pes amorós d'un ausèl ;
la secreta conçon breçant l'ombra blavenca
del lir còrfondut de promessa maienca,
qu'espèra, per florir, un signe del azur.

----- (traduction de l'auteure) -----

La chanson du silence

Viens, nous entendrons, ce soir, la chanson du silence,
la chanson qui commence,
quand s'achève, la nuit, le chant du rossignol ;
la chanson qu'on entend à la douce croissance de l'herbe,
la chanson de l'eau vive
qui se repose, un moment, au reflet d'un rameau ;
la chanson de la branche
qui frissonne et qui danse
délivrée du poids amoureux d'un oiseau ;
la secrète chanson berçant l'ombre bleuâtre
du lis défaillant de promesse printanière,
qui attend, pour fleurir, un signe de l'azur.

Louisa Paulin  ("Chants d'amour et de paix" - "Les Amis de Louisa Paulin", 1998) - Aux éditions Vent Terral, les recueils de Louisa Paulin ont été réédités.

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Fum 

Non, non, anuèit vòli fugir l'ostal !
Vòli lo fial de lum que s'estira suls camps
Quand lo lauraire aluca un fuòc d'erbassas.
O fial de fum, vèni ligar un raive,
Un rave que m'escapa
– coma tu, lial de fum –
Per fugir cap a las estelas.

----- (traduction de l'auteure) -----

Fumée

Non, non, ce soir je veux fuir la maison !
Je veux le fil de fumée qui s'étire sur les champs
Quand le laboureur allume un feu de mauvaises herbes.
Ô fil de fumée, viens lier un rêve,
Un rêve qui m'échappe
comme toi, fil de fumée
Pour fuir vers les étoiles.

Louisa Paulin ("Sorgas- Sources", Bibliothèque de la Revue du Tarn, Édouard Privat, 1940 et "Poèmes", Éditions de la Revue du Tarn, 1969) - Aux éditions Vent Terral, les recueils de Louisa Paulin ont été réédités)


Jean Boudou ou Joan Bodon (1920-1975), instituteur aveyronnais, est considéré comme le plus grand des poètes du Languedoc. Il est l'auteur de romans et de poésies en occitan, exclusivement.

Recueil le plus connu : Sus la mar de las galèras (Sur la mer des galères), dont on peut trouver le texte intégral ici (format pdf mais non traduit)

Alba de Pigala

Cercavi fortuna, la trobèri lèu;
Aquela nuèch blanca tombava de nèu.
Canti çò que canti, plore lo que vòl...
Mas per cridar l’alba cal un rossinhòl.

Gardèt los debasses e lo casabèc:
De què ne pensavas, Tolosa-Lautrèc ?
Sus una flaçada, sens cap de lençòl ...
Mas per cridar l’alba cal un rossinhòl.

Qu’es aquela trèva que totjorn me sèc ?
Lautrèc es Tolosa: lo comte bufèc ...
Quand l’amor se paga per un blavairòl.
Mas per cridar l’alba cal un rossinhòl.

Al fons de la prada sabi lo pibol,
Sabi la montanha ... Caminarai sol.
La fortuna vira que me ten pel còl.
Mas per cridar l’alba cal un rossinhòl.

Joan Bodon

----- (traduction proposée par le blog lieucommun) -----

L'aube de Pigala

Je cherchais fortune, la trouvai bientôt,
Cette nuit blanche où tombait la neige.
Je chante ce que je chante, pleure qui veut
Mais pour appeler l'aube il faut un rossignol ...

...

Au fond de la prairie je sais le peuplier,
Je sais la montagne ... seul, je marcherai
La fortune tourne qui me tient par le cou.
Mais pour appeler l'aube il faut un rossignol ...

Ce texte est chanté en occitan par Mans de Breish, tout comme le suivant. La libre traduction de la première et de la dernière strophe est proposée par le blog.

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Alba d'Occitania (extrait)            Aube d'Occitanie

La nuèch e la pluèja e lo gèl  La nuit et la pluie et le gel
Pas una estela dins lo cèl       Pas une étoile dans le ciel
Quora tornara l'alba ?            Quand viendra l'aube ?
Encara canta pas l'aucèl         L'oiseau ne chante pas encore
Quora tornara l'alba ?            Quand viendra l'aube ?

Una nuèch longa sens amor    Une longue nuit sans amour
Lo rosal plora sus la flor        Le rosier pleure sur la fleur
Quora tornara l'alba ?            Quand viendra l'aube ?
S'entrevesiam una lusor ...     On entrevoit une lueur ...

Paraulas de Joan Bodon, Cantat per Mans de Breish
Paroles de Joan Bodon, Chanté par Mans de Breish  traduction Lieucommun



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Provençal
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Frédéric Mistral (1830-1914) est un écrivain et poète provençal, prix Nobel de littérature en 1904.Il fonde en 1854 avec d'autres poètes provençaux, le Félibrige, pour défendre les cultures régionales traditionnelles et la langue occitane.

"Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut"
Frédéric Mistral

Voici une petite fable, avec un rossignol dans le paysage :

Lou gripo-roussignòutexte_Mistral_le_rossignol_orig

Au mes de mai, sus uno busco.
Lou roussignòu, plegant lis iue,
S'èro endourmi dedins la niue ;
Mai lou rejit d'uno lambrusco
Dins sa vediho l'arrapè
E lou vaqui pres pèr li ped.

... (suite du texte en cliquant sur l'image ci-contre >)

Frédéric Mistral ("Lis òulivado")

Le grippe-rossignoltexte_Mistral_le_rossignol

Au mois de mai, sur une branche,
Le rossignol, clignant des yeux,
S'était endormi dans la nuit ;
Mais le jet d'une vigne folle
Le saisit dans sa vrille,
Et le voilà pris par les pieds.

... (suite de la traduction en cliquant sur l'image ci-contre >)

Frédéric Mistral ("Les Olivades") en français par l'auteur.


Sextius Michel 1827-1906) est né à Sénas (Provence). Il "monte à Paris", avec ses premiers poèmes et préside les félibres (voir ci-dessus Frédéric Mistral) de Paris, puis devient maire du XVe arrondissement, de 1871 à sa mort.
Il est le fondateur d'une des premières Caisses des écoles de Paris, pour financer les cantines scolaires, d'une colonie de vacances, ainsi que d'une mutualité scolaire (en 1900).

Cette légende a pour cadre un château :

Les hirondelles (légende)texte_hirondelles_orig

Les hirondelles ont fait leur nid
dans la toiture ensoleillée
d'un petit château. L'aube rit
aux piaulements de la nichée.

Vivait dans ce paradis
une charmante dame adorée
d'un galant jouvenceau du pays.
Oh ! Quels tendres embrassements !

Un jour, crime ou folie,
on la trouva morte dans son lit,
la jeune dame, hélas ! toute seule.

L'amant avait disparu.
Revient l'été avec le ciel bleu,
mais ne reviennent pas les hirondelles.

Sextius Michel ("Le long du Rhône et de la mer") ("Long dóu Rose e de la mar" - Flammarion et Roumanillo 1892)

... (lire la traduction du poème  "Li dindouleto" en cliquant sur l'image ci-contre >)



17 mai 2008

Kenneth WHITE - PRINT POÈTES 11 : Butor Depestre Velter White

Kenneth White, nomade des territoires de lumière

"Ce n’est pas seulement un question de géographie, c’est une question de paysage mental... Il faut sortir, approfondir les lieux, ouvrir l’espace. Écrire la lumière qui passe."
("Le Rôdeur des confins" - éditions Albin Michel, 2006)

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Kenneth_White_livre_diamant

Kenneth White - "Terre de diamant "(Les Cahiers Rouges, Grasset, 1983)

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"Pourquoi écrire ? Pour ne pas devenir fou de cette ivresse blanche qui est le sang de l'écriture"
Kenneth White

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Dans son essai "Une stratégie paradoxale" *, Kenneth White écrit : "J'aime la définition que donne Élie Faure du poète :
Le poète ne s'attache à aucun port, mais poursuit une forme qui vole à travers la tempête et se perd sans cesse dans un perpétuel devenir".
Kenneth White poursuit : ..."étant donné l'ambiance nationaliste post-totalitaire que nous connaissons, le complexe, voire l'idéologie identitaires qui sévissent, créent une première série de difficultés. J'ai personnellement renoncé à toute identité de ce genre, et les réputations locales (ces "représentants culturels" de telle ou telle nation, sans parler de telle ou telle région) me font sourire"...
*"Une stratégie paradoxale, essais de résistance culturelle" (Presses Universitaires de Bordeaux, 1998)

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Kenneth White est né en 1936. Il vit en France depuis une trentaine d'années, actuellement à Trébeurden, village breton du Trégor, sur la côte de Granit rose. Lieu qui le rapproche sans doute de son Écosse natale, la région de Glasgow.
Kenneth White étudie la littérature et la philosophie en Allemagne, vit un temps à Paris, puis en Ardèche, avant un premier retour à Glasgow, où il enseigne la poésie et la littérature à l'Université, là-même où il a été étudiant. En 1967, il s'installe au Pays basque français, base de multiples voyages, essentiellement en Extrème-Orient...
Poète, écrivain, essayiste, philosophe (mais en recherche permanente), actif et voyageur, il est l'inventeur de la "géopoétique", et fonde en 1989, l’Institut international de géopoétique :
"Tout a commencé pour moi dans un territoire de vingt kilomètres carrés sur la côte ouest de l’Écosse, et dans un rapport direct avec les choses de la nature. [...] Afin de renouveler et d’étendre mon expérience initiale radicale, j’ai traversé divers territoires, toujours dans le but d’amplifier mon sens et ma connaissance des choses. Et je continue à le faire, car il ne faut jamais perdre le contact entre l’idée et la sensation, la pensée et l’émotion".
On lira sur son site la présentation de cette "théorie-pratique transdisciplinaire applicable à tous les domaines de la vie et de la recherche, qui a pour but de rétablir et d’enrichir le rapport Homme-Terre depuis longtemps rompu"...

