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lieu commun
4 mars 2007

Letteras amorosas d' Émile Verhaeren

Émile Verhaeren (1855-1916), poète belge, publie en 1883, son premier recueil, Les Flamandes, dédié à son pays natal.
Les trois poèmes ci-dessous sont tirés de recueils (Les Heures claires, Les Heures d'après-midi, Les Heures du soir) écrits pour son épouse, Marthe Massin.


arc_en_ciel_Art_aqu Photo et labo Lieucommun
Paysage du Vexin - samedi 3 mars 2007 - 8h47 - L'arc-en-ciel est authentique.

Vous m'avez dit

Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles
Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous,
Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,
Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.

Vous me parliez des temps prochains où nos années,
Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir ;
Comment éclaterait le glas des destinées,
Comment on s'aimerait, en se sentant vieillir.

Votre voix m'enlaçait comme une chère étreinte,
Et votre cœur brûlait si tranquillement beau
Qu'en ce moment, j'aurais pu voir s'ouvrir sans crainte
Les tortueux chemins qui vont vers le tombeau.

Émile Verhaeren 1855-1916 ("Les heures d'après-midi")
Ce texte sera rangé dans POÉSIES pour la CLASSE - LETTERA AMOROSA


Quand le ciel étoilé couvre notre demeure

Quand le ciel étoilé couvre notre demeure
Nous nous taisons durant des heures
Devant son feu intense et doux
Pour nous sentir, plus fervemment, émus de nous.

Les grands astres d'argent tracent là-haut leur route ;
Sous les flammes et les lueurs
La nuit étend ses profondeurs
Et le calme est si grand que l'océan l'écoute !

Mais qu'importe que se taise même la mer,
Si dans l'espace immense et clair
Plein d'invisible violence
Nos coeurs battent si fort qu'ils font tout le silence !

Émile Verhaeren ("Les heures du soir")
Ce texte sera rangé dans POÉSIES pour la CLASSE - LETTERA AMOROSA


Pour nous aimer des yeux

Pour nous aimer des yeux,
Lavons nos deux regards de ceux
Que nous avons croisés, par milliers, dans la vie
Mauvaise et asservie.

L'aube est en fleur et en rosée
Et en lumière tamisée
Très douce ;
On croirait voir de molles plumes
D'argent et de soleil, à travers brumes,
Frôler et caresser, dans le jardin, les mousses.
Nos bleus et merveilleux étangs
Tremblent et s'animent d'or miroitant ;

Des vols émeraudés, sous les arbres, circulent ;
Et la clarté, hors des chemins, des clos, des haies,
Balaie
La cendre humide, où traîne encor le crépuscule.

Émile Verhaeren ("Les heures claires)
Ce texte sera rangé dans "LETTERA AMOROSA" : POÉSIES "hors classe"

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27 février 2007

Louis Aragon - Le fou d'Elsa

Louis Aragon (1897-1982) appartient au surréalisme, dont il est un des fondateurs, avec André Breton et Philippe Soupault.
Il adhère au Parti communiste et s'engage dans la Résistance contre le nazisme pendant la Seconde guerre mondiale.
Son amour pour Elsa Triolet, romancière (1896-1970), traverse et illumine son oeuvre poétique. Un des recueils d'Aragon s'intitule Le Fou d'Elsa (1963). On peut citer d'autres recueils : Cantique à Elsa (1942) - Les Yeux d'Elsa (1942) -  Elsa (1959) - Il ne m'est Paris que d'Elsa (1964)...
Aragon est aussi écrivain romancier (Le Paysan de Paris - Les beaux quartiers - Les Communistes, Les Voyageurs de l'Impériale ...)
On trouvera des poèmes d'Aragon dans d'autres catégories : chanson - lettera amorosa.


arbre_en_feu_paysage

Photo et photomontage : Lieucommun (voir autre photo plus bas)

Elsa

Suffit-il donc que tu paraisses
De l'air que te fait rattachant
tes cheveux ce geste touchant
Que je renaisse et reconnaisse,
Un monde habité par le chant
Elsa mon amour ma jeunesse.

Eau forte et douce comme un vin,
Pareille au soleil des fenêtres,
Tu me rends la caresse d'être,
Tu me rends la soif et la faim
de vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu'à la fin.

C'est miracle que d'être ensemble,
Que la lumière sur ta joue,
Qu'autour de toi le vent se joue,
Toujours si je te vois, je tremble,
Comme à son premier rendez-vous
Un jeune homme qui me ressemble.

M'habituer m'habituer,
Si je ne le puis qu'on me blâme,
Peut-on s'habituer aux flammes
Elles vous ont avant tué,
Ah crevez les yeux de l'âme
S'ils s'habituaient aux nuées

Pour la première fois ta bouche,
Pour la première fois ta voix,
D'une aile à la cime des bois
L'arbre frémit jusqu'à la souche,
C'est toujours la première fois
Quand ta robe en passant me touche.

Prends ce fruit lourd et palpitant,
Jettes-en la moitié véreuse,
Tu peux mordre la part heureuse,
Trente ans perdus et puis trente ans,
Au moins que ta morsure creuse
C'est ma vie et je te la rends.

Ma vie en vérité commence
Le jour où je t'ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m'a montré la contrée
Que la bonté seule ensemence

Tu vins au coeur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j'ai flambé comme un genièvre
À la Noël entre tes doigts.
Je suis né vraiment de ta lèvre,
Ma vie est à partir de toi.

Louis Aragon ("Le roman inachevé") - Ce poème a été mis en musique et chanté par Léo Ferré, Marc Ogeret... Les passages en italique ont été retirés pour la chanson. Poème déjà rangé dans  "LETTERA AMOROSA" : POÉSIES "hors classe"  p 3.


Il n'y a pas d'amour heureux

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux

Lyon, Janvier 1943
Louis Aragon ("La Diane française")

La syntaxe particulière du texte original est ici respectée : pas de ponctuation et des majuscules qui découpent certains vers.
Ce poème a été mis en musique par Georges Brassens (voir la catégorie Brassens chante les poètes).
Il sera aussi rangé dans  "LETTERA AMOROSA" : POÉSIES "hors classe"


On trouvera à cette adresse le contexte historique du poème qui suit : http://perso.orange.fr/d-d.natanson/resistance_juive.htm

L'affiche rouge

Vous n'aviez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants.
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement 
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses,
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient La France en s'abattant

Louis Aragon ("Le Roman Inachevé" - Gallimard, 1955)


2 mars 2007

Le temps des cerises - grande Histoire et histoire d'une lettera amorosa

tag_1_blogPhoto Lieucommun fév 2007

On ne connaît souvent de Jean-Baptiste Clément (1836-1903) que Le temps des cerises.
Il est l'auteur d'autres poésies et chansons, plus engagées, pour La Commune de Paris (l'insurrection révolutionnaire de 1871), dont il a été un défensur actif. Il sera d'ailleurs condamné à mort et contraint de s'exiler à Londres, jusqu'à l'amnistie de 1880.