Bien que maîtrisant parfaitement notre langue, c'est en anglais que Kenneth White rédige son oeuvre poétique et ses récits. Avec Marie-Claude White, son épouse, avec Philippe Jaworski et d'autres traducteurs, il participe lui aussi à l'adaptation en français (voir la bibliographie succinte et subjective ci-dessous). La plupart de ses ouvrages publiés en France le sont en édition bilingue.

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éléments de bibliographie

  • Poésie (texte original en anglais sauf *) :
    En toute candeur (édition bilingue - traduction de Pierre Leyris - Mercure de France, 1964)  
    Le Grand rivage (édition bilingue - traduction de Patrick Guyon, Marie-Claude White et Kenneth White - Les Éditions du Nouveau Commerce, 1980)
    Scènes d'un monde flottant (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - éditions Grasset, 1983)
    Terre de diamant (édition bilingue - traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
    Atlantica (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Grasset, 1986)
    *L'Anorak du goéland, haïkus (L’Instant Perpétuel, 1986)
    Les Rives du silence (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 1997)
    Limites et marges (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2000)
    Le Passage extérieur  (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2005)
    Un monde ouvert - Anthologie personnelle, édition en français, dans laquelle on retrouve des textes de la plupart des recueils précédents (traducteurs cités - Poésie/Gallimard, 2007).
  • Récits :
    Lettres de Gourgoumel (édition bilingue - traduction de Gil et Marie Jouanard - Presses d'Aujourd'hui, 1980 et Grasset et Fasquelle, 1979)
    Le Visage du vent d’est, voyage en Chine (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Presses d'Aujourd'hui, 1980)
    La Route bleue, voyage au Canada, Québec, Labrador (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Grasset et Fasquelle, 1983 - prix Médicis)
    Les Cygnes sauvages, voyage au Japon (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Grasset, 1990)
    La Maison des Marées (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Albin Michel, 2005)
    Le Rôdeur des confins (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Albin Michel, 2006) . 
  • Essais (écrits en français par l'auteur) :
    La Figure du dehors (Grasset, 1982)
    L'Esprit nomade (Grasset, 1987)
    Le Plateau de l'albatros - Introduction à la géopoétique (Grasset, 1994)
    Une stratégie paradoxale, essais de résistance culturelle (Presses Universitaires de Bordeaux, 1998).

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Sciure de neige

Neige
Sciure
D'anciennes forêts jetées bas
Les branches qui naguère
Portaient l'espoir de mon vagabondage
Ne désignent plus
Le lointain rivage
Où le soleil
Attendait que j'advienne

Tous les sentiers sont recouverts
Et ce qui était par delà est mort

Plus rien
Hors moi
Qui tombe
Sciure
Neige

Kenneth White ("En toute candeur", chapitre "Poèmes du Monde blanc", traduction de Pierre Leyris - Mercure de France, collection "Domaine anglais", 1964)

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Pierre Leyris, dans ce recueil bilingue, en donne la version française, dans une adaptation non littérale, avec une modification de disposition. Voici le poème original de Kenneth White, en anglais :

Snowdust

Snow
sawdust of ancient forests
branches that held
the hopes of my wandering
now no more
point to the distant shore
where the sun
awaited my advent

now all the paths are hid
and what was beyond is dead

there is only the presence
of me
falling
sawdust
snow


Kenneth White

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Autre texte du même recueil, suivi de la traduction de Pierre Leyris :

Vers l'hiver

Vienne à présent l'hiver

Ciel chargé comme un bœuf
Froide écume aux rivières
Nudité de la lande
Brume dans la forêt
Vienne à présent l'hiver

La bleue foulée des bêtes
Dans la neige qui fond
Le soleil fourbi (1) dur
Des oiseaux et des baies
L'ombre couleur de bronze
L'eau mince et glaciale
La croûte noire de la terre
L'éclat blême de la roche
Vienne à présent l'hiver

des algues sur la lune
Le vent herse le golfe
Les îles luisent dans la brume
Je pêche dans les eaux froides
Ma barque est noir-goudron
Et les tolets
 (2) fourchus
Grincent sous l'aviron

Vienne à présent l'hiver

Kenneth White ("En toute candeur", chapitre "Poèmes du Monde blanc", traduction de Pierre Leyris - Mercure de France, 1964) - (1) sic  -  (2) Pierre Leyris a traduit "the sun polished hard" par "fourbi dur", donc rendu brillant, mais d'un aspect froid et dur  -  (3) supports de l'aviron à l'arrière de la barque

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Texte original du poème de Kenneth White, en anglais :
      
Near winter
         
Let winter now come

ox-laden sky
cold spume of rivers
nakedness of moors
mist in the forest
let winter now come

the spoor of animals
blue melting in the snow
th sun polished hard
birds and berries
bronzen shadow
water icy and thin
black crust of the earth
hoar glint of stone
let winter now come

seaweed covers the moon
wind harrows the firth
the islands glint in fog
I fish in cold waters
my boat black as tar
the horned rowlocks
creak to the oar

let winter now come

      

Kenneth White

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Extrait de la présentation de son récit de voyage au Japon "Les Cygnes sauvages", par Kenneth White sur son site (adresse ci-dessus) :

1

Brume chaude et blanche sur la baie
une vieille jonque s'éloigne
pesamment -
quelque chose aimerait voir durer cette paix ...
mais le jour s'est levé : grues qui tournent,
gens qui se pressent, moteurs qui toussent,
sirènes qui hurlent, téléphones qui sonnent -
Hong Kong quitte ses rêves pour faire de l'argent
 
2

Coup d'oeil sur le marché aux poissons :
le soleil rouge fait chatoyer
les gros-yeux, les brèmes, les raies
les requins, les barracudas et les serpents de mer
alors qu'une fumée bleue monte des bâtons d'encens
allumés par des pêcheurs las
pour remercier la Reine du Ciel de sa bonté et
d'un retour sains et saufs au port des Parfums

Kenneth White ("Scènes d'un monde flottant", traduction de Marie-Claude White - éditions Grasset, 1983)

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Extrait de la présentation de son récit de voyage au Japon "Les Cygnes sauvages", par Kenneth White sur son site (adresse ci-dessus) :
"Depuis quelque temps, l'idée mûrissait dans mon esprit d'une virée au Japon, qui serait un pélerinage géopoétique de plus : un hommage aux choses du Japon (choses précieuses et précaires) et un voyage-haïku dans le sillage de Basho*, un récit rêveur de routes et d'îles, un plongeon elliptique dans le Vide – bref, un petit livre nippon extravagant, plein d'images et de pensées zigzaguantes, écrit dans le « style blanc volant », comme disent les peintres.
 [...]

 Un passage :

Il n'y avait pas beaucoup de mouettes sur la Sumida ce matin d'octobre quand je suis allé visiter l'ermitage de Basho, mais il y en avait une, ce qui fut pour moi l'occasion d'écrire ce petit haïku : 

Ce matin-là

sur les eaux de la Sumida

une mouette solitaire

Kenneth White ("Les Cygnes sauvages" - traduit de l'anglais par Marie-Claude White - éditions Grasset 1990)
 * Basho (Bashō Matsuo, 1644-1694) est le plus connu des auteurs japonais de haïkus "classiques". Voir en page 1 de la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français, sous le sommaire, la rubrique HAÏKUS.

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Deux autres haïkus, avec le texte original et la traduction de Marie-Claude White :

Rannoch Moor

Dark heather
wisp of wool
buzzing fly.


La lande de Rannoch

Bruyère brune
touffe de laine
mouche qui bourdonne

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Winter Morning Train

Between Béziers and Narbonne
vineyards under frost
and a big red sun

running mad on the horizon.

Dans le train, un matin d'hiver

"Autonome et émancipé, il va de-ci de-là, comme une feuille au vent des Samskara". ("Astavakra Gita" *)

Entre Béziers et Narbonne
vignes sous le givre
et un gros soleil rouge

qui court, ivre, sur l'horizon.

Kenneth White ("Terre de diamant",  traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
* la citation de K.W. fait référence au livre de poèmes d'Alexandra David-Neel

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Poèmes courts en forme de haïku :

(sans titre)

Au-dessus des herbes
deux papillons blancs
papillonnant.
Plage blanche
un matin d'été
la mer qui monte à travers la brume.

Kenneth White ("L'Anorak du goéland, haïkus" - L’Instant Perpétuel, 1986)

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Lumière du matin

Alors que j'écris ceci


un héron gris

se tient immobile

dans la première lumière du matin

à Loch Sunart. 

Kenneth White ("Terre de diamant", traduction de Pierre Leyris et Kenneth White - Grasset, 1983)

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Retrouvailles avec la rivière

Fin d'après-midi à Govan

au confluent de la Clyde et de la Kelvin

pluie sur la pierre morne
flottant sur les eaux froides et noires


un cygne solitaire. 

Kenneth White ("Le Passage extérieur", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2005) * La Clyde est le fleuve qui traverse Glasgow, la plus grande ville d’Écosse et u port de commerce transatlantique important. Govan, en aval, au confluent avec la Kevin, est une banlieue de Glasgow.

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Image de Bretagne, quand sous le regard du poète, un autre paysage se dessine à l'horizon :

Deux lettres de Bretagne (extraits)

1. Sur la route de Gwenadur (début du poème)

Sous un ciel aux nuages pressés

l'automne prend fin

la mer là-bas gris-vert

piquetée d'éclats blancs

[...]

2. En ce lieu maintenant

Colloque à La Hague :
"en 1900 l'Himalaya avait 10 000 glaciers
à présent 2000 de moins

au cours du dernier siècle et demi
la masse glaciaire des Alpes s'est réduite de moitié

les glaciers de l'Alaska
ont diminué de vingt pour cent ces cinquante dernières années"

ils disent que la planète se réchauffe
ils prévoient des tempêtes et des inondations

de nombreuses terres basses vont disparaître

assis en ce lieu
sur un promontoire rocheux de l'Europe
je regarde passer les nuages
et j'écoute la rumeur de la mer
 

Kenneth White ("Le Passage extérieur", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2005) 

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Deux passages consécutifs du recueil "Le Grand rivage", qui comporte 53 parties numérotées :

  Le Grand rivage (titre du recueil)

[...]

13

          comme
au détour du sentier
       dans le bois d'avril:
               ce monde concentré
                               complexe
                                         fortuit
       trempé de lumière
                terre
                       pierres
                                herbe mouillée
          et les rouges
                      branches de l'aubépine -
dehors rien que landes nues
                                âpres vallées glaciaires

14

ou comme ce champ de fleurs des Alpes
              sur les hauteurs de Ben Lawers * :
                                saxifrages
    pensées sauvages
  gentianes
                   anémones des bois
     roses des montagnes
                                   compagnons
       angéliques
                    soucis
- assemblage unique
       dû à une série de coÏncidences
    une petite couche de roche idéale
              bien minéralisée
       pas trop acide comme les couches voisines
                      sur des monts si élevés
                 que des souches précaires
   ont subsisté là
                 depuis la fin des glaciers :
       les plantes
                      se sont établies dans une faille
         leurs racines ont crevé le roc
                           lentement
      leurs pousses et leurs feuilles
                      ont enfermé des fragments de pierre
                portés par le vent
    ou entraînés par les eaux
                et la terre s'est accumulée
       les fleurs
                 y trouvent substance
            et la beauté croît

[...]

Kenneth White ("Le Grand rivage", traduction de Patrick Guyon, Marie-Claude White et Kenneth White - Les Éditions du Nouveau Commerce, 1980) * La montagne du Ben Lawers, au nord de Glasgow, région natale de l'auteur, est renommée pour ses plantes alpines.

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Finisterra
ou
La logique de la baie de Lannion
 (extraits)

C'est dans la forme des caps
c'est dans la façon qu'ont les vagues
de se briser sur la côte
(avec un long et lent chpouf contre les rocs)
c'est dans la lumière changeante
c'est dans le clair silence de ce matin d'avril

là-bas au Yaudet

 [...]
on peut voir le Léguer
(qui rappelle la Loire
ainsi que toutes les autres eaux ligures)
courir vers son estuaire
dans l'éclat bleu-vert de ses eaux

après cela
marcher sur le chemin côtier
depuis, disons, la vallée de Goaslagorn
jusqu'à la plage de Pors Mabo
c'est aller entre fleurs et flots
cherchant quelle blancheur
ajouter à ces blancheurs

[...]
les avancées qui viennent à l'esprit
sont le Dourven
(au large, le naufrage de l'Azalée)
Bihit
qui cache à la vue l'île de Milo

[...]
et tout au loin
perdu dans la brume et la lumière
Roscoff, la fin des terres

épines, pins et bruyères
ajoncs et genêts
dévalent
vers l'anse sableuse des plages
et c'est un grand arc de terre
indiquant l'Atlantique
qui s'étend, là, devant soi

[...]
– Je me contente de regarder.

de regarder ce lieu
de regarder dans ce lieu
et tout à la fois
dans les circuits de mon cerveau

dans les aubes de l'été
dans les soirs dorés de l'automne
dans les brumes glacées de l'hiver

[...]
en homme qui a étudié
la grammaire du granit
j'ai marché en ce lieu
en homme qui voudrait faire l'équation
entre paysage et pensée
j'ai marché en ce lieu
en homme qui aime
les voies et les vagues du silence
j'ai marché en ce lieu

qui sait, peut-être
dans les temps futurs
un peu après la dernière catastrophe
un touriste curieux venu de l'espace
marchera-t-il sur ce même sentier
conscient de mon fantôme :
toujours ici à suivre les lignes
toujours à regarder dans la lumière.
 

Kenneth White ("Les Rives du Silence", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 1997)

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Marée basse à Landrellec

1.
Mer pleine encore

mouettes immaculées
sur les hauts promontoires

calme océanique.

2.
Lente, très lente
la mer quitte les rochers

laissant une frange
d’algues archaïques

qu’un corbeau avide
fourrage avec fièvre.

3.
Les sables à présent dénudés
tantôt lisses, tantôt cannelés

la mer un scintillement bleu au loin
long après-midi de silence

brisé seulement par le cri des goélands

4.
Plus bas entre les rochers
étrange vie marine

baroque beauté
 
cette éruption de rugueuses balanes

berniques
fermées comme des Chinois

Là-bas
bleue et noire
une épaisse plaque de moules

l'herbe ondulante des posidontes

5.
Dans cette flaque tranquille
parmi les éponges jaune vert

les hydraires roses
et le bleu des mousses irlandaises
 
des crabes tâtonnent
de leurs pattes maladroites
 
6.
Dans cette autre
gelées lunaires

Les vertes couronnes de chair
des anémones
 
une étoile hyperboréenne

7.
Un crabe (de Jonas ?)
calé dans une crevasse

remuant ses antennes
attend

8.
Murmure de la marée
qui remonte à présent


brissements blancs çà et là
le long de la baie

Soleil déclinant
or froid

Kenneth White ("Les Rives du Silence", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 1997)

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Wakan

This is beautiful, this is beautiful
nothing is more beautiful than this

blue light breaking in the mountains
moon going down through the rain

nothing is more beautiful than this
.

- - - - - - - - - -
 
Wakan *

"J'ai senti quelque chose dans ma tête".

Que c’est beau, que c’est beau
il n’y a rien de plus beau

la lumière bleue qui point sur la montagne
la lune qui descend dans la pluie

rien, il n’y a rien de plus beau
.

Kenneth White ("Terre de diamant",  traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)

* le mot "Wakan" désigne les esprits alliés au dieu Wakan Tanka en langue amérindienne sioux

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A hight blue day on Scalpay

This is the summit of contemplation, and
      no art can touch it
blue, so blue, the far-out archipelago
      and the sea shimmering, shimmering
no art can touch it, the mind can only
      try to become attuned to it
to become quiet and space itself out, to
      become open and still, unworlded
knowing itself in the diamond country, in
      the ultimate unlettered light
.

- - - - - - - - - -
 
Lumière de Scalpay *

Voici le sommet de la contemplation, et
   nul art ne saurait l’atteindre
bleu, si bleu, le lointain archipel, et
   la mer qui miroite, miroite
nul art ne saurait l’atteindre, l’esprit ne peut
   que tenter de s’y accorder
de s’apaiser, de s’espacer, tenter
   de s’ouvrir, tranquille, au-delà du monde
révélé à lui-même en terre de diamant,
   dans la lumière au-delà des mots
.

Kenneth White ("Terre de diamant",  traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)

* Scalpay est une île d'Écosse 

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 Sept vues de Virgin Gorda * (deux des sept "vues")

1

Un horizon d'îles brumeuses
et, portés par les alizés
les cris des mouettes rieuses.

[...]

5

Soir sur l'archipel :
dans l'espace infini du ciel
les éclats du phare de l'Île-aux-Bœufs.

[...]

Kenneth White ("Limites et marges",  traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2000) 

* Virgin Gorda (littéralement "la Grosse Vierge"), appartient à l'archipel des îles Vierges britanniques, territoire d'outre-mer du Royaume-Uni, dans les Petites Antilles

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Les textes qui suivent, jusqu'à la fin du paragraphe consacré à Kenneth White, aussi bien dans leur version originale que dans leur traduction, sont accessibles dans la Poéthèque du site du Printemps des Poètes à l'adresse (à copier-coller) : http://www.printempsdespoetes.com

Late december by the sound of Jura *

Red braken on the hills
rain snow hail and rain
the deer are coming down
the lochs are gripped in ice
the stars blue and bright
I have tried to write to friends
but there is not continuing -
I gaze out over the Sound
and see hills gleaming in the icy sun.

- - - - - - - - - -

Fin décembre au détroit de Jura *
 
Fougères rouges sur les collines
pluie neige et grêle et pluie encore
les cerfs descendent des hauteurs
les lacs sont saisis par la glace
au ciel, les étoiles bleues
essayé d'écrire aux amis
mais mieux vaut y renoncer -
levant les yeux je vois l'île au loin
qui miroite sous un soleil glacé.

Kenneth White ("Terre de diamant",  traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)

* Nous ne sommas pas ici évidemment dans le Jura français, mais encore en Écosse, dans les monts de Jura, du côté du Loch Fyne et de la péninsule du Kintyre.

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South Road, Summer
1.
Mid-afternoon
blue light flickering
on the silent crags.
 
2.
Where did the wind go ? -
dawn coming quietly
over the hills.

- - - - - - - - - -

Route du sud, été
1.
Au milieu de l’après-midi
une lumière bleue vacille
sur les crêtes silencieuses.
 
2.
Où est parti le vent ? -
l’aube se lève doucement
sur les collines.

Kenneth White ("Terre de diamant",  traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)

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Stones of the cloudy forest

In memoriam Hiang Pi Fong

1.Where the path ends
the change beging
and the rocks appear
ideas of the earth
2.
Lying in the mist
among red rocks
admiring the lessons
of wind and rain
3.
As the old man said
up in the mountains
close by the sky
every rock looks a lotus
 

- - - - - - - - - -

Pierres de la forêt brumeuse

In memoriam Hiang Pi Fong
1.
Où s'arrête le chemin
les changements commencent
et les rochers surgissent
idées de la terre
2.
Allongé dans la brume
parmi les rochers rouges
attentif aux leçons
du vent et de la pluie
3.
Au dire du vieil homme
ici dans la montagne
tout contre le ciel
chaque rocher est un lotus

Kenneth White ("Terre de diamant",  traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)

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Le grand rivage
 
(extrait de ce recueil-poème de 53 sections)

13
comme
au détour du sentier
dans le bois d'avril :
ce monde concentré
complexe
fortuit
trempé de lumière
terre
pierres
herbe mouillée
et les rouges
branches de l'aubépine -
dehors rien que landes nues
âpres vallées glaciaires

14
ou comme ce champ de fleurs des Alpes
sur les hauteurs de Ben Lawers :
saxifrages
pensées sauvages
gentianes
anémones des bois
roses des montagnes
compagnons
angéliques
soucis
- assemblage unique
dû à une série de coïncidences
une petite couche de roches idéales
bien minéralisée
pas trop acide comme les couches voisines
sur des monts si élevés
que des souches précaires
ont subsisté là
depuis la fin des glaciers :
les plantes
se sont établies dans une faille
leurs racines ont crevé le roc
lentement
leurs pousses et leurs feuilles
ont enfermé des fragments de pierre
portés par le vent
ou entraînés par les eaux
et la terre s'est accumulée
les fleurs
y trouvent subsistance
et la beauté croît

Kenneth White ("Le Grand rivage", traductions de Patrick Guyon, Marie-Claude White et Kenneth White - Les Éditions du Nouveau Commerce, 1980)

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La vallée blanche

Peu de choses à voir dans cette vallée
quelques lignes, beaucoup de blanc
c'est une fin de monde, ou bien un commencement
peut-être le retrait des glaces du quaternaire

jusqu'à présent
nulle vie, nul bruit de vie
pas même un oiseau, pas même un lièvre
rien
que le vagissement du vent

pourtant l'esprit se meut ici à l'aise
avance dans le vide

respire *

et ligne après ligne
quelque chose comme un univers
se dessine
sans trop vouloir nommer
sans briser l'immensité du silence
discrètement, secrètement

quelqu'un dit

je suis ici
ici, je commence.