Jean-Baptiste Clément est un poète révolté. Réfugié une première fois en Belgique pour des écrits contre le régime impérial français, il y écrit en 1866 le poème Le temps des cerises, publié l'année suivante.
Antoine Renard le mettra en musique en 1868, et ce texte devenu chanson rencontre déjà le succès.
En 1885, bien après La Commune, Jean-Baptiste Clément dédie Le temps des cerises "à Louise, ambulancière sur la dernière barricade du 28 mai", comme un dernier hommage à l'insurrection populaire, réprimée dans le sang (voir plus bas).
On peut le voir aussi, comme une lettera amorosa.


Le temps des cerises (poème avant d'être chanson)
à la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai 1871

Quand nous en serons au temps des cerises*,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au coeur.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur.

Mais il est bien court le temps des cerises,
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreille,
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sur la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.

Quand nous en serons au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrais pas sans souffrir un jour.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Vous aurez aussi des chagrins d’amour.

J’aimerai toujours le temps des cerises :
C’est de ce temps là que je garde au coeur
Une plaies ouverte,
Et dame Fortune, en m’étant offerte,
Ne pourra jamais fermer ma douleur.
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur.

Jean-Baptiste Clément (1866)
*Modification du premier vers lors de la mise en musique : "Quand nous chanterons le temps des cerises".
Ponctuation du poème original respectée.
Source : "Les poètes de La Commune" - Maurice Choury - Seghers - édition 1970, Centenaire de La Commune (Photo Lieucommun ci-dessous) 


livre_po_tes_CommuneJean-Baptiste Clément explique sa dédicace :

" Puisque cette chanson a couru les rues, j’ai tenu à la dédier, à titre de souvenir et de sympathie, à une vaillante fille qui, elle aussi, a couru les rues à une époque où il fallait un grand dévouement et un fier courage !
Le fait suivant est de ceux qu’on n’oublie jamais :
Le dimanche 28 mai 1871, alors que tout Paris était au pouvoir de la réaction victorieuse, quelques hommes luttaient encore dans la rue Fontaine-au-Roi.
Il y avait là, mal retranchés derrière une barricade, une vingtaine de combattants, parmi lesquels (…) des jeunes gens de dix-huit à vingt ans et des barbes grises qui avaient échappé aux fusillades de 48 et aux massacres du coup d’État.
Entre onze heures et midi, nous vîmes venir à nous une jeune fille de vingt à vingt-deux ans qui tenait un panier à la main. Nous lui demandâmes d’où elle venait, ce qu’elle venait faire, et pourquoi elle s’exposait ainsi.
Elle nous répondit avec la plus grande simplicité qu’elle était ambulancière et que la barricade de la rue Saint-Maur étant prise, elle venait voir si nous n’avions pas besoin de ses services.
(…)  Malgré notre refus motivé de la garder avec nous, elle insista et ne voulut pas nous quitter. Du reste, cinq minutes plus tard, elle nous était utile.
Deux de nos camarades tombaient frappés, l’un d’une balle à l’épaule, l’autre au milieu du front. (…)
Quand nous décidâmes de nous retirer, s’il en était temps encore, il fallut supplier la vaillante fille pour qu’elle consentît à quitter la place.
Nous sûmes seulement qu’elle s’appelait Louise et qu’elle était ouvrière.
(…) Qu’est-elle devenue ?
A-t-elle été, avec tant d’autres, fusillée par les Versaillais ?
N’était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson la plus populaire de toutes celles que contient ce volume ? "
Jean-Baptiste Clément (« Chansons » - Paris 1885)
Source : "Les poètes de La Commune" - Maurice Choury - Seghers


3 mars 2007

Luce Guilbaud

chats_dans_le_soleil Photo DR et labo Lieucommun

Luce Guilbaud est née en 1941.

Je t'offre un soleil

Je t'offre un soleil
dans mes mains nues
quelques touches de brume
un dé de pluie
et la ligne bleue des collines

sans guirlandes
sans papier cadeau
je t'offre un monde
avec mon coeur

Luce Guilbaud - (La petite fille aux yeux bleus - 1998) 
poésie déjà rangée dans POÉSIES pour la CLASSE - LETTERA AMOROSA


Je jouais

Je jouais à grimper à l'arc-en-ciel
comme à l'échelle
Sur le jaune
j'ai cueilli des boutons d'or
Sur l'orange
j'ai des clémentines
Sur le rouge
des framboises et des cerises
Plus haut, j'ai respiré les violettes
Dans le bleu
j'ai coupé une fenêtre de ciel
pour voir l'indigo
Et je suis tombé par la fenêtre
sur l'herbe verte.

Luce Guilbaud 
Poésie sera rangée dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3


Dans ma boîte

J’aurai une grande boîte
pleine de soleil
pour les jours de pluie
pleine de sourires
pour les jours de grogne
pleine de courage
pour les jours de flemme.

Et dans ma boîte j’aurai aussi
plein de coquillages
pour écouter la mer.

Luce Guilbaud    Cette poésie sera rangée dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3


18 février 2007

Humberto Ak'abal - poète du Guatemala

Humberto Ak'abal (1952-) est né au Guatemala. Il écrit dans sa langue maternelle, le maya quiché, et traduit lui-même ses poèmes en espagnol.

Ce petit livre : Kamoyoyik, contient de très courts poèmes.
Voici un aperçu de la poésie de Humberto Ak'abal, avec une proposition de traduction en français
pour POÉSIES pour la CLASSE - LETTERA AMOROSA
Vos remarques seront  les bienvenues.

 

livre_Kamoyoyik_blog

Photo : lieucommun

No vuelvas (littéralement : "ne reviens pas")

No vuelvas la mirada
para ver quién soy.

Es tarde,
no me esperes,
es lejos para mis pasos.

Mis alas están cansadas,
dormiré la noche
entre las ramas
de cualquier árbol.

Ne te retourne pas

Ne te retourne pas
pour voir qui je suis.

Il est tard,
ne m'attends pas,
c'est trop loin pour moi.

Mes ailes sont fatiguées,
je passerai la nuit
dans les branches
d'un arbre quelconque.

Humberto Ak'abal


Para cuando

Dejá de llorar
por tonterías
guardá esas lágrimas
para cuando
yo me muera

Pour quand
("dejá" et "guardá", accentués sont peut-être une écriture guatémaltèque de "deja", "guarda", à la 2è pers du singulier ou à la 2è du pluriel  : "dejad", "guardad" ...
Quien sabe ?