Kenneth White ("Limites et marges",  traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2000) - *en italique dans le texte


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15 mai 2009

Henri MICHAUX - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Henri Michaux (1899-1984), né en Belgique, a acquis en 1955 la nationalité française.
Il découvre Lautréamont (Les chants de Maldoror), dont on retrouve l'empreinte dans son œuvre écrite poétique, à la marge du Surréalisme. Il écrit des carnets de voyages qu'il a réellement effectués ("Écuador", "Un Barbare en Asie"), mais où l'imaginaire transfigure le réel ; d'autres encore en contrées totalement imaginaires (la "Grande-Garabagne"), réunis dans le recueil "Ailleurs".

"De l'Équateur à la Grande Garabagne, de l'expérience de la mescaline au dessein d'une écriture universelle, de la rêverie éveillée du «sportif au lit» aux songes, tout est voyage, exploration de nouveaux territoires, d'autres paysages mentaux dans l'œuvre de Henri Michaux. Ailleurs (1948), qui réunit Voyage en Grande Garabagne ; Au pays de la Magie  et Ici, Poddema ; ne forme qu'une étape sur son itinéraire: il n'est pas le livre de celui qui manque de pérégrinations et tente de s'évader, mais bien le rejeton engendré par la perplexité d'un voyageur trop souvent déçu par le réel, qui découvre, à l'instar de Claude Lévi-Strauss, que tout voyage est avant tout exploration de soi." (Henri Michaux et les "états-tampons", aspects du voyage imaginaire dans "Ailleurs" - étude de Nicolas Ragonneau paru dans la revue "Textyles" 12: «Voyages, Ailleurs», Pierre Halen éditeur, 1995)

On trouve dans l'œuvre de Michaux une grande inventivité de langage (Nicolas Ragonneau note 82 mots inventés dans "Ailleurs").

Quelques titres : Écuador (1929) ; Un Barbare en Asie (1933) ;  La nuit remue (1935) ; Voyage en Grande Garabagne (1936) ; Plume, précédé de Lointain intérieur (1938) ; Au pays de la magie (1941) ; Je vous écris d'un pays lointain (1942) ;  Arbres des tropiques (1942) ; L'Espace du dedans (1944) ; Ici, Poddema (1946) ; Ailleurs (1948) ; La vie dans les plis (1949) ; Passages (1950) ; Connaissance par les gouffres (1961).

Voir sur ce blog la catégorie qui lui est consacrée  : HENRI MICHAUX et ses "Propriétés"

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Arbres des tropiques (passages)

Arbre blasphémateur. Arbre après la transe. Épouvante-arbre.
Arbre hurleur, tripes dehors, tripes de la lamentation.
Arbre à lance, arbre pieuvre, arbre exorbitant.
Arbre obèse, arbre bouteille.
[...]
Arbre à feuilles nageoires, arbre à palmes.
Arbre portant haltères, portant battoirs, portant fourches.
[...]

Henri Michaux ("Arbres des tropiques", éditions Gallimard, 1942)

PP_11_image_blogUne piste pour la création poétique avec ce texte :
On jouera sur les transformations, les métamorphoses possibles des arbres, pour la création poétique et la création graphique.
D'autres éléments du paysage, naturels ou artificiels, peuvent se prêter à l'exercice : nuage, fleuve, maison, ville, océan...

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Les deux passages qui suivent sont tirés, le premier, de la préface du recueil "Ailleurs", et le second de "Passages". Henri Michaux y présente ses pays imaginaires comme des contrées qu'il a parcourues, et en explique les raisons :

"L’auteur a vécu très souvent ailleurs : deux ans en Garabagne, à peu près autant au pays de la magie, un peu moins à Poddema. Ou beaucoup plus.
Les dates précises manquent. Ces pays ne lui ont pas toujours excessivement plu. Par endroits, il a failli s’y apprivoiser. Pas vraiment. Les pays, on ne saurait assez s’en méfier".

Henri Michaux (préface de l'auteur pour son recueil Ailleurs, 1948)

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"Mes pays imaginaires: pour moi une sorte d'États-tampons, afin de ne pas souffrir de la réalité.
En voyage où presque tout me heurte, ce sont eux qui prennent les heurts, dont j'arrive alors, moi, à voir le comique, à m'amuser...
"

Henri Michaux ("Passages", 1950).

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Contre !

Je vous construirai une ville avec des loques, moi !
Je vous construirai sans plan et sans ciment
Un édifice que vous ne détruirez pas,
Et qu’une espèce d’évidence écumante
Soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire au nez,
Et au nez gelé de tous vos Parthénons, vos arts arabes, et de vos Mings

Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard
Et du son de peau de tambour,
Je vous assoierai des forteresses écrasantes et superbes,
Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses,
Contre lesquelles votre ordre multimillénaire et votre géométrie
Tomberont en fadaises et galimatias et poussière de sable sans raison
[...]


Henri Michaux ("La nuit remue" - Gallimard, 1935) 

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Dans ce pays, il n'y a pas de feuilles... (titre suggéré)

Dans ce pays, il n'y a pas de feuilles. J'ai parcouru plusieurs forêts. Les arbres paraissent morts. Erreur. Ils vivent. Mais ils n'ont pas de feuilles.
La plupart, avec un tronc très dur, vous ont partout des appendices minces comme des peaux. Les Barimes semblables à des spectres, tout entiers couverts de ces voiles végétaux; on les soulève, on veut voir la personne cachée. Non, dessous, ce n'est qu'un tronc
.
[...]

D'autres avec de grandes branches dansantes, souples comme tout, serpentines.
D'autres avec de courts rameaux fermes et tout en fourchettes.
D'autres, chaque année, forment un dôme ligneux. On en rencontre d'énormes, des vieux, carapace sur carapace, et s'il vient un incendie de forêt (on ne sait ce qu'ils ont), ils cuisent là à petit feu, tout seuls, pendant des six, sept semaines, alors que tout autour d'eux, sur des lieues de parcours, ce n'est que cendre grise et froid de la nature minérale.
D'autres qui se tendent sous la pluie comme des courroies et grincent; on se croirait dans une forêt en cuir.
Les arbres à chapelet et les arbres à relais.
Les arbres à boules terminales creuses, munies de deux rubans. Par grand vent étaient emportées ces boules, et volaient, ou plutôt flottaient lentement, semblables à des poissons, des poissons qui vont enfin regagner la rivière après un voyage pénible, mais le vent les chassait et elles allaient s'empaler sur les arbres à fourchettes, ou roulaient à terre par centaines, formant un immense plancher de billes, se bousculant et comme rieuses.
Les Badèges ont des racines grimpantes. Une racine sort tout à coup, vient s'appuyer contre une branche d'un air décidé, l'air d'une monstrueuse carotte.
Il y en a d'autres, l'écorce de leur tronc s'ouvre le jour, comme des capots d'automobiles avec leurs fentes d'aération; puis la nuit se ferment strictement et jamais on ne croirait qu'ils se sont jamais ouverts. Les indigènes se nourrissent d'une amande dont l'enveloppe est extrêmement dure. Ils la mettent l'après-midi dans les fentes de l'arbre et la retirent le matin, broyée, prête à être mangée.
L'arbre le plus agréable c'est le Vibon. L'arbre à laine. On voudrait vivre dans sa couronne. Quantité innombrable de rameaux ont ses branches, et chacune sécrète une antenne de laine, si bien qu'il y a là une grosse tête laineuse. C'est le Bouddha de la forêt. Mais il arrive que les Balicolica (ce sont des oiseaux) y viennent habiter. Ils crottent partout. Alors c'est une odeur infecte qui se forme là, et il faut brûler l'arbre.

Henri Michaux ("Mes propriétés" - chapitre Notes de Botanique, Gallimard, 1938) 

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Avec la traversée de l'Équateur, l'ouvrage "Ecuador" (1929) inaugure les recueils de voyage d'Henri Michaux, dans lesquels la fine observation, l'imagination et le subjectivisme exacerbé s'interpénètrent.   

Équateur

Équateur, Équateur, j'ai pensé bien du mal de toi.
Toutefois, quand on est près de s'en aller... et revenant à cheval à l'hacienda par un clair de lune comme je fais ce soir (ici les nuits sont toujours claires, sans chaleur, bonnes pour le voyage) avec le Cotopaxi dans le dos, qui est rose à six heures et demie et seulement une masse sombre à cette heure... mais il y a des mois que je ne le regarde plus...
Équateur, tu es tout de même un sacré pays. [...]

Henri Michaux ("Ecuador", éditions Gallimard, 1929)
 

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La forêt

Et l'on rentre dans la forêt. Cette forêt est chauffée. Immense appartement. On se méfie. On est mal à l'aise. C'est la forêt tropicale.
[...]

Quand les poètes chantaient les arbres du Nord, je croyais qu'ils le faisaient exprès. Ces arbres nus, sans famille, lisses, abandonnés, troncs hauts, et branches qui n'offrent aucun ouverture, (je songe surtout à vous, ô hêtres, que j'ai tant maudits, qu'on me voulait faire admirer, qui portez vers le haut le subit rire malin de toutes vos petites feuilles, qui ne veut rien dire), on ne vous réclame pas, vous tous que j'ai haïs.
[...]

Arbres des tropiques, à l'air un peu naïf, un peu bête, à grandes feuilles, mes arbres ! La forêt tropicale est immense et mouvementée, très humaine, haute, tragique, pleine de retours vers la terre. Les parasites veulent bien s'élever. Ils choisissent un arbre, mais après avoir pris quelque hauteur, les voici tous qui bêlent et reserpentent vers la terre.
Très habitée, la forêt, riche en morts et en vivants !

La forêt n'enterre pas ses cadavres ; quand un arbre meurt et tombe, ils sont tous tout autour, serrés et durs pour le soutenir, et le soutiennent jour et nuit. Les morts s'appuient ainsi jusqu'à ce qu'ils soient pourris. Alors suffit d'un perroquet qui se pose, et ils tombent avec un immense fracas, comme s'ils tenaient encore follement à la vie, avec un arrachement indescriptible.
[...]

L'arbre ici ne craint pas d'adopter une grande famille, et mène grand train. Il porte sur lui des orchidées et plus de cinquante lianes l'embrassent à la vie et à la mort. Ses branches largement occupées et à pendentifs, habitées comme au moyen âge les ponts, ont de loin la douceur, le velours des chenilles, et l'apparence sage et réfléchie que donnent les barbes.

Henri Michaux ("Ecuador", éditions Gallimard, 1929)

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La Cordillera de Los Andes

La première impression est terrible et proche du désespoir.
L'horizon d'abord disparaît.
Les nuages ne sont pas tous plus hauts que nous.
Infiniment et sans accidents, ce sont, où nous sommes,
Les hauts plateaux des Andes qui s'étendent, qui s'étendent.

Ne soyons pas tellement anxieux.
C'est le mal de montagne que nous sentons,
L'affaire de quelques jours.
Le sol est noir et sans accueil.
Un sol venu du dedans.
Il ne s'intéresse pas aux plantes.
C'est une terre volcanique.
Nu ! Et les maisons noires par-dessus,
Lui laissent tout son nu ;
Le nu noir du mauvais.

Qui n'aime pas les nuages,
Qu'il ne vienne pas à l'Équateur.
Ce sont les chiens fidèles de la montagne,
Grands chiens fidèles ;
Couronnent hautement l'horizon.
L'altitude du lieu est de 3000 mètres, qu'ils disent,
Est dangereux qu'ils disent, pour le cœur, pour la respiration, pour l'estomac
Et pour le corps tout entier de l'étranger.

Henri Michaux ("Ecuador", éditions Gallimard, 1929)

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Arbres (titre suggéré)

L'arbre ici ne s'occupe pas de la terre,
Il faut en sortir et vite,
Il s'agit de s'élever car on étouffe,
Et il part.
Ni branches, ni fleurs, ni pousses, rien qu'un tronc direct
Et s'il vient une branche elle se colle au tronc
Et fait flèche avec lui.
Il s'élève donc.
[...]
Et quand ils n'en peuvent plus,
les arbres*,
Une fois arrivés à l'extrême bout de leur taille,
Lorsqu'ils s'abandonnent enfin et se répandent en feuilles,
Les voici tous, tous à peu près à la même hauteur,
Et la forêt paraît unie.

Henri Michaux ("Ecuador", éditions Gallimard, 1929) - *les arbres a été ajouté pour assurer le passage du singulier au pluriel, en raison de la suppression d'une partie du texte.


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4 janvier 2009

Poètes d'OUTRE-MER - Wallis et Futuna

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Océanie - Wallis et Futuna 

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carte_Wallis_et_Futuna

Wallis et Futuna, comprend trois îles principales parmi d'autres moins étendues : Wallis, Futuna et Alofi, au nord-est de la Nouvelle-Calédonie.

Virginie Tafilagi, poète et enseignante contemporaine, est l'auteure de deux recueils de poésie : "Au centre de tout" et "Palabres".

Dans un article de la revue locale Te Fenua Fo'ou de novembre 2001, elle (s')interroge sur : "Les devoirs et les défis de l'homme d'Uvea et de Futuna du XXIème siècle", [...] "la suppression des privilèges consentis par l'état français, la mise en place d'un impôt, la traduction des manuels d'éducation civique en wallisien et futunien", et sur "l'humiliation subie par les femmes artisanes car le système de solidarité est à sens unique"...

Texte en attente



4 janvier 2009

Poètes d'OUTRE-MER - Polynésie française

Poètes d'Outre-mer

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Polynésie française

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polynesie

La Polynésie française comprend environ 120 îles, d’origine volcanique ou corallienne, dispersées sur une étendue comparable à celle du continent européen.
Cinq archipels comprennent ces territoires :

  • L’archipel des Îles de la Société, où se trouvent les Iles du Vent (Tahiti, la plus peuplée, avec Papeete pour capitale, Moorea et Tetiaroa) et les Iles Sous le Vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora Bora et Maupiti).
  • L’archipel des Marquises, qui comprend une douzaine d’îles.
  • L’archipel des Australes, L’archipel des Tuamotu, et L’archipel des Gambier.

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C'est aux Marquises, l'île définitive de Paul Gauguin, que Jacques Brel a décidé de finir ses jours (voir le texte 'Les Marquises" dans la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français).

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Leconte de Lisle, qui a aussi "chanté" l'île de La Réunion, et Victor Segalen, célèbres poètes français, ont écrit sur la Polynésie, en particulier sur Tahiti, l'île-phare, le joyau revendiqué de l'archipel. On trouvera à leur paragraphe quelques textes sur le thème du paysage dans la catégorie  PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Henri Hiro  (1944-1990) est né à Huahine, l'une des îles Sous-le-Vent, qui font partie de l'archipel des îles de la Société. C'est un écrivain, poète, dramaturge et cinéaste, en révolte contre le colonialisme et l'exploitation des ressources locales, revendiquant une identité polynésienne.
"Figure emblématique de la Polynésie, Henri Hiro a essayé de lutter toute sa vie pour la sauvegarde ainsi que la réhabilitation de  la culture ma’ohi, et en a revalorisé les fondements identitaires dissipés." (site http://www.hiroa.pf)

Un poème en forme de fable :

Le pêcheur de la nuit

Le paresseux se remarque entre tous
Les nuits poissonneuses, il ne s’en soucie guère,
La nuit sans poisson, c’est tout ce qu’il désire.
Chasser les mouches, c’est là ce qui l’occupe,
Pêcheur de la pêche des autres,
c’est son métier,
profiter de la  moisson d’autrui.

Le courageux se démarque de tous,
Les nuits poissonneuses sont
son spectacle favori,
et les nuits sans poisson, il les met en attente.
Réparer son filet, c’est son travail,
conserver son poisson dans un vivier
c’est son métier,
profiter de sa propre moisson.

Le soir de la première nuit de Taaroa,
nos deux  hommes se distinguent.
Il y a l’homme des ténèbres
et l’homme civilisé.

Henri Hiro ("Message Poétique", Éditions Haere Po, 1990)

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Sur le site des éditions Haere Po cet extrait d'un des poèmes du recueil cité, bilingue.
"Pour assurer la continuité [culturelle], il faut que le Polynésien se mette à écrire… il doit écrire et ainsi s’exprimer, peu importe que ce soit en reo ma’ohi, en français ou en anglais, l’important est qu’il s’exprime."  (Henri Hiro)

Qu’en sera-t-il ? […]

Ceci est une prière !
Oh, l’amour de mon pays,
dont le flot sans relâche a baigné ma jeunesse
en son âge le plus tendre !
Qu’il oigne encore mon corps tout mortel,
Et vive cet amour !
Vive ! Vive ! Vive encore et toujours !
Qu’il vive et abreuve ma terre natale,
Pour que fleurissent en leur essaim
Les enfants de ce sol,
enfants de mon pays.

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traduction

E aha atu ra ?
[…]
Eiaha na pai !
Te here o to u aia i tavai ia u mai te hii mai i apiti
mai i to u nei tino tahuti.
E, ia vai a, e ia vai a !
E, ia vai a, e ia vai noa atu a !
Ei para haamaitai i to u aia tumu,
ia ruperupe, e ia hotu te huaai,
no to u nei aia.

Henri Hiro ("Message Poétique", Éditions Haere Po, 1990)

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Bobby Holcomb  (1944-1991) était natif d'Hawaï (Hawaï est un État des États-Unis situé dans l'océan Pacifique, à environ 3 900 kilomètres au sud-ouest de San Francisco). Il s'est installé en 1976 à Huahine, cette île qui a vu naître Henri Hiro (ci-dessus). Il adopte la langue et la culture tahitiennes, et est considéré comme un des artistes majeurs de la Polynésie. C'est un auteur-compositeur-interprète, de style reggae, et un peintre.

Trois chansons, dont la première en anglais et en tahitien, sans traduction. Les textes et leurs traductions (la traduction de la dernière chanson a été adaptée par lieucommun) sont empruntés au site http://www.polynesiepassion.net/   :

My island home

Six Years I've lived in the desert


And every night I dream of the sea

They say home is where you find it

But this place ever satisfy me.

E ono matahiti i te faeara'a

I roto i te mete para

 Teie ta'u vahi horo'a hia

E vahi ra, aura'a ore.

Chorus :

 To'u fenua

To'u fenua ti'ai mai ia'u

My island home

My island home is awaiting for me.

For I come from the saltwater people

We always lived by the sea

Now I'm out here west of Alice Springs

With a wife and a family.

E tama ho'i au no te miti

Ua ora ho'i te reira vahi

Faaea nei au i nia moua

E ta'u vahine, e ta'u tamarii.
(Chorus)

In the evening the dry winds blow

From the hills and across the plains

I close my eyes and I'm standing
In a boat on the sea again.