Cesse de pleurer
pour des broutilles
garde ces larmes
pour quand
je serai mort

Humberto Ak'abal ("Kamoyoyik")


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13 février 2007

Roberto Fernandez Retamar, poète cubain

livre__Voix__blog
De ce poète et essayiste cubain né en 1930, cette "Lettera amorosa", simple et essentielle. Ce texte est extrait de Historia antigua (1964) et a été traduit de l'espagnol. On le trouve aussi avec le poème suivant, dans le recueil Voix (Petite Collection Maspero - 1977) aujourd'hui épuisé.
Les poésies originales sont sans titre dans le recueil. (photo ci-contre : lieucommun ; cliquer pour agrandir)

Tag_Alice_mur_sud

Image : été 2005 banlieue de Grenoble (photo : lieucommun)

Si on me dit que tu es partie

Si on me dit que tu es partie
Ou que tu ne viendras pas,
Je ne vais pas le croire : je vais
T'attendre et t'attendre.

Si on te dit que je m'en suis allé,
Ou que je ne reviendrai pas,
Ne le crois pas :
Attends-moi
Toujours.

Roberto Fernandez Retamar
On peut retrouver ce texte dans POÉSIES pour la CLASSE - LETTERA AMOROSA page 4


Ceux qui marchent en se tenant par la main

Ceux qui marchent en se tenant par la main,
Avec leurs mains élèvent une tour,
Construisent une maison,
Organisent le monde,
Lavent l'air de ses feuilles mortes,
Saluent l'aube,
Couchent le crépuscule,
Défendent les premiers fruits,
Assurent, affirment, unissent.

Et nous brisent le coeur.

Roberto Fernandez Retamar

19 février 2007

Les passantes

Antoine Pol (1888-1971) a publié Les Passantes en 1918, dans Émotions poétiques.
Georges Brassens découvre le recueil dans les années 40, chez un bouquiniste. Ce n'est qu'en 1972 qu'il compose une musique sur ces paroles, et veut rencontrer Antoine Pol, mais le poète est mort quelques mois auparavant ...

arbre_sous_neige_blog

Les passantes

Je veux dédier ce poème,
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets,
A celles qu'on connaît à peine ,
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais.

A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre,
Et qui, preste, s'évanouit,
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui.

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage,
Font paraître court le chemin,
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre,
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main.

jaq_Brassens_P_de_T_blogA la fine et souple valseuse *
Qui vous sembla triste et nerveuse,
Par une nuit de carnaval,
Qui voulut rester inconnue,
Et qui n'est jamais revenue,
Tournoyer dans un autre bal.

Á celles qui sont déjà prises, 
Et qui, vivant des heures grises        
Près d'un être trop différent,                              Album "Putain de toi" (2006) **
Vous ont, inutile folie,                                         (Photo : Lieucommun)
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses,
Et portent encor votre deuil,
A celles qui s'en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées,
Victimes d'un stupide orgueil.

Chères images aperçues,
Espérances d'un jour déçues,
Vous serez dans l'oubli demain,
Pour peu que le bonheur survienne,
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin.

Mais si l'on a manqué sa vie,
On songe, avec un peu d'envie,
A tous ces bonheurs entrevus,
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre,
Aux coeurs qui doivent vous attendre,
Aux yeux qu'on n'a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude,
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir,
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes,
Que l'on n'a pas su retenir.

Antoine Pol ("Émotions poétiques" 1918)
* cette strophe est quand même chantée par Maxime Le Forestier dans sa reprise des chansons de Brassens.
** Dans l'album "Putain de toi" (2006) Jehro interprète en anglais et en reggae "Les Passantes" ... une curiosité.

analyse plus fine de ce texte, ici
Cette poésie sera rangée également dans
"LETTERA AMOROSA" : POÉSIES "hors classe"


31 janvier 2007

Enquête expresso

tasse_vide_chaise_sym
Ce sondage a été réalisé la semaine dernière auprès de l'équipe
de rédaction du blog.
Voici les résultats en chiffres arrondis.

1ère question : Quel est votre choix au premier tour ?
34% des sondés ont répondu café-crème,
45% café noir, 11 % rien du tout,
et il y a eu 10 % d'abstentionnistes.

2e question : Et pour le second tour ?
apprenant que cette deuxième tournée était gratuite,
82% des sondés ont répondu
double crème calva avec croissants.
L'abstention a atteint 18 %.

Analyse des résultats : 82% des sondés croient encore aux promesses.

12 avril 2007

HAÏKUS : poésie des saisons

 sens_interdit_sourire_et_tristeLes textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
  Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait. 

bandeau_no_pub_ligne


haïku

"Rien d'autre aujourd'hui
que d'aller dans le printemps
rien de plus"

Buson Yosa (1716-1784).

"Le haïku (prononcez : “haïkou”) est un court poème japonais classique, comportant trois versets de 5, 7 et 5 pieds et visantlivre_ha_kus à traduire une forte émotion face à la nature et à une saison.
Mais, même au Japon, le haïku a beaucoup évolué : on trouve maintenant des haïkus “libres” (qui ne respectent pas la métrique) et des haïkus politiques, érotiques, gastronomiques."
(Georges Friedenkraft, dans la revue Marco Polo n° 10, d'octobre 2005).

Voici quelques haïkus classiques de deux auteurs japonais, sur la saison printemps. Ils sont extraits de "Haïkus anthologie" (collection Points Poésie aux Éditions Fayard).
Roger Munier, qui en a interprété les textes en français, écrit en présentation : "[...]de quoi s'agit-il en fait dans le haïku, sinon de susciter par le truchement des mots un mouvement de l'esprit vers la chose comme elle est, dans l'instant de sa révélation soudaine et là ? [...] d'atteindre à cette nécessité incontournable qui la fait justement ce qu'elle est, sans question, sans pourquoi, [...]"
Il existe une Association Française de Haïku, dont on peut visiter le site ICI.


 

29 mars 2007

Poésie urbaine - Rap et Slam - Grand Corps Malade

Un premier message pour une nouvelle catégorie : POÉSIE URBAINE - Rap et Slam arbre_avant_printemps_ombre_fa_ade
C'est quoi la Poésie urbaine, et le Slam ? et le Rap ? Et pourquoi tu mets des majuscules ?
J'ai pas toutes les réponses ...

Photo Lieucommun : Poésie naturellement urbaine.

le Slam, c'est un genre poétique, des textes souvent courts, mais pas toujours, sans accompagnement musical (une différence essentielle avec le rap), mais un phrasé ...
- la poésie "habituelle" n'en a-t-elle pas un aussi ?
Si, mais le slam (laissons de côté cette histoire de majuscules), est une poésie destinée à être dite en public. Donc, de la poésie, des textes, souvent personnels, engagés dans une vision contestataire de la société, des rapports humains. Les textes sont présentés par les slameurs sur des scènes improvisées ou pas (cafés, MJC, et en règle générale partout où on peut réunir des spectateurs). Poésie des villes, des quartiers, de la rue, poésie urbaine. C'est une compétition conviviale, sous forme de tournoi, qui rassemble plusieurs interprètes successifs, selon un règlement compliqué. Il existe même une Fédération Française de Slam, ICI.
Après, il y a différents genres de slam ...
Commençons par Grand Corps Malade qui annonce la couleur sur son site ICI :Grand_C_Malade
"Il y a évidemment autant de définitions du slam qu’il y a de slameurs et de spectateurs des scènes slam."  
Le texte qui suit a plus de force d'évocation quand on l'écoute, mais peut-être que la musique et le rythme des mots vous donneront un avant-goût de poésie urbaine, et l'envie d'aller plus loin : ci-contre, le CD en vente.