Tape'a atu vau ta'u omore

Mana'o atu ra vau

 Ua ora ho'i au

 To'u fenua ti'ai mai ia'u.
(Chorus)

Bobby Holcomb

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Ancêtre

La mer est là.
Chacun peut y pêcher
La terre est là
Chacun peut la cultiver
Ma'ohi tu ne
Mourras jamais de faim.
Ancêtre, ancêtre, ê
Dans les îles
Tes enfants préservent
Ton mode de vie.
Mais hélas
Nous vivons une époque nouvelle
L'époque de la facilité
Où la parole peut tout réaliser
Mais cela n'est qu'apparence
Ma'ohi
Tu es pris au piège.
Ancêtre, ancêtre, ê
Ne t'inquiète pas
Tes enfants respecteront
Ton oeuvre.
Mais...
Où est le temps
De l'abondance
Et des bienfaits que
Nous donnait la nature
Tout périt peu à peu.
Ancêtre, ancêtre, ê
Il semble que, lentement
La nature veuille reprendre
Tous ses dons.

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Tupuna Tupuna e

Val noa ra te tai
Taata tana tautai
Val roa ra te fenua
Taata tana faapu
Maohi e aore hoi oe
E pohe ! te poia.
Tupuna Tupuna e
Na te mau motu
Aupuru noa ra to hua'ai
To oe oraraa (Tahito).
E inaha...
Tau api teie o
Te tau o te ohie
Tao'a parau noa
Te faahiahia ra'a
Maohi e ua roohia oe
E te maramarama.
Tupuna Tupuna e
A tia noa atura
Faatura noa ra to hua'ai
Ta oe ! ha'a mai.
Are'a ra...
Tei hea atura ra
Te mau tau auhune
Te mau faufa'a rahi.
Ta te Natura
E horo'a nei, aue ho'i e
Te mau rii rii noa atura
Tupuna Tupuna e
Mai te mea atura
Te rave rii maru noa atura
Ta natura i tona mau maitai. 
 

Bobby Holcomb (traduction présentée sur le site

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Orio te atua

Vahine no te moana
Tautai rava’i
Tape’a ta’oe ofe
Hi’o 'oe na te a’au
Orio atua vahine
Orio, Orio e
A ho’i mai uta nei
Afai mai te faufa’a
No te moana nui e
No te moana nui e
Orio te atua
Tane no te moana
Ohopu e te a’ahi
Tape’a ta’oe ofe
Hi’o 'oe i tua
Orio atua tana
No te moana nui e
No Maeva nui e
Orio te atua
Vahine no te moana
Tautai rava’i
Orio te atua
Tane no te moana
Ohopu e te a’ahi
Orio, Orio e
A ho’i mai uta nei
Afai mai te faufa’a
No Maeva nui e

Bobby Holcomb

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Orio est le dieu polynésien, ici parfois appelé déesse, de la mer et de ses ressources. Maeva, qui signifie "bienvenue" en tahitien, vient du canaque, langue Néo-Calédonienne. Il semble que le poète appelle la mer de ce nom, Maeva   :

Orio

Orio, dieu de la mer
Orio, déesse de la mer
pêcheur
maintiens ta canne de bambou
tu pêches sur le récif

Orio, dieu de la mer
Orio, déesse de la mer
reviens au rivage
apporte des richesses
de la mer profonde

de la mer profonde

Orio, dieu
de la mer
de la bonite et du thon
maintiens ta canne de bambou
tu pêches au large

Orio, dieu
de la mer profonde
de la grande Maeva
Orio, dieu de la mer
Orio, déesse de la mer
pêcheur

Orio, dieu
de la mer
de la bonite et du thon
reviens au rivage
apporte des richesses
de la grande Maeva

Bobby Holcomb - L'adaptation en français de cette chanson est proposée par lieucommun



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4 janvier 2009

Poètes d'OUTRE-MER - Saint-Pierre ; Miquelon

Poètes d'Outre-mer

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Atlantique Nord - Saint-Pierre-et-Miquelon 

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carte_Saint_Pierre_et_Miquelon

Saint-Pierre-et-Miquelon, seul territoire d'Outre-Mer français en Amérique du Nord, est un archipel de l'Océan Atlantique, au large du Canada, proche de l’île de Terre-Neuve.

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Henri Lafitte, né sur l'île en 1951, est un poète, auteur de deux recueils : Chansons de bruine et Confidences insulaires. Il est également auteur compositeur interprète. On peut retrouver ses chansons sur CD.

Fleurs de suroît

Fleurs de suroît
Chant de noroît
Et nos îles
S’éveillent
Sous la neige

Sous les sapins
Tous les lapins
S’endimanchent
Et les branches
Folâtrent

Tout Saint-Pierre
est en fête
Il était une fois
Un écrin de chaleur
Par grand froid

Les toboggans
Sur le versant
Des collines
S’envolent
Frivoles

Les labradors
Sur des ressorts
Noirs et blancs
De malice
Bondissent

Tout Saint-Pierre
est en fête
Il était une fois
Un écrin de bonheur
Par grand froid

Et sous l’azur
Chantent les murs
Les maisons
Cabriolent
Lucioles

Finis les pleurs
Finies les peurs
Toute l’île
S’illumine
Mutine

Tout Saint-Pierre
est en fête
Il était une fois
Un écrin de lueur
Par grand froid

Qui le premier
Osa l’été
Et les cœurs
Qui surnagent
Sur les plages

Henri Lafitte ("Chansons de bruine" - éditions Jean-Jacques Oliviéro, 1989)



4 janvier 2009

Poètes d'OUTRE-MER - La Réunion

Poètes d'Outre-mer

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La Réunion 

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carte_R_union

L'île de La Réunion s'est d'abord appelée île Mascareigne, puis île Bourbon, quand elle devient en 1710 une colonie appartenant à la Compagnie française des Indes orientales. C'est en 1848, avec l'abolition de l'esclavage, qu"elle devient île de la Réunion, avant d'accéder en 1946 au statut de département d'Outre-Mer, portant le muméro 974. Elle appartient toujours géographiquement, à l'archipel des Mascareignes.

Leconte de Lisle, (1912-1978) a vécu quelques années à La Réunion, et écrit de nombreux poèmes sur les paysages de l'île : voir la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français .

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Auguste Lacaussade (1815-1897) est né sur l'île de La Réunion (l'île Bourbon), d’un père blanc et d’une mère métisse (cf une biographie : "Auguste Lacaussade (1815-1897), le fils d’une affranchie et d’un noble de Guyenne", Prosper Ève, 2005). Pour cette seule raison (nous sommes en période coloniale), les études au collège lui sont interdites. Il quitte l'île pour la France et n'y revient, ses années de collège terminées, que pour deux années, en 1834. Nouveau départ pour Paris, en 1836, avec dans les bagages, ses premiers poèmes. Son livre "Poèmes et paysages" (1852) obtient un prix de poésie, décerné par l'Académie Française. Ce recueil est consacré à la nature de l'île de la Réunion (à l'époque appelée île Bourbon), son pays natal.

En préface à ce recueil, l'auteur écrit : "La nature, sous les tropiques, a été sentie et rendue supérieurement par Bernardin de Saint-Pierre, mais elle n’a pas été chantée encore. Ce que l’auteur de Paul et Virginie a fait dans la langue de la prose, il nous a semblé qu’on pouvait le tenter dans la langue des vers. De là ce volume de Poèmes et Paysages, où l’on a cherché à rendre, dans toute sa vérité, la riche nature de l’île Bourbon, l’une des plus belles îles des mers de l’Inde."

À l'île natale
      
      O terre des palmiers, pays d’Eléonore,
Qu’emplissent de leurs chants la mer et les oiseaux !
Île des bengalis, des brises, de l’aurore !
Lotus immaculé sortant du bleu des eaux !
Svelte et suave enfant de la forte nature,
Toi qui sur les contours de ta nudité pure,
Libre, laisses rouler au vent ta chevelure,
Vierge et belle aujourd’hui comme Ève à son réveil ;
Muse natale, muse au radieux sourire,
Toi qui dans tes beautés, jeune, m’appris à lire,
À toi mes chants ! à toi mes hymnes et ma lyre,
O terre où je naquis ! ô terre du soleil !

Auguste Lacaussade ("Poèmes et paysages" - éditions Ibis Rouge, 1997)

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Rosemay Nivard est née en mai 1961 au Tampon, une des plus importantes communes de l'île de La Réunion. Elle quitte l'île pour la métropole à l'adolescence, et exerce ensuite la profession de soignante en psychiatrie (On songe à son alter ego guadeloupéenne Gisèle Pineau, romancière de la même génération, et qui exerce la même profession depuis 1970 en Guadeloupe). Ses recueils parlent de son métier, de la vie en métropole, mais l'île de la Réunion, ses paysages et ses êtres n'ont jamais cessé de peupler sa poésie.
Ses derniers recueils témoignent de la double appartenance : "Voyages intérieurs, poèmes sous les feuilles" (Les Xérographes, 2008) est un "voyage introspectif entre la banlieue et l’île", et "Pommes d'hôpital, rêveries sur le pont" (Les Xérographes, 2008), un recueil tout aussi intérieur, analyse, observation lucide de son environnement professionnel.

(passage du recueil)   

Végétale sphère
A planter des fougères
dans l’ombre de la maison
Des fuschias et des cimetaires
J’ai couché l’amour blessé
au nord pour que le soleil l’épargne
Le soleil et la vérité
Le fuschia a d’étranges cloches
Qui semblent à leurs façons
Des chants d’étranges origines
Des bruits d’eau de vagues de larmes
Musique des vents agités
En soupirs
En portées
Clé de sol ma terre
Clé de fa mon coeur
Clés du bonheur enterré

Rosemay Nivard ("Pommes d'hôpital, rêveries sur le port" - Les Xérographes, 2010)

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Un quart de pomme
      
De ses doigts
Malhabiles
Entre l’index
Les yeux mi-clos
Faisant le tour du cercle
Et le pouce
Au contact rugueux
Plus habitué à lever la
casquette à carreaux
Vissée entre les oreilles
L’homme à la mémoire perdue
Coupait un quart de pomme

Rosemay Nivard ("Pommes d'hôpital, rêveries sur le port" - Les Xérographes, 2010)

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Sur le site de l'éditeur Le Vert-Galant (http://vertgalant.free.fr/nivard.html), ce court extrait ne donne-t-il pas envie d'en lire davantage ?

Prisons (extrait)
      
À deux pas de la mer mer du banc de corail mer la prison
Ont-ils du sel sur les lèvres les jours gris de pluie
au brouillard des barreaux derrières ces murs blancs et gros
 

Rosemay Nivard ("Poésie couleur insulaire" - Le Vert-Galant, 2004)

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Même éditeur, avec le recueil "Douleurs et poésie créole", un extrait :

Et l'eau coulait encore (extrait)
      
Ce long fracas ininterrompu de la rivière
Grosses pierres de son chemin posées sur sable noir
Pas d'arbre et très peu d'oiseaux comme dans le désert
Écume en chorégraphie fantasmagorique
Des restes de bois semés par le dernier cyclone
Échoues dans l'eau fraîche où nagent tous les enfants
Arrivés en camionnette en cris ensoleillés
gamelles de riz, marmites de rougail ou carry
Le vent va donner le départ s'invite au soir
soulevant le sable comme secouant un mouchoir

Rosemay Nivard ("Douleurs et poésie créole", Le Vert-Galant, 2004)

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Sur le site des éditions "Les Xérographes" (dont Rosemay Nivard est présidente), autre extrait d'un poème d'un autre recueil.
* On notera l'absence de majuscule sur "marne". Il s'agit bien pourtant de l'affluent de la Seine.

Sur le bord de la marne* (extrait)
      
Sur le bord de la marne j'ai posé mes valises
Pas trop loin des îles oui le cœur est fidèle
De cette eau qui n'est plus la mer créole
Où les poules d'eau remplacent les pailles-en-queue
Où les vagues se forment aux remous des péniches
Et les barrières non de corail mais de troncs échus

Vie de jours nouveaux promenades au fil de l'eau
Adieu Cilaos montagnes broderies et jours
Sur les bords de la marne autoroute du quotidien
Les guinguettes se reposent au soleil du lundi
Ni le rhum ni le vin blanc ne sont nos amis permis
Le vol des mouettes n'est pas alangui sur les voiles
Qui claquent au vent froid du petit port bien rangé

Sur les bords de la marne je pose mes soucis gris
Alors les promenades sont bras dessus bras dessous
Tout les enfants qui courent si gaiement sont à nous
Et les éclats de rire aussi forts que la vie

Rosemay Nivard ("À fleur de peau : poèmes bat'carré des bambous à la Marne", Les Xérographes, 2007)



4 janvier 2009

Poètes d'OUTRE-MER - Terres Australes et Antarctiques françaises

Poètes d'Outre-mer

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Terres Australes et Antarctiques françaises 

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Les Terres Australes et Antarctiques françaises, comprennent des îles situées au sud de l'océan Indien : les îles Kerguelen (volcaniques), les îles Crozet (classées réserve naturelle,dont la faune est protégée), ces deux régions étant essentiellement occupées par des stations scientifiques d'observation. deux autres îles dans la même région : les îles Saint-Paul (quelques îlots pour la plupart dans le canal du Mozambique) et l'île d'Amsterdam, en Terre-Adélie, toutes deux volcaniques, sans habitants résidents, mais où se sont également implantées des bases scientifiques.

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On trouvera des poèmes sur les paysages régions froides désertiques d'auteurs français en fouillant dans la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français ou en traduction dans la catégorie  PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES - traductions (Canada, Inuits en particulier).
Voir aussi le poème "La vallée blanche", de Kenneth White, en bas de page de la catégorie PRINT POÈTES 11 : Butor Depestre Velter White



4 janvier 2009

Poètes d'OUTRE-MER - Les Seychelles

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Les Seychelles 

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carte_Seychelles

Les Seychelles, encore une destination touristique "les pieds dans l'eau", que les touristes en mal de sable fin et de soleil (et suffisamment fortunés), ne choisissent pas pour sa culture, ses traditions ni à fortiori sa littérature. L'archipel des Seychelles, à un millier de kilomètres au nord-est de Madagascar, dans l'Océan Indien occidental, compte une centaine d'îles (Mahé étant la plus importante), représentant un seul état : La République des Seychelles (en créole Repiblik Sesel) , depuis 1976.

Trois langues officielles aux Seychelles : le créole (seychellois), l'anglais, et le français, langue privilégiée des auteurs.

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Paul-Jean Toulet (1867-1920) n'est pas un poète seychellois, mais de passage à Mahé, en 1886, il a écrit ce poème, image convenue de l'île à cette époque - On retrouvera un autre texte de Toulet, cette fois sur l'Île Maurice dans cette même catégorie, et des poèmes de l'auteur sur le thème du paysage ici, toujours sur le blog : PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français :

Mahé (titre proposé)

Mahé des Seychelles, le soir :
Zette est sur son dimanche,
Et sous la mousseline blanche
Brille son mollet noir.

Les cases aux fraîches varangues
Bâillent le long des quais ;
Dans les branches d'un noir bosquet
Etincellent les mangues.

Tandis qu'en ses jardins fleuris
Mystérieuse et belle,
Rêve une pâle demoiselle
Aux chapeaux de Paris.

Paul-Jean Toulet, 1886 (publié dans "Contrerimes", 1921, et "Nouvelles contrerimes", 1936) 

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Antoine Abel (1834-2004) est le poète le plus célèbre de l'île. Il était natif de Mahé, l'île principale de l’archipel. Il publie en 1969 son premier recueil de poésie : "Paille en queue", puis des recueils de contes, dont "Contes et poèmes des Seychelles", en 2004. Il a également écrit des pièces de théâtre.   

Danses d'hier

J'entends encore les staccatos
Le prolongement des sons des tam-tams
Des tam-tams du temps jadis

Alors les collines s'enflamment
Dans la nuit sèche
Les pieds des danseurs
Se baignent dans la fine poussière
De latérite
Et leurs pas scandent sauvagement
Un rythme endiablé

J'entends encore les notes rapides
La voix étouffée du « commandeur »
Se modulant dans l'air tiède du soir.

Alors les échines s'arc-boutent
Les unes aux autres
Et les hanches roulent comme des houles
Les ventres des danseuses voluptueuses
Ondulent lascivement...
Et des voix confuses s'interpellent
Impudemment.

Je perçois toujours les staccatos
Les grondements des "grosses caisses"
Par delà les années de mon enfance ...
Je les porte en moi
Comme des stigmates.

Antoine Abel

 

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Magie Fauré-Vidot, devenue Maggie Vijay-Kumar, poète contemporaine, est née aux Seychelles. Elle écrit ses textes en français. On citera parmi ses écrits, deux recueils de poésie : “Un Grand Coeur Triste”(1983), et “L’Âme Errante” (2003).

Seul (début du poème)

Vent du large qui souffle sur les terres
Soulage les coeurs endoloris
Et ployant sous la souffrance et le pilori
Aide-les à sortir du sanctuaire !

Ouvre-leur toutes grandes tes voiles
Et abrite-les sous ton nuage
Apprends-leur docilement à être sages
Et sous leurs corps en feu tisse tes toiles.

[...]

Marie Fauré-Vidot 



1 novembre 2009

Rocard, Roman - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Ann Rocard -

Ann Rocard est née en 1954. On découvrira ses poèmes et ses nombreuses activités sur son site, ici : http://www.annrocard.com/ 

Bien au chaud

Dans ma maison, bien au chaud,
je vois le jour qui s'enfuit
et les étoiles là-haut
qui s'allument dans la nuit.
J'entends le vent qui s'élance
entre les tuiles du toit
et les grands arbres qui dansent
à la lisière du bois.
Chez moi, je suis à l'abri.
Je bois un bon lait bouillant.
Je n'ai pas peur de la pluie,
de l'hiver et du grand vent.

Ann Rocard



- André Rochedy -

André Rochedy (1942-2006), professeur de lettres et poète, est l'auteur de nombreux recueils de poèmes.

Quelques titres : Fils du Soleil, L’arbre à paroles, 1991 ; L’homme descend du songe, L’arbre à paroles, 1992 ; Dans la mémoire du jour, L’arbre à paroles, 1995 ; Dans la main du vent, suivi de L’ange la nuit, Voix d’encre, 1999 ; Ma maison, c’est la nuit, Cheyne, 2002, illustration de Martine Mellinette.

Dans la gorge des oiseaux ...

Dans la gorge des oiseaux
il y a des mots
qui roulent
rouges et doux
comme des soleils
d'extrême-enfance.

André Rochedy ("Descendre au jardin", Cheyne éditeur, 1987)

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Pour grandir ...

Pour grandir
il faut faire un vœu
disait le nain
en décrochant l’étoile.
 
Pour grandir
il ne faut pas se faire vieux.

André Rochedy ("Descendre au jardin", Cheyne éditeur, 1987)

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Pour entrer dans l'arche de Noé

Pour entrer dans l'arche de Noé
toutes les bêtes
ont montré patte blanche
la brebis galeuse
le canard boiteux
l'oie blanche et la poule mouillée
deux chiens de faïence
un tigre de papier
l'anguille sous roche
le coq de clocher
le dindon de la farce
la vache à lait
le rat de bibliothèque
le chat échaudé
la fine mouche, l'âne bâté
le bouc émissaire
et l'ours mal léché
le veau d'eau et la vache espagnole
le vieux loup de mer
et l'agneau de lait
l'oiseau de malheur
- un drôle d'oiseau -
ma bête noire
la bête à manger du foin
la bête comme ses pieds
et un paysan du Danube
monté sur ses grands chevaux
suivant
un mouton de Panurge.