Enfant de la Ville

J’avoue que c’est bon de se barrer à la mer ou à la campagne
Quand tu ressens ce besoin, quand ton envie de verdure t’accompagne
Nouvelles couleurs, nouvelles odeurs, ça rend les sens euphoriques
Respirer un air meilleur ça change de mon bout de périphérique
Est-ce que t’as déjà bien écouté le bruit du vent dans la forêt
Est-ce que t’as déjà marché pieds nus dans l’herbe haute, je voudrais
Surtout pas représenter l’écolo relou à 4 centimes
Mais la nature nourrit l’homme et rien que pour ça faut qu’on l’estime
Donc la nature je la respecte, c’est peut-être pour ça que j’écris en vers
Mais c’est tout sauf mon ambiance, j’appartiens à un autre univers
Si la campagne est côté face, je suis un produit du côté pile
Là où les apparts s’empilent, je suis enfant de la ville
Je sens le cœur de la ville qui cogne dans ma poitrine
J’entends les sirènes qui résonnent mais est-ce vraiment un crime
D’aimer le murmure de la rue et l’odeur de l’essence
J’ai besoin de cette atmosphère pour développer mes sens

Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit
J’aime la foule quand ça grouille, j’aime les rires et les cris
J’écris mon envie de croiser du mouvement et des visages
Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages

Je trempe ma plume dans l’asphalte, il est peut-être pas trop tard
Pour voir un brin de poésie même sur nos bouts de trottoirs
Le bitume est un shaker où tous les passants se mélangent
Je ressens ça à chaque heure et jusqu’au bout de mes phalanges
Je dis pas que le béton c’est beau, je dis que le béton c’est brut
Ca sent le vrai, l’authentique, peut-être que c’est ça le truc
Quand on le regarde dans les yeux, on voit bien que s’y reflètent nos vies
Et on comprend que slam et hip-hop ne pouvaient naître qu’ici
Difficile de traduire ce caractère d’urgence
Qui se dégage et qu’on vit comme une accoutumance
Besoin de cette agitation qui nous est bien familière
Je t’offre une invitation pour cette grande fourmilière
J’suis allé à New York, je me suis senti dans mon bain
Ce carrefour des cultures est un dictionnaire urbain
J’ai l’amour de ce désordre et je ris quand les gens se ruent
Comme à l’angle de Broadway et de la 42ème rue

Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit
J’aime la foule quand ça grouille, j’aime les rires et les cris
J’écris mon envie de croiser du mouvement et des visages
Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages

Je me sens chez moi à Saint-Denis, quand y’a plein de monde sur les quais
Je me sens chez moi à Belleville ou dans le métro New-yorkais
Pourtant j’ai bien conscience qu’il faut être sacrément taré
Pour aimer dormir coincé dans 35 mètres carrés
Mais j’ai des explications, y’a tout mon passé dans ce bordel
Et face à cette folie, j’embarque mon futur à bord d’elle
A bord de cette pagaille qui m’égaye depuis toujours
C’est beau une ville la nuit, c’est chaud une ville le jour
Moi dans toute cette cohue je promène ma nonchalance
Je me ballade au ralenti et je souris à la chance
D’être ce que je suis, d’être serein, d’éviter les coups de surin
D’être sur un ou deux bons coups pour que demain sente pas le purin
Je suis un enfant de la ville donc un fruit de mon époque
Je vois des styles qui défilent, enfants du melting-pot
Je suis un enfant tranquille avec les poches pleines d’espoir
Je suis un enfant de la ville, ce n’est que le début de l’histoire

Grand Corps Malade - 2005 (autres textes sur son site (voir plus haut), et ICI (site non-officiel)


27 mars 2007

La différence en chansons

CD_bebelDeux CD des Chanteurs Livreurs : "Mr Gillou" et "Le monde est rond". Il  y en a d'autres.

La différence en chansons.
Pas des paroles en l'air, pas l'air du temps, mais l'air de rien, ils ne manquent pas d'airs, sans parler des instruments à corde et des percussions.
ICI le site des Chanteurs Livreurs. En reconstruction, car ces gens-là sont perfectionnistes, soyez patients, il faut y revenir souvent.
Et, dites donc quelle chance vous avez, ils offrent une tournée (dates sur le site) avec Michel Bühler contre la poignée d'euros qui vous reste de la brocante pluvieuse de dimanche dernier. Merci la météo.
La chanson des Chanteurs Livreurs que je préfère, c'est ce texte de Jean Aubel, chanteur du groupe : Bualénoc.
Et puis cette chanson de Michel Bühler (site officiel ICI) : Étranger, pour qu'on continue à en parler (voir messages ci-dessous).


Bualénoc

Une plage de l’ouest, à l’autre bout du monde
Un ciel plein de nuages où les orages grondent
Le vent portait la pluie tel un fardeau sournois
Glissait au long des rues comme glisse la soie

Perdue dans l’Océan et dans la houle noire,
L’île oubliait le monde et s’effaçait au soir
Quand au sombre horizon le soleil se mourait
Une petite fille doucement y pleurait.

« Bualénoc la grise » ancienne citadelle,
Légendaire bourreau régit de lois cruelles
Ne faisait que peu cas des rêves de jeunesse
Où l’enfance plaidait : « coupable de tendresse »

Le silence y régnait du haut de son pouvoir
Lâche sentence fière de faire son devoir
Rapace répugnant aux juvéniles proies
Que la petite fille…ne comprenait pas.

Des remparts élancés narguaient l’humilité
Piédestaux supportant sur leur front des gibets
Où les pendus semblaient mieux que de leur vivant
Clamer la liberté, balancés par le vent

La chaux vieillie brûlait les enceintes guerrières,
Les maisons s’y cachaient comme autant de tanières
L’homme plus que le loup était pour l’homme à craindre
Et la petite fille…le regardait s’éteindre.

Mais un jour le décor se chargea de couleurs
La roche s’embrasa fondant à la chaleur
Des tombereaux de feu roulèrent dans des failles
Jaillissant aussitôt de nouvelles entailles.

L’île fuma enfin sous la furie des flots
Rendant son dernier souffle en un ultime rot
Vomissant toute vie Bualénoc périt
Et la petite fille…avec fut engloutie.