André Rochedy ("Bêtes à rire et à pleurer", Magnard, 1984 et Anthologie de André Rochedy et Lionel Andeler - 2001)



- Ghislaine Roman -

Ghislaine Roman, enseignante en élémentaire et auteure contemporaine pour les enfants a publié des albums ("Le parapluie volant", "Tukaï, l'enfant sorcier "...) et des recueils poétiques ("Le livre des peut-être", "Le livre des si"), tous aux éditions Milan.

Les Editions Milan nous ayant signalé que nous avions présenté "Le Livre des Peut-être" dans son intégralité, nous rectifions cette erreur avec uniquement la mise en ligne de courts extraits des deux ouvrages :
 

Si (il s'agit d'un extrait du poème)

Si les girafes savaient tricoter,
il leur faudrait dix ans pour faire un cache-nez.
Si la mer était sucrée,
les icebergs seraient des sorbets.
Si les mille-pattes portaient des souliers,
ils passeraient leur nuit à les cirer.
Si on mettait des pierres dans les sabliers,
est-ce que ça empêcherait le temps de passer ?

...

Ghislaine Roman ("Le livre des si", illustrations de Tom Schamp - éditions Milan, 2004)

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Peut-être (passages)

Peut-être que les clowns ont de grandes chaussures
parce qu’ils ont de grands pieds
.
[...]
Peut-être que les abeilles font du miel
parce qu’elles ne savent pas faire du chocolat.
Peut-être que les moutons portent de la laine
parce qu’ils sont allergiques au coton.
[...]
Peut-être que les zèbres sont rayés
parce qu’ils n’aiment pas les carreaux

[...]
Peut-être que les sorcières chevauchent des balais
parce qu’elles n’ont jamais entendu parler des aspirateurs.

[...]
Peut-être que les lions sont mal coiffés
parce qu’ils font peur aux coiffeurs..


Ghislaine Roman ("Le livre des peut-être", illustrations de Tom Schamp - éditions Milan, 2003)

fille_verte_cr_ation__PP10À la manière de Ghislaine Roman : "Si ..." et "Peut-être ..."

Plusieurs poèmes d'autres auteurs sont présentés sur le blog ou ailleurs, pour la production de textes conditionnels avec "Si" (voir Jean-Luc Moreau dans la catégorie l'humour des poètes). Quelques pistes :

De la GS au CM2 dans cette circonscription, on s'est amusé avec "peut-être" (lien non cliquable) :
http://www.ac-amiens.fr/inspections/80/montdidier/ecoles/ecoles.htm
Encore une expérience illustrée ici
(lien non cliquable) :
http://sites86.ac-poitiers.fr/buxerolles-planty/spip.php?article159
L'IEN de Gennevilliers propose, une fiche détaillée pour l'exploitation en classe de ce texte, en vue de la production d'écrit poétique. Le pdf en lien direct cliquable est ici :
http://www.ien-gennevilliers.ac-versailles.fr/IMG/pdf/le_livre_des_peut-etre.pdf



1 novembre 2009

Le Floch, Ley - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

Madeleine Le Floch est une auteure contemporaine, qui a publié en 1975 "Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver". Un recueil dans lequel elle joue avec les différents sens, les à-peu-près et les homonymies du vert, pour l'écriture de (quand même !) soixante-treize petits poèmes.

Oiseau vert

Il était une fois
un oiseau
que l'on avait
enfermé
dans une cage.

Du matin au soir
il criait :
que je suis malheureux !
Ah! que je suis donc
malheureux !

Comme il chante bien
disait la petite fille.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)



Madeleine Ley (1901-1981) est une romancière et poète belge.

La girafe

Je voudrais une girafe
Aussi haute que la maison
Avec deux petites cornes
Et des sabots bien cirés
Je voudrais une girafe
Pour entrer sans escalier
Par la lucarne du grenier.

Madeleine Ley ("60 poésies 60 comptines" - éditions Le Centurion)

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En rêve j'ai trouvé

En rêve j'ai trouvé
(Le joli, joli rêve !)
en rêve j'ai trouvé
la clochette enchantée
qui dit la vérité.

En rêve j'ai trouvé
(Était-ce bien un rêve ?)
en rêve j'ai trouvé
les miettes semées par le Petit Poucet !

En rêve j'ai trouvé
(L'étrange, étrange rêve !)
en rêve j'ai trouvé
la citrouille si grosse
qui se change en carosse !

Dans mon plus joli rêve,
au pied d'un blanc perron,
j'ai trouvé, Cendrillon,
ta pantoufle de verre ...

(Madeleine Ley ("Petites voix" - Éditions Stock, 1930)

fille_verte_cr_ation__PP10Des exemples de création poétique en CE1 à la manière de Madeleine Ley :
http://www.ac-nancy-metz.fr/petitspoetes/HTML/SALLESDEJEUX/JEURIME.html

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Grand-père

Dans la chambre du grand-père
il y avait un coquillage
qui soupirait et chantait
comme le vent et la mer.

Dans la chambre du grand-père
il y avait un petit coffre
en bois luisant jaune clair,
qu’il rapporta de ses voyages
Et que lui seul savait ouvrir.

Il y avait deux Japonais
en ivoire, sous un globe ;
et tout au fond d’un tiroir,
dans son écrin de velours vert,
bijou poli par les vagues,
la pipe en écume de mer !

Madeleine Ley



1 novembre 2009

Hyvernaud, Jacob - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Andrée Hyvernaud -

Andrée Hyvernaud  (1910-2005), poète et écrivaine du nord de la France, est l'auteure de recueils de poésies pour la jeunesse, mais pas seulement ("Au bord des mortes eaux : poèmes. précédé de Qui mène au soir" - 1999). Elle était l'épouse du romancier Georges Hyvernaud, avec qui elle a signé plusieurs ouvrages.

Un poème cette année au rendez-vous du calendrier...  Ne tardez pas à l'utiliser !

Galette des Rois

Qui a la fève et la couronne ?
Papier d'or ou papier d'argent ?
La galette était bonne
Et la fève dedans.

Petit roi d'amour aux yeux de velours
Choisis la reine de ta cour !
Gentil Roi, bois ! Mais n'oublie pas
Que le bonheur même des Rois
Ne dure souvent qu'un seul jour ...

Andrée Hyvernaud



- Max Jacob -

Max Jacob (1876-1944) était un écrivain, un poète et un peintre, ami de peintres cubistes comme Pablo Picasso, Georges Braque et Juan Gris, et de poètes, comme Guillaume Apollinaire, puis plus tard, de Jean Cocteau, Modigliani, et encore Marcel Béalu, Michel Manoll, René-Guy Cadou et Jean Rousselot.
Il est auteur de contes pour enfants, et de nombreux recueils de poésie, certains en prose ("Le Cornet à dés" est d'abord édité en 1917 à compte d'auteur).
Voir la suite de cette présentation
ici sur le blog, avec le poème "Amour du prochain".

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Souvent présentés comme deux textes différents, en réalité, il s'agit de deux strophes du même poème. La première strophe est représentée en calligramme (dans l'ouvrage "Il était une fois...les mots" - textes réunis par Yves Pinguilly et typoscénie d'André Belleguie, aux éditions La Farandole/Messidor, 1981) :

calligramme_Max_Jacob_cheval

Pour les enfants et pour les raffinés (extraits)

À Paris sur un cheval gris
À Nevers sur un cheval vert
À Issoire sur un cheval noir
Ah ! Qu'il est beau
qu'il est beau
Ah ! Qu'il est beau
Qu'il est beau!
Tiou !

[...]

Je te donne pour ta fête
Un chapeau noisette
Un petit sac en satin
Pour le tenir à la main
Un parasol en soie blanche
Avec des glands
sur le manche
Un habit doré sur tranche
Des souliers couleur orange.
Ne les mets que le dimanche.
Un collier, des bijoux !
Tiou !

Max Jacob ("Les œuvres burlesques et mystiques de Frère Matorel"- Henry Kahnweiler, 1912)

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Avenue du Maine

Les manèges déménagent.
Manège, ménageries, où ?… et pour quels voyages
Moi qui suis en ménage
Depuis… ah ! il y a bel âge !
De vous goûter, manèges,
Je n'ai plus … que n'ai–je ?…
L’âge.
Les manèges déménagent.
Ménager manager
De l’avenue du Maine
Qui ton manège mène
Pour mener ton ménage !
Ménage ton ménage
Manège ton manège.
Ménage ton manège.
Manège ton ménage.
Mets des ménagements
Au déménagement.
Les manèges déménagent,
Ah ! vers quels mirages ?
Dites pour quels voyages
Les manèges déménagent.

Max Jacob ("Les œuvres burlesques et mystiques de Frère Matorel"- Henry Kahnweiler, 1912)

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Souric et Mouric

Souric et Mouric,
Rat blanc, souris noire,
Venus dans l’armoire
Pour apprendre à l’araignée
À tisser sur le métier
Un beau drap de toile.

Expédiez-le à Paris,
à Quimper, à Nantes,
C’est de bonne vente !
Mettez les sous de côté,
Vous achèterez un pré,
Des pommiers pour la saison
Et trois belles vaches,
Un bœuf pour faire étalon.

Chantez, les rainettes,
Car voici la nuit qui vient,
La nuit on les entend bien,
Crapauds et grenouilles,
Écoutez, mon merle
Et ma pie qui parle,
Écoutez, toute la journée,
Vous apprendrez à chanter.

Max Jacob ("Poèmes de Morven le Gaélique" édité en 1953, posthume et en Poésie-Gallimard, 1991). Francis Poulenc a composé une musique sur les paroles de ce poème.

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livre_Max_Jacob_po_mes_MorvenChanson bretonne

J'ai perdu ma poulette
Et j'ai perdu mon chat.
Je cours à la poudrette
Si Dieu me les rendra.


Je vais chez Jean le Coz
Et chez Marie Maria.
Va-t'en voir chez Hérode
Peut-être il le saura.


Passant devant la salle
Toute la ville était là
À voir danser ma poule
Avec mon petit chat.


Tous les oiseaux champêtres
Sur les murs et sur les toits
Jouaient de la trompette
Pour le banquet du roi.

Max Jacob ("Poèmes de Morven le Gaélique" édité en 1953, posthume et en Poésie-Gallimard, 1991)



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