Plus tard lorsqu’un marin viendra sur son bateau
Il y verra peut-être allant au fil de l’eau
Le souvenir lointain d’une fillette blonde
Et si en la voyant son esprit vagabonde

Il pensera sans doute, et vous feriez ainsi,
Bualénoc devait être le paradis,
Imaginant une île quel marin songerait
Qu’une petite fille… chaque soir y pleurait.

Jean Aubel


Étranger

Si la pluie en torrents
Tombe sur les genêts,
Si le brouillard descend
A l'orée des forêts,
Si ta route se perd,
Si tu es fatigué,
Si le vent de l'hiver
Souffle dans la vallée,

Étranger, étranger,
Viens frapper à notre porte,
Nous ne demanderons pas
Qui tu es, ni où tu vas,
Nous ne demanderons rien,
Viens.

Si tu n'as pas trouvé
De ruisseau en chemin,
Si l'eau n'a pas coulé
Dans le creux de tes mains,
Si la faim te poursuit
Comme une louve avide,
Dans le froid et la nuit,
Si ta besace est vide,

Étranger, étranger,
Viens t'asseoir à notre table,
Nous ne demanderons pas
Qui tu es, ni où tu vas,
Nous ne demanderons rien,
Viens.

Si tu veux raconter
La douceur de chez toi,
Si ton coeur veut chanter
Des refrains de là-bas,
Ou si, plus simplement,
Tu ne veux que te taire,
Et regarder longtemps
Le feu et sa lumière,

Étranger, étranger,
Reste encore pour la veillée,
Nous ne demanderons pas
Qui tu es, ni où tu vas,
Nous ne demanderons rien,
Mais viens.

Nous ne demanderons pas
Qui tu es, ni où tu vas,
Nous ne demanderons rien,
Viens.

Michel Bühler (Paroles et musique) 1971

26 mars 2007

Le plaisir d'apprendre - Célestin Freinet

Oui, tant qu'on y est, et pas sans rapport finalement, ne ratez pas
jeudi 29 mars à 20h 55 sur FR3 la diffusion du téléfilm : Le maître qui laissait les enfants rêver (2006), de Daniel Losset.texte_libre_Freinet
C'est de Célestin Freinet qu'il s'agit, et du combat de cet instituteur pour mettre le plaisir d'apprendre au centre des apprentissages, comme on ne dit pas dans le B.O.
Des enseignants aujourd'hui pratiquent toujours la pédagogie coopérative : conseils d'élèves, texte libre, correspondance, journal scolaire; avec une adaptation aux avancées pédagogiques et technologiques.
Les Instructions Officielles, ont tour à tour combattu (méthode naturelle de lecture), détourné (texte libre), et parfois recommandé (correspondance, journal scolaire), certaines techniques, coupées de la cohérence du projet initial de Célestin Freinet : l'École Moderne. Il y aurait tellement à dire, voyez plutôt ICI . (Photo : une page d'un journal de classe, le texte libre a été composé et imprimé par les élèves - image empruntée au site http://freinet.org/) 


26 mars 2007

Faut qu'on en parle

Il y a des choses qu'on ne peut pas mettre de côté, elles obstruent l'avenir, il faut rentrer dedans. Maintenant. Parlons-en, parlez-en.

Cette dépêche d'agence (extrait) :

Vendredi 23 mars 2007, 16h49 

PARIS (Reuters) - La directrice d'une école  maternelle du XIXe arrondissement de Paris a été placée en garde à vue  vendredi dans un commissariat avec deux autres personnes, avant d'être  libérée, apprend-on de source judiciaire. (...)
Les échauffourées, mardi, avaient opposé des  particuliers et des policiers qui venaient interpeller des parents d'élèves  sans papiers chinois dans cette école, rue Rampal.

Poésie, brocante et humour, nous restons bien dans la ligne définie pour ce blog Lieucommun.livre_Pr_vert__trangers

  • Poésie, avec Jacques Prévert, en bas de message (Photo ci-contre du recueil qui contient neuf poèmes de différents recueils de Prévert - Folio Junior - Gallimard - 2000)
  • Brocante, puisqu'il s'agit d'une braderie des Droits de l'Homme;
  • Humour ? On verra plus tard si on peut en rire ...

En attendant, la VIDÉO est ICI,
le site RESF, donne une information complète
ICI,
et propose la signature d'une  pétition ICI. Actuellement difficile d'accès : saturé, c'est bon signe ? Faites suivre ces liens ...

Tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN, SUD, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellaient à un rassemblement lundi 27 mars à 18 h 30 devant le rectorat de Paris ... 

Sous ce texte de Prévert (maintenant corrigé)* , une autre info intéressante ...

Étranges étrangers

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays lointains
cobayes des colonies
Doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d'Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d'Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manoeuvres désoeuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers

Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou bien du Finisterre
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres
Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d'une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet

Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés

Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d'or faits de papier plié

Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd'hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières

On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos

Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous mourez.

Jacques Prévert  1951 ("Grand bal du printemps" ) 
* Corrections : renvois de paragraphe, majuscules respectées, unique point final, et dernier vers : "même si vous en mourez".


25 mars 2007

Paul Éluard - Derniers poèmes d'amour (2) - Le temps déborde

Eluard_texte_manuscrit
"28 novembre 1946 ... le temps déborde". C'est la disparition brutale de Nusch.
Paul Éluard publie le recueil Le temps déborde l'année suivante.

Il le dédie "À J. et A. derniers reflets de mes amours, qui ont tout fait pour dissiper la nuit qui m'envahit".
Ces deux phrases manuscrites corrigées y prennent place, sans titre :


Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

Paul Éluard ("
Le temps déborde")


Un autre texte dont on trouvera ici une analyse complète.

Notre vie

Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie
Aurore d'une ville un beau matin de mai
Sur laquelle la terre a refermé son poing
Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
Et la mort entre en moi comme dans un moulin

Notre vie disais-tu si contente de vivre
Et de donner la vie à ce que nous aimions
Mais la mort a rompu l'équilibre du temps
La mort qui vient la mort qui va la mort vécue
La mort visible boit et mange à mes dépens

Morte visible Nusch invisible et plus dure
Que la faim et la soif à mon corps épuisé
Masque de neige sur la terre et sous la terre
Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle
Mon passé se dissout je fais place au silence

Paul Éluard ("Le temps déborde") pas de ponctuation dans ce texte


20 mars 2007

Michel Butor, l'inclassable

arbre_couteau_palette_WebInclassable Michel Butor.
Né en 1926, d'abord connu comme le romancier de "La modification", Michel Butor, a également écrit des essais et des récits de voyage. Il est un poète d' aujourd'hui, qui expérimente des formes littéraires diverses et accompagne des créations artistiques de peintres contemporains. Les yeux grands ouverts sur le merveilleux et le dérisoire du monde. Images choisies.
(Photo : Labo Lieucommun)
Source des textes (beaucoup d'autres s'y trouvent) à cette adresse : http://perso.orange.fr/michel.butor/


Jour de cafard

pour Henri Maccheroni

D'abord on n'a pas entendu le réveil et se levant en toute hâte
on se meurtrit le gros orteil contre un outil oublié

En se rattrapant au mur on fait tomber une gravure précieuse
dont la vitre vole en éclats les plombs sautent

Dès qu'ils sont enfin réparés le facteur sonne
apportant un avis recommandé du contrôleur des contributions

Alors on voit qu'un bouton manque au col de la chemise qu'on vient d'enfiler
c'est le moment que choisit la dent creuse pour vous rappeler
qu'il est urgent de la faire soigner

Michel Butor


Fil de terre

pour Gnèzi d'Marela

Il s'agit d'une araignée
qui désirant porter espoir
aux habitants ou visiteurs
vivants ou morts
de la piscine aux chevaux
va récolter de la glaise
dans ses toiles au long du fleuve
pour la mélanger à de la poussière
de graines et de coquillages
afin d'en modeler des figurines
aussi caractérisées que possible
comme celles des jeteurs de sort
mais c'est pour installer
son nid-atelier dans leur tête
et que leurs yeux se rouvrent
sur un présent devenu soie

Michel Butor


Au seuil de la ruche de survie

pour Graziella Borghesi

Quel miel cherches-tu
reposant tes ailes
entre les rayons
devant le portail
abeille aux yeux noirs?

Celui du désert
dans les alvéoles
entre les écailles
des fûts de colonnes
ou troncs de palmiers

La suie devient sable
dans les alentours
de la basilique
métamorphosée
en une oasis

Je cherche le temps
de l'autre côté
du bourdonnement
le pollen des morts
et l'or du silence

Michel Butor


Après moi la poussière

in memoriam Juliet Man Ray

Sorcière soigneuse
je dis mon adieu
à tous ces objets
que j'époussetais
avec mon cheval
à crins de nylon
sur lequel je vais
m'envoler laver
les tours et les nuages
les rues et les ombres
les yeux et les ongles
les reins et les cœurs

Michel Butor


Paradis perdu

pour Grete Knudsen

Les branches s'écartaient pour nous
laisser passage en retenant
délicatement nos cheveux
et nous proposaient des cerises
dont le jus coulait sur nos joues

C'était il y a si longtemps
à peine si je me souviens
il a fallu qu'on me raconte
et que je retrouve des traces
dans les peintures et chansons

J'étais un enfant mais j'avais
toutes les forces d'un adulte
et tous ses désirs je passais
de mère en fille et déposais
des bébés poisseux dans leurs bras

Tout cela semble disparu
et pourtant tout cela perdure
entre le miroir et l'image
entre le rêve et le réveil
entre la page et l'impression

Les ronces nous griffaient sans nous
infliger la moindre souffrance
dessinant des fleurs sur nos peaux
que les amoureux effaçaient
en buvant les perles du sang

La main dans la main nous courions
entre les déserts et les sources
choisissant les uns pour les autres
les fruits des arbres du savoir
dont nous comparions les saveurs

J'étais à l'aise dans mon corps
j'en connaissais tous les organes
les maladies étaient amies
je goûtais fièvres ou frissons
dans des lits de boues et de feuilles

Où était-ce ne saurais dire
si loin de tout si près de toi
jouissant du chaud comme du froid
j'ai perdu la clef de la grille
et j'erre comme une âme en peine

Michel Butor


La promeneuse du quai

pour Patrice Pouperon

Sa chevelure
bruit de sandales
et son sourire
balancements
la rencontrer
le clapotis
l'accompagner
rayons du soir
joindre nos ombres
filets et bouées
dans les reflets
robe d'écaille
timidement
respirations
l'interroger
lui proposer
où vivez-vous
un mot ou deux
dans quel quartier
méditative
ou bien village
d'outre-horizon
votre métier
frisson d'argent
votre famille
énigmatique
jeux et projets
un peu de sel
rêves regrets
accents de lune
embarquons-nous
lèvres d'écume
plongeons ensemble
ongles du vent
dans la jouvence
île au trésor
triton sirène
les yeux des vagues
souvenez-vous
c'était demain

Michel Butor


15 mars 2007

René de Obaldia - "Innocentines"

arbre_oiseau_V_theuil__95__ce_matin
Un oiseau dans le ciel du Vexin (95) hier matin (Ph Lieucommun)

René de Obaldia est né en 1918. Auteur de théâtre (Le Satyre de la Villette, Le Banquet des méduses, Du vent dans les branches de sassafras ...) et de romans (Tamerlan des coeurs, Le centenaire), il est membre de l'Académie française depuis 1999.

"Innocentines" (1969 - collection "Les cahiers rouges" - Grasset) est un de ses quatre recueils de poésies. Du bonheur pour 8livre_innocentines euros, vraiment un livre de poésie à se procurer. (Photo : Lieucommun)

Le sous-titre annonce : "Poèmes pour les enfants et quelques adultes".
René de Obaldia y prend avec le langage et les situations, toutes les libertés, privant ainsi (pour notre plaisir quand même), les élèves de l'accès à la plupart des textes, considérés comme pas moralement corrects.


Déjà rangés dans la catégorie POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3, on trouve :

"Moi j'irai dans la lune", "J’ai trempé mon doigt dans la confiture", "Le secret" et "Dimanche".

Le texte suivant (en version réduite) est aussi pour la classe :

Chez moi (extrait)

Chez moi, dit la petite fille
On élève un éléphant.
Le dimanche son oeil brille
Quand Papa le peint en blanc.

Chez moi, dit le petit garçon
On élève une tortue.
Elle chante des chansons
En latin et en laitue.

Chez moi, dit la petite fille
Notre vaisselle est en or,
Quand on mange des lentilles
On croit manger un trésor.

Chez moi, dit le petit garçon
Vit un empereur chinois.
Il dort sur le paillasson
Aussi bien qu’un Iroquois.

Iroquois ! dit la petite fille.
Tu veux te moquer de moi.
Si je trouve mon aiguille,
Je vais te piquer le doigt !

René de Obaldia (Innocentines")


En voici la version intégrale, destinée aux grands enfants :

Chez moi

Chez moi, dit la petite fille
On élève un éléphant.
Le dimanche son œil brille
Quand papa le peint en blanc

Chez moi, dit le petit garçon
On élève une tortue.
Elle chante des chansons
En latin et en laitue.

Chez moi, dit la petite fille
Notre vaisselle est en or.
Quand on mange des lentilles
On croit manger un trésor.

Chez moi, dit le petit garçon
Nous avons une soupière
Qui vient tout droit de Soissons
Quand Clovis était notaire.

Chez moi, dit la petite fille
Ma grand-mère a cent mille ans.
Elle joue encore aux billes
Tout en se curant les dents.

Chez moi, dit le petit garçon
Mon grand-père a une barbe
Pleine pleine de pinsons
Qui empeste la rhubarbe.

Chez moi, dit la petite fille
Il y a trois cheminées
Et lorsque le feu pétille
On a chaud de trois côtés.

Chez moi, dit le petit garçon
Passe un train tous les minuits.
Au réveil mon caleçon
Est tout barbouillé de suie.

Chez moi, dit la petite fille
Le pape vient se confesser.
Il boit de la camomille
Une fois qu’on l’a fessé.

Chez moi, dit le petit garçon
Vit un Empereur chinois.
Il dort sur un paillasson
Aussi bien qu’un Iroquois.

Iroquois ! dit la petite fille
Tu veux te moquer de moi !
Si je trouve mon aiguille
Je vais te piquer le doigt !

Ce que c’est d’être une fille !
Répond le petit garçon.
Tu es bête comme une anguille
Bête comme un saucisson.

C’est moi qu’ai pris la Bastille
Quand t’étais dans les oignons.
Mais à une telle quille
Je n’en dirai pas plus long !

René de Obaldia (Innocentines")


Celui-ci est très représentatif du recueil "Les Innocentines" :

Le plus beau vers de la langue française

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »
Voici, mes zinfints
Sans en avoir l’air
Le plus beau vers
De la langue française.
Ai, eu, ai, in
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin…
Le poite aurait pu dire
Tout à son aise :
« Le geai volumineux picorait des pois fins »
Eh bien ! non, mes infints
Le poite qui a du génie
Jusque dans son délire
D’une main moite
A écrit :
« C’était l’heure divine où, sous le ciel gamin,
LE GEAI GÉLATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN. »

Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji.
Là, le geai est agi
Par le génie du poite
Du poite qui s’identifie
À l’oiseau sorti de son nid
Sorti de sa ouate.
Quel galop !
Quel train dans le soupir !
Quel élan souterrain!
Quand vous serez grinds
Mes zinfints
Et que vous aurez une petite amie anglaise
Vous pourrez murmurer
À son oreille dénaturée
Ce vers, le plus beau de la langue française
Et qui vient tout droit du gallo-romain:
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin. »
Admirez comme
Voyelles et consonnes sont étroitement liées
Les zunes zappuyant les zuns de leurs zailes.
Admirez aussi, mes zinfints,
Ces gé à vif,
Ces gé sans fin

René de Obaldia ("Innocentines")


Celui-ci également, mais curieusement (?) il ne figure pas dans les choix pour la classe :

Manège

Les chevaux de bois sont pas tous en bois
Les petits cochons vont pas tous en rond.

La dernière fois
Le cheval de bois
Que j'avais monté
Voulait m'renverser.
J'ai pris son oreille
Je lui ai mordu
Le sang de l'oreille
Je lui ai tout bu.
Alors il m'a dit :
"Pourquoi tu m'fais mal ?
Je n'suis qu'un cheval
Tu n'es pas gentil."
Et il m'a promis
Que quand je voudrais
Il m'emporterait
Jusqu'au Paradis !

Le petit cochon
Aux yeux de mouton
Que j'avais monté
Un beau jour d'été
Voulait s'échapper
Des autres cochons.
Il courait si vite
Qu'il faillit me tuer,
Ça sentait les frites
De tous les côtés !
Mais j'tirai si fort
Sur sa queue en or
Qu'elle me resta
Entre les dix doigts.
Je l'ai rapportée
L'soir à la maison,
Ça sert aux dîners
Comme tir'bouchon.

Les chevaux de bois sont pas tous en bois
Les petits cochons vont pas tous en rond.

René de Obaldia ("Innocentines")

Quelques autres titres de textes, pour vous donner envie  :
"Une dame très très morte", "Yous pique angliche", "Le col du fémur", "Berceuse de l'enfant qui ne veut pas grandir", "Ouiquenne", "Julot-Mandibule", "Antoinette et moi" ... il y a en tout soixante-dix textes, ça fait quoi ... à peine 10 centimes d'euro le poème, et on a quoi, sinon pour 10 centimes d'euro ?


2 juillet 2007

La maison de vent - Lanza del Vasto


Chaussy_bl__aux_coquelicots
Petit matin du dimanche 1er juillet 2007 dans le Vexin (Photo originale Lieucommun)

La maison de vent

J'ai ma maison dans le vent sans mémoire,
J'ai mon savoir dans les livres du vent,
Comme la mer j'ai dans le vent ma gloire,
Comme le vent j'ai ma fin dans le vent.
    
                                                       Damas, 1939.

Lanza del Vasto ("Le chiffre des choses" - Ed Denoël - 1953)

Dans un prochain message, je donnerai quelques éléments sur Lanza del Vasto. Ce texte est une des poésies que j'aime le plus.
Et vous ?

22 août 2007

L'été de Jocelyne Curtil

Jocelyne_CurtilJocelyne Curtil, photo empruntée (D.R.)

Je me cache dans les bagages du soleil

Le soleil aujourd'hui,
Je me le suis donné.
J'en ai mis plein mes poches
Et dans d'autres endroits
Où mes mains ne vont pas.
Je peux escalader
Ce qui me séparait.
Je peux montrer aux gens
Comment c'est, la lumière.
Je me cache dans les bagages du soleil, à liserés de source,
à serrures de cigales.
Le soleil meurt : son sang ruisselle aux devantures.

Jocelyne Curtil - contemporaine ("Le soleil sous la peau")


26 juin 2007

Mi otro - Humberto Ak' abal

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Photo Lieucommun mai 2007 : chat de Provence, retour à la lumière

Un court poème de cet auteur guatémaltèque dont on trouvera d'autres textes ICI, en bas de page,
dans la catégorie Des POÈTES et de la POÉSIE.

Mi otro

Mientras duermo
mi otro yo
sale
* en busca de tu ausencia.

Humberto Ak' abal ("Kamoyoyik")

Traduction libre :

Mon autre moi

Pendant que je dors
mon autre moi
part* à la recherche de ton absence.  (
*sale = sort)


19 juin 2007

Coquelicot, différent, comme les autres

coquelicot_fond_noir<< Prise de vue et labo Lieucommun mai 2007.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Un coquelicot, différent, comme les autres ...

Vous avez déjà entendu , et peut-être trop vite prononcé les paroles suivantes, à propos de ce qui vous est étrange :

"Toutes les mêmes, ces fleurs (par exemple)".

Bien sûr que non, il suffit de s'arrêter. Celle-ci me surprend encore ...


3 juin 2007

À l'école avec Luc Bérimont

Luc Bérimont (1915-1983), poète et romancier, a été un poète engagé. Dans la Résistance pendant la deuxième guerre mondiale, dans ses écrits poétiques, et dans la défense et la promotion de la poésie et de la chanson nouvelles, à l'image du poète-éditeur Pierre Seghers, qu'il a côtoyé.
Il a animé des émissions de radio pour faire connaître chanteurs et poètes (La Fine Fleur).
On peut trouver quelques textes de  Luc Bérimont chantés par Léo Ferré, Marc Ogeret ou Pierre Bertin. Ses poésies complètes sont en cours de parution (on attend le second tome) au Cherche midi Éditeur.

Voici une poésie autour de l'élève et de l'école. D'autres écrits de Luc Bérimont prochainement, dans la catégorie Des POÈTES et de la POÉSIE.

Entraînez votre mémoire avec ce texte :

Conjugaison de l’oiseauplume_blanche_blog

J’écris (à la pie)
J’écrivais (au geai)
J’écrivis (au courlis)
J’écrirai (au pluvier)
J’écrirais (au roitelet)
Écris ! (au sirli)
Que j’écrive (à la grive)
Que j’écrivisse (à l’ibis)
Écrivant (au bruant)
Écrit (au pipit)

Luc Bérimont ("La Poésie comme elle s'écrit"
textes réunis par Jacques Charpentreau - Editions Ouvrières
1979).
Ce message sera antidaté prochainement et déplacé dans la catégorie POÉSIES PAR THÈME : l'école.


Et puis une comptine :

Comptine

Pomme et poire
Dans l’armoire
Fraise et noix
Dans le bois
Plume et colle
Dans l’école
Sucre et pain
Dans la main
Et le faiseur de bêtises
Bien au chaud
Dans ma chemise

Luc Bérimont ("Comptines pour enfants d'ici")


10 juin 2007

L'école de Corinne Albaut

Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits (Collection "Petits bonheurs" chez Actes Sud junior).livre_comptines_pyjama
Elle dirige aussi la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
J'ai trouvé la comptine ci-dessous dans un petit livre de la jolie collection illustrée "Petits Bonheurs" : Comptines en pyjama - 1997 (illustrations Madeleine Brunelet). À commander et à recommander aussi aux parents. 6,50 € en librairie.

Le jour et la nuit

Quand on dit "bonjour",
Que les enfants courent
Vers l'école pour
Jouer dans la cour,
C'est le jour.

Quand la lune luit
Que les chats sont gris,
Qu'on est dans son lit
Au calme et sans bruit,
C'est la nuit.

On trouvera sur ce blog, de Corinne Albaut : Les  crayons (poésies Cycle 2).
Autre recueil de comptines du même auteur : Comptines pour la rentrée des classes - Actes Sud Junior, 1997.livre_comptines_rentr_e

Les trois classes (bis)

Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.

Dans la classe
de Madame Levert,
On cultive des primevères.

Dans la classe
de Mademoiselle Legris,
On cultive des radis.

Dans son bureau
La directrice, elle
fait pousser des myosotis.

On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail effectué dans une classe de cycle 2.

Un troisième recueil de comptines de Corinne Albaut, "Comptines pour compter", toujours dans la même collection  :livre_comptines_compter

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
    Mercredi, mon short kaki,
    Jeudi, mon bermuda fleuri,
    Vendredi, ma chemise bleu nuit,
    Samedi, mon polo cramoisi,
    Dimanche, ma casquette blanche.

Chic, des pieds à la tête,
    Sept jours sur sept.

Corinne Albaut propose également des rencontres avec les élèves, autour des comptines. Voyez ICI les conditions.

Ce message est antidaté pour le rangement dans la catégorie. 


24 mai 2007

Alain Schneider part en vacances dans la Lune

Alain_Schneider_entre_le_zist_et_le_zestPas publiables intégralement, les textes des chansons du dernier CD d'Alain Schneider, "Entre le zist et le zest"  (dans toutes les bonnes librairies au rayon enfant ou à commander). 13 titres en tout, avec la version instrumentale, indispensable pour le playback en classe.

Le site de l'auteur est ICI

Un des titres que je préfère :
"Vacances dans la Lune" :

Je pars en vacances dans la Lune
C'est moins cher que partir au soleil
Je paie mon billet avec des prunes
...

Alain_Schneider_plus_loin_queUne autre chanson, sur un autre CD antérieur du même auteur, "Plus loin que le bout de ton nez", que j'aime beaucoup :

Aqua tu rêves

Poisson chat
Tu tortilles tes moustaches
Poisson vache
Tu rumines à tout va
Poisson pyjama
Tu piques un roupillon
Poisson papillon
Patinage ou natation ?

Le temps est long pour toi joli poisson
Dans ton bocal, tu tournes tournes mal !

À quoi tu rêves ?... à l’au-delà
À l’eau de la rivière
À l’eau de la mer                           
À l’eau de l’océan

À quoi tu rêves ?... à l’au-delà
À l’eau de la rivière
À l’eau de la mer                           
À l’eau de l’océan

Dis moi petit homme
À quoi rime un aquarium ? texte et partition musicale


2 juin 2007

À l'école avec Sophie Arnould

Sophie Arnould a publié plusieurs recueils de comptines (ouvrages récents : 101 comptines des quatre saisons - Bayard Jeunesse - 2001 ; Comptines de ma famille idem 2006).
En voici une, de comptine, sur le thème de l'école. On la retrouve dans : Petites comptines pour tous les jours (Nathan 1995), ouvrage collectif rassemblant des textes de divers auteurs.

La leçonlivre_pet_compt_tljours

"Coin, coin, coin,
C'est le pingouin ?"
"Non Gaspard,
C'est le canard !"

"Cui, cui, cui,
C'est la souris ?"
"Non Marion,
C'est l'oisillon !"

"Ouah, ouah, ouah,
C'est le boa ?"
"Non Martin
C''est le chien* !" passage rectifié*

"Et miaou,
C'est le hibou ?"
"Pas du tout,
C'est le matou !"

La leçon d'aujourd'hui
Est maintenant finie,
Demain nous apprendrons
À compter les moutons !

* "Ouah, ouah, ouah, / C'est le boa ? / Non Martin / C''est le chien !" ce passage est rectifié, merci à Michel de nous l'avoir signalé*

Sophie Arnould (dans "Petites comptines pour tous les jours")


3 juillet 2008

Quand on aime on ne compte pas

chat_ao_t_08_MLJ_CollZut, lieucommun a laissé passer son 10 000e visiteur (le compteur est au bas de la page), sans célébrer l'événement !
À y bien réfléchir, pourquoi le 10 000e visiteur aurait-il droit au collier de fleurs fanées que nous avions mis de côté pour l'occasion (les nouilles sont hors de prix), et pas le 1507e,ou le 2109e ou n'importe lequel tiré au sort ? En tous cas, merci à tous ceux qui se risquent dans ce capharnaüm, le mot est faible mais restons corrects, au risque de s'y perdre.
Lot de consolation : photo offerte aux regards - chat à Mantes-la-Jolie août 2008. clic pour agrandir

La date de ce message du 3 septembre 2008 a été modifiée pour la présentation sur le blog


